Scusi eminenza... posso sposarmi
Autres titres: Excuse me Father are you horny?
Réal: Salvatore Bugnatelli
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 90mn
Acteurs: Benjamin Lev, Gabriella Giorgelli, Giuliana Giuliani, Luigi Leoni, Brigitte Skay, Nino Scardina, Jimmy il Fenomeno, Margaret Rose Keil, Marzia Damon, Salvatore Baccaro, Patrizia Vollero, Annamaria Tornello, Anna Maria Randazzo, Gregorio GRandolfo, Nino Scardina, Ivano Gobbo, Salvatore Campochiaro, Giorgio Bugnatelli...
Résumé: Le jeune et séduisant prêtre Don Vincenzo débarque dans un petit village de campagne afin de prendre ses fonctions à la paroisse locale. Dés son arrivée il fait tourner la tête de toutes les villageoises qui n'ont qu'une idée à l'esprit, le détourner du bon chemin. C'est d'autant plus dur pour lui qu'il est en plein doute quant à sa vocation. Une nuit il craque et fait l'amour avec sa bonne....
De la peu prolifique carrière de Salvatore Bugnatelli, metteur en scène qui débuta au théâtre avant d'obtenir quelques rôles de figuration au cinéma, on ne retiendra que deux titres, le thriller morbide mâtiné de fantastique Diabolicamente... Letizia et son tout premier film, cette comédie égrillarde bien peu catholique dont la rareté en fait un véritable petit trésor pour collectionneurs Scusi eminenza... posso sposarmi. Mais avant d'en parler il est important d'en faire la genèse puisque dans cette petite pellicule égrillarde se cache en fait deux films. Las de faire de la figuration Salvatore Bugnatelli décide en 1973 de tourner son premier
long métrage. Avec un groupe d'amis regroupé sous le nom Executive videofilm il réunit assez d'argent, soit 48 millions de lires, pour réaliser Papesatan Papesatan aleppe. Une fois terminé Bugnatelli s'aperçoit qu'il a tellement tourné qu'il lui reste des kilomètres de pellicules non utilisés. Lui vient alors une idée. Grand spécialiste du montage et du raccord il décide de faire un second film avec ces restes sans rien changer au scénario. Il rappelle les comédiens pour deux jours de tournage supplémentaires afin de filmer les raccords et voilà Bugnatelli qui se retrouve avec deux films à l'histoire totalement identique mais pourtant différents, Papesatan Papesatan et Scusi eminenza... posso sposarmi. La seule
différence entre les deux bandes, la présence de Gabriella Giorgelli dans la seconde qui reprend le rôle joué à l'origine par Margaret Lee qui n'était plus disponible pour tourner les raccords. Le film fut vendu directement au marché étranger puis sorti ensuite ça et là en Italie en 1975, Bugnatelli étant incapable de dire ce qui est réellement advenu du film et avoue s'en moquer. La seule chose dont il dit être certain c'est que les deux versions furent distribuées même si Papesatan semble aujourd'hui avoir totalement disparu des écrans radar. Seule subsiste Scusi eminenza.
Don Rocco le curé du petit village de Feracotta part à la retraite. C'est Don Vincenzo, un
jeune et séduisant prêtre, qui va le remplacer. Dés son arrivée il ne laisse personne indifférent surtout pas les jeunes filles du bourg qui font tout pour attirer son attention ce qui n'est pas du gout de leur petit ami. Mais Don Vincenzo résiste malgré leurs stratagèmes comme lui envoyer des photos pornographiques. Pourtant Vincenzo a une faille contre laquelle il doit lutter. S'il est devenu prêtre c'est pour faire plaisir à sa défunte mère mais aujourd'hui il doute de sa foi en Dieu. Il doit surtout se battre au quotidien contre le désir de chair. Marta, sa bonne, est très attirée par ce beau jeune homme. Une nuit tout deux craquent. Ils font sauvagement l'amour. Entre cette faiblesse et le harcèlement des jeunes
villageoises Vincenzo se sent de plus en plus démuni. Pour leur bien à tout deux Marta décide de partir. C'est son cousin homosexuel Giovanni qui la remplacera. Giovanni tombe de suite amoureux du curé mais Vincenzo n'en a que faire. Il finit même par le renvoyer. Marta revient au village et décide d'épouser le docteur. Les jeunes filles abandonnent l'idée de séduire Vincenzo et préfèrent s'adonner au lesbianisme. Quant à Vincenzo après avoir parlé à son éminence il finit par quitter l'église et vivre une belle romance avec Paola.
