La lupa mannara
Autres titres: La louve sanguinaire / La louve se déchaine / The legend of the wolf woman / Daughter of a wolf woman / The werewolf woman
Real: Rino Di Silvestro
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 95mn
Acteurs: Annik Borel, Dagmar Lassander, Howard Ross, Frederick Stafford, Elio Zamuto, Tino Carraro, Andrea Scotti, Osvaldo Ruggieri...
Résumé: Daniela, fille d'un riche châtelain, a été violée lorsqu'elle n'était qu'une jeune adolescente. Traumatisé par ce viol, elle voue aujourd'hui une haine féroce au sexe. Elle est également hantée par le souvenir d’une ancêtre jadis brulée vive pour lycanthropie. A chaque pleine lune, souffrant de dédoublement de personnalité, elle s’évade du domaine et tue sauvagement les hommes qu'elle rencontre. Un inspecteur de police décide de la traquer..
Sorti en salles sous le titre La louve se déchaine, le film de Rino Di silvestro s'est au fil du temps taillé une petite réputation dans le monde de l'exploitation non pas pour son thème mais pour son érotisme tout spécialement poussé. S'il est un des rares à avoir féminisé la lycanthropie si on excepte quelques rares cas étalés au fil des décennies, La louve sanguinaire ne restera certainement dans les annales du cinéma pour l'intelligence avec laquelle le metteur en scène a traité ce brillant mythe du cinéma fantastique. %ais ce n'était peut être pas l'objectif principal de Di Silvestro à qui on devait déjà deux excellents nazisploitations, Les déportées de la section spéciale SS et SS camp 5 enfer de femmes, et un porn giallo ennuyeux, Les dossiers roses de la prostitution.
Plus qu'un film sur le loup garou, La lupa mannara est avant tout un mélange de divers genres dont la lycanthropie n'est qu'une petite partie. Ainsi le film s'ouvre sur une séquence qui n'est pas sans rappeler les films d'épouvante de la Hammer ou de manière plus basique un certain cinéma gothique transalpin, une battue dans une forêt par une meute de paysans qui traquent la louve pour glisser dés la fin de la séquence pré-générique à notre époque contemporaine pour s'orienter vers le fantastique un brin psychologique (l'héroïne est elle la réincarnation de son aïeule ou souffre t-elle du grave traumatisme qu'elle a subit enfin à savoir un viol?) puis l'horreur à forte, très forte, tendance érotique et finir vers le Rape and revenge dans un décor western pittoresque tout en laissant un doute planer quant à la réelle nature de notre soi-disant louve. C'est pour dire que La louve sanguinaire est tout sauf ennuyeux et qu'il s'agit là d'un parfait petit joyau pour tout amateur d'exploitation pure et dure.
A vrai dire, tant l'ouverture gothique du film que la lycanthropie elle même ne sont qu'un prétexte ici à mettre en image la névrose d'une jeune femme, Daniela, la fille d'un châtelain, violée durant son enfance, un trauma qui se traduit par une profonde sexophobie et un dédoublement de personnalité qui la conduit à commettre d'horribles actes les nuits de pleine lune. Peu aidée par le sort, son aïeule et parfait sosie fut en effet brûlée vive pour lycanthropie. Il était donc facile pour Rino Di Silvestro, grand spécialiste du cinéma aussi trash que putassier, de construire autour de ce scénario tout un contexte érotique, principal composant du film. Di Silvestro s'intéresse donc beaucoup plus à la nudité de son héroïne particulièrement impudique qu'il déshabille le plus possible, parcourant de sa caméra son corps dans ce qu'il a de plus intime. Toutes les excuses sont alors bonnes pour dévoiler son entre-jambe et la faire évoluer dans le plus simple appareil. Il donne dans le vice et exploite le viol de Daniela en long en large et en travers afin de flatter et satisfaire les instincts les plus bas d'un public voyeur qui trouve là de quoi assouvir ses besoins pervers de façon fort ludique.
Car est il besoin de le dire, La louve sanguinaire ne se prend guère au sérieux et de psychologie et de logique elle n'use guère. C'est de là que le film tire son intérêt majeur et ce charme si particulier propre à ce cinéma d'exploitation outrancier et fortement sexuel qui mise principalement sur le mauvais goût et quelques effets gore sommaires mais peu nombreux. Voilà peut être qui risque de décevoir ceux qui d'un tel film espéraient quelques litres d'hémoglobine! Ils seront tout aussi déçus par le maquillage de la louve-garou tout aussi basique, se contentant de quelques poils sur le corps et un groin posé sur le visage, des lentilles rouges sur les yeux. Sommaire certes mais fonctionnel puisqu'il faut reconnaitre que malgré son coté bricolé et ridicule il a quelque chose d'assez attractif.
Rythmé par une partition musicale plutôt efficace signé Coriolano Gori La louve sanguinaire doit beaucoup à son actrice principale, la française Annik Borel déjà vue chez Polselli puis aux cotés de Ajita Wilson dans Black Aphrodite, choisie par Di Silvestro pour sa ressemblance avec une louve dixit le cinéaste lui même. Si ses talents d'actrice sont faibles, il faut reconnaitre que Annik s'investit corps et âme dans son personnage, impressionnante lors des scènes où elle est louve. Crédible, hystérique, bestiale dans tous les sens du terme, elle donne au film lors de ces instants toute cette énergie, cette force qui lui fait tant défaut.
A ses cotés Dagmar Lassander nous gratifie d'une torride scène d'amour avant de progressivement disparaitre de l'histoire tandis que Howard Ross et Frederik Stafford semblent bien peu motivés encore moins convaincus!
Si Rino Di Silvestro a voulu traiter la lycanthropie sous un point de vue psychanalytique, à savoir la frustration sexuelle suite à un profond trauma, il s'est vite fourvoyé pour n'en garder que l'aspect érotique si ce n'est pornographique, ce qui semble l'intéresser avant tout, La louve sanguinaire n'en devient que plus éminemment sympathique et devrait ainsi satisfaire tous les amateurs de cinéma Bis putassier et racoleur. On en demande pas plus à cette Louve qui en se déchainant de la sorte déchaine par la même occasion les douces pulsions perverses du spectateur.