Le joyau du cinéma Bis: Cesare Barro
En l'espace d'une seule année, l'an de grâce 1976, il enchaina pas moins de six films devenus des classiques de l'érotisme et de l'euro-trash transalpin. Parallèlement vedette pour roman photo ce jeune séducteur aux lèvres gourmandes habitué aux rôles de voyou n'aura cependant fait qu'un passage éclair dans l'univers du 7ème art avant de s'orienter vers d'autres activités artistiques. Aussi brève que fut sa carrière de comédien ses yeux bleus azur et ses scènes de nu régulières auront eu le temps de marquer les esprits et d'en faire un visage incontournable du cinéma de genre italien.
Retraçons pour bien débuter 2018 le portrait de Cesare Barro.
Originaire de Vénétie Cesare Barro débute sa carrière d'artiste au milieu des années 70 en tant que modèle pour un support alors fort en vogue, le roman-photo. Il travaille pour quelques uns des gros éditeurs italiens de ce format telle la Lancio dont il devient une des nombreuses mascottes. Ses cheveux blonds, ses yeux bleus, son élégance naturelle, son corps élancé, son regard de séducteur ne passent pas inaperçus. A l'instar de bon nombre de ses confrères et consoeurs Cesare alors âgé d'une vingtaine d'années ne tarde pas à faire ses premiers pas à l'écran. Il tourne son premier film en 1975 sous la direction de
Paolo Poeti, Inhibition, avec pour partenaire l'ex-star française du porno Claudine Beccarie et Ilona Staller future Cicciolina. Il y tient le second rôle masculin principal, celui d'un jeune et séduisant aventurier sous le charme duquel Ilona va tomber avant que Claudine, femme dominatrice sexuellement frustrée, traumatisée par un difficile passé amoureux, ne lui vole cet amant volage. Cesare y interprète deux fabuleuses scènes d'amour particulièrement osées, une aquatique avec Ilona, l'autre agrémentée d'inserts porno dans sa version intégrale avec Claudine.
L'année suivante Cesare sera à l'affiche de pas moins cinq films. Il fait une courte apparition
dans Vices privés vertu publique de Miklos Jancso puis enchaine avec deux polars fort controversés notamment pour leur implacable violence, deux petits joyaux de l'euro-trash transalpin devenus aujourd'hui cultes, Come cani arrabbiati de Mario Imperoli et I violenti di Roma bene / La nuit des excitées de Sergio Grieco. Dans le premier film il interprète Tony un étudiant bourgeois qui derrière son apparente amabilité cache un redoutable voyou qui avec sa bande viole et tue des prostituées. Dans le second il endosse de nouveau la peau d'un jeune délinquant issu de la bourgeoisie romaine qui une fois de plus fait régner la terreur avec sa bande de blousons dorés.
Cesare change ensuite de registre et tourne pour Andrea Bianchi une sexy comédie La moglie di mio padre dans laquelle il a pour partenaire une Carroll Baker en pleine déchéance. Il interprète Claudio le fils d'Adolfo Celi, un mari devenu impuissant, qui pour tenter de guérir couche avec des prostituées. Humiliée sa femme jouée par Carroll va alors se jeter dans les bras de son fils et le séduire. Piètre comédie La moglie di mio padre est loin de tenir ses promesses au niveau salacité, trop sage et pudique pour étourdir l'amateur et satisfaire les désirs voyeurs des amoureux de Cesare malgré un époustouflant gros plan sur son fessier dénudé après ses ébats avec Femi Benussi. Il faudra attendre son film
suivant pour que leurs voeux soient enfin exaucés grâce à Rino Di Silvestro qui lui offre un court mais O combien remarqué rôle dans son nazisploitation Les déportées de la section spéciale SS. Il y en effet Frederik, le jeune soldat SS amoureux de Carol, une des déportées, qui, totalement nu sera exécuté en public par un John Steiner glacial. une scène plus qu'alléchante puisqu'elle nous donne droit à un fulgurant plan de nu frontal durant lequel l'anatomie de Cesare est enfin révélée dans ses détails les plus intimes.
Si durant presque trois ans le jeune comédien ne réapparaitra plus sur grand écran il continue cependant à illuminer les pages des romans-photos pour lesquels il pose
régulièrement. Il fait son retour au cinéma en 1979 dans un des segments de la comédie à sketches de Flavio Mogherini Per vivere meglio divertitevi con noi dans lequel il est Azzurro l'extra-terrestre. Ce sera l'ultime apparition de Cesare au cinéma qui s'il poursuit un temps encore dans les années 80 sa carrière d'acteur de roman-photo va lentement disparaitre pour finalement mettre un terme définitif à son parcours de comédien même si contre toute attente il refait brièvement surface en 1994 dans Delitto passionale, un thriller érotique de Flavio Mogherini.
Etre acteur n'a jamais été pour Cesare un véritable but. Ce fut surtout une opportunité. En
outre il n'a jamais su réellement trouver sa place dans le molieu du 7ème art, déçu des films qu'on lui proposait, des rôles qu'il se voyait octroyer. Fatigué Cesare a donc préféré tourner la page pour débuter une toute nouvelle vie. Il quitte alors Rome où il était installé depuis plusieurs années pour la Grèce dont il va faire sa terre d'accueil. Cesare va alors se consacrer à sa passion première, l'art, plus exactement la peinture et la sculpture. Artiste créateur renommé il va durant de longues années enchainer les oeuvres après avoir ouvert son propre atelier à Athènes. Dans les années 90 Cesare ajoute une nouvelle corde à son arc et met ses talents de créateur au service de la joaillerie. Il quitte la Grèce et retourne à
Rome pour se consacrer à la confection de bijoux faits à partir de pierres précieuses et semi-précieuses, de bois, de coraux et de cuir. Il va créer ses propres collections composées de pièces uniques qu'il vend aujourd'hui depuis plus de 25 ans à travers le monde entier comptant parmi ses clients de grandes stars hollywoodiennes, la haute aristocratie européenne et les vieilles bourgeoises aussi charmantes que naphtalinées de Palm beach.
Si depuis plus de deux décennies Cesare, toujours aussi séducteur et charmant, un pied entre Palm beach et Rome, est devenu une valeur sûre de l'industrie du bijou de luxe, s'il fait partie des plus grandes réceptions mondaines et autres rendez-vous il restera pour nous une de ces figures indissociables du cinéma de genre italien pour lequel il tourna quelques inoubliables bijoux. Quoi de plus normal donc qu'un tel diamant se soit ensuite tourné vers la joaillerie pour en devenir à son tour un des joyaux.