L'idée n'est pas nouvelle. Combien de curés ont du résister et même céder à la tentation dans le cinéma populaire italien, ces comédies grivoises où nos hommes d'église ne
savaient plus à quel saint se vouer pour éviter que Satan ne se glisse sous leur soutane. Scusi eminenza n'en est qu'une de plus mais elle se hisse sans mal non seulement parmi les plus irrévérencieuses mais surtout parmi les plus brouillon. Doit-on mettre ça sur le compte de la maladresse, l'inexpérience, celle courante du premier film, mais Scusi eminenza est un joyeux bordel, un grand n'importe quoi où surnagent quelque bons moments. Ces moments agréables sont surtout ceux où Vincenzo doute, se retrouve seul face à lui même et parle à Saint Filigardo qui lui répond (Don Camillo sors de ce corps!). Ce sont ses confidences à la belle Paola une jeune fidèle de Don Rocco et quelques autres
séquences de ce type qui donnent son intérêt au film. C'est aussi la beauté des paysages naturels ensoleillés où fut tourné le film, le splendide petit village campagnard de Capena dans le Latium, et l'obsédante chanson thème "Papesatan lalalala" qu'il est impossible de ne pas reprendre en choeur.
Pour le reste Scusi eminenza... posso sposarmi est un grand n'importe quoi qui frise souvent l'amateurisme. Bugnatelli enchaine les plans sur les ultra mini jupes des villageoises sous lesquelles il n'a de cesse de glisser sa caméra afin de multiplier les gros plans de petites culottes, les scènes de pouet-pouet nichons (avec klaxon en fond sonore)
le tout noyé dans un déluge de gags d'une absolue lourdeur, si lourds et surtout puérils qu'ils n'en sont même plus drôles. Certaines séquences semblent être improvisées (celle de la vache) ou donnent une impression de remplissage (celle interminable, en totale roue libre, de la rivière). Il est parfois difficile de comprendre où veut en venir Bugnatelli tant certains points sont confus comme les scènes saphiques (plutôt osées) entre les trois amies qui arrivent comme un cheveu sur la soupe. Serait-ce du au montage et remontage que subirent les versions? Certains passages sont d'une rare stupidité à la limite du supportable, en tête de liste ceux qui mettent en scène le cousin de Marta, un ultra gay
comme on oserait même pas en imaginer, une folle disgracieuse, laide et barbue jamais crédible, qui surjoue et en fait des tonnes et dont l'apothéose est une pseudo-scène sadomaso où il sent les pieds de Vincenzo!!
La distribution semble être en pleine hystérie plus particulièrement Jimmy il fenomeno qui trouve ici son rôle le plus insupportable, le serveur du bar local. Chacune de ses apparitions est un cri d'effroi pour le spectateur. Il passe en effet son temps à jouer à Pouet-pouet nichons avec les clientes en poussant des hurlements de damné, un vrai diable dans un bénitier à chacun de ses gags d'une débilité rarement atteinte. Le filiforme générique Luigi
Leoni est une folle à hurler de désespoir. Le simiesque Salvatore Baccaro arborant ici une queue de cheval est le coiffeur(!!!). Le casting féminin fait appel à quelques beautés dont la brune Marzia Damon (la douce Paola), les blondes Brigitte Skay (dont l'époux ne peut faire l'amour que déguisé) et Margaret Rose Keil (la touriste suédoise) et quelques éphémères starlettes dont le seul rôle est de montrer leur culotte et de se déshabiller. Quant à Gabriella Giorgelli (Marta), elle est toujours aussi hypnotique mais il faut la voir sauter telle une bête déchainée sur le pauvre prêtre et lui arracher son slip pour le monter! La scène fut-elle improvisée, répétée, Gabriella était elle sous amphétamines? On en reste bouche bée!
Reste Benjamin Lev dans le rôle du prêtre qui tire haut la main son épingle du jeu en bon professionnel qu'il est. Ce qui dut être difficile vu le niveau du film. Sans jamais trop en faire Benjamin est plutôt crédible dans la peau de ce jeune curé en plein tourment et c'est aussi une des rares occasions de voir Benjamin nu tant de dos que de face, de quoi nous permettre d'apercevoir subrepticement l'objet de tous les désirs. Merci Gabriella.
Scusi eminenza... posso sposarmi est une comédie hérétique particulièrement faible et surtout médiocre, souvent exaspérante, un joyeux bordel qui sent l'improvisation et comble le vide de l'intrigue par une accumulation de gags désespérants et de nus gratuits.
L'atmosphère campagnarde, provinciale, ensoleillée, la beauté de Capena, la distribution féminine, le professionnalisme de Lev et la chanson-phare sauvent cette pellicule égrillarde du néant et lui donnent un petit air sympathique non négligeable qu'il fait, après tout, bon à découvrir d'autant plus qu'elle est aujourd'hui quasiment invisible. Un Graal qu'il n'est possible de visionner aujourd'hui qu'à travers une antédiluvienne vidéo italienne sous titrée en espagnol d'une qualité exécrable. Mieux vaut ça que rien.