La moglie di mio padre
Autres titres:
Real: Andrea Bianchi
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 89mn
Acteurs: Carroll Baker, Adolfo Celi, Cesare Barro, Luigi Pistilli, Femi Benussi, Jenny Tamburi, Gabriella Giorgelli, Dada Gallotti, Caterina Barbero...
Résumé: Antonio Lentini a épousé en secondes noces la belle Laura, une pimpante quadragénaire. Leur couple traverse malheureusement une grave crise conjugale aggravée par le fait que Antonio ne parvient plus à satisfaire sexuellement son épouse. Il est frappé d'impuissance. En désespoir de cause, il en parle à son meilleur ami qui se trouve être également le médecin de famille. Il lui conseille d'aller tester sa virilité avec des filles de joie, pensant que la routine est la cause de son impuissance. Comme par miracle, Antonio recouvre toute sa verve sexuelle. Humiliée, dépitée, Laura se laisse alors séduire par le jeune fils de son mari qu'il eut de son premier mariage. Le jeune homme tombe amoureux de sa belle-mère qu'il partage cependant avec la belle Patrizia, une amie de la famille...
De la part de Andrea Bianchi on ne pouvait guère attendre de miracles. Le réalisateur de Quelli che contano, peut être son film le plus méritant, signe avec La moglie di mio padre la première d'une série de trois sexy comédies qui s'étalera entre 1976 et 1978 dont le dénominateur commun est l'ennui et la morosité qu'elles distillent.
Pour ce premier essai dans un genre qui était alors à son apogée, Bianchi met en scène un nouveau triangle amoureux dans une famille où le père, frappé d'impuissance, ne parvient plus malgré ses efforts à satisfaire son épouse. Le couple d'Antonio Lenzini, un riche notable
milanais, traverse en effet une grave crise conjugale qui semble voit de bien dramatique conséquences sur la libido du pauvre homme. Cette malheureuse impuissance n'est pas faite pour arranger les choses entre Antonio et sa très avenante femme, Laura qui pour tenter de séduire et raviver la flamme de son mari va chercher conseil auprès de prostituées professionnelles. La tentative échoue et c'est le médecin de famille et meilleur ami d'Antonio qui trouvera la solution miracle en lui conseillant simplement de passer du bon temps avec des filles de joie. Une ordonnance un peu particulière mais qui fonctionne puisque Antonio retrouve sa virilité. Furieuse, se sentant humiliée, Laura se jette par dépit dans les bras de
Claudio, le fils de Antonio né d'un premier mariage. Claudio tombe amoureux de sa belle-mère qu'il partage avec la truculente Patrizia, un chassé-croisé amoureux qui aura de bien tragiques conséquences sur chacun des membres de la famille.
On ne compte plus le nombre de couples en crises tant existentielles que conjugales issus de la haute bourgeoisie comme on ne compte plus la multitude de jeunes hommes et autres adolescents vivant une relation coupable avec leur séduisante belle-mère. Le cinéma de genre italien des années 70 en avait fait une de ses spécialités donnant ainsi naissance à d'agréables comédies douces-amères et de succulentes sexy comédies. Bianchi ne fait ici
qu'en reprendre les bases pour nous offrir sa vision des choses sans grande conviction ni réelle inspiration malheureusement. Si le scénario n'est en rien innovateur il n'est cependant pas plus mauvais que n'importe quel autre de ce type, c'est avant tout son traitement qui est assez vite insupportable.
Platement mis en scène, La moglie di mio padre fait très certainement partie des plus ennuyantes comédies dramatiques de ce genre qui aient été tournées à cette époque, faute à un manque de salacité et d'humour évident mais surtout de sentimentalité, ne serait ce qu'un simple soupçon, indispensable afin de donner un peu d'âme, de coeur à l'histoire, tant
et si bien qu'on se moque des déboires amoureux et autres problèmes intimes de ce couple en perdition, mal construit, mal dessiné, encore plus de la relation interdite plutôt mal amenée entre cette belle-mère et le fils de son époux. Le manque de psychologie et de finesse est assez étonnant, donnant à l'ensemble un coté grossier souvent énervant. Quant à la pudeur des scènes de sexe elle risque d'en frustrer plus d'un. On a connu Bianchi beaucoup plus audacieux et surtout grivois. Jamais convaincants encore moins convaincus on se demande ce que sont venus faire dans une telle l'imposant Adolfo Celi et l'américaine Carroll Baker, ex-icône des gialli de Umberto Lenzi et figure récurrente du sexy thriller à
l'italienne. C'est peut être là le plus désolant dans cette coquinerie jamais coquine. Celi fait ce qu'il peut mais on le devine mal à l'aise dans ce registre, pathétique dans les scènes de sexe avec Carroll qu'il essaie de satisfaire en vain. Mais c'est curieusement un des rares intérêts du film, voir Adolfo Celi faire péniblement l'amour à Carroll est tristement drôle, lorsqu'il s'acharne sur elle et la pétrit comme de la pâte à pain (ou qu'il fait sauvagement l'amour à une jeune prostituée danoise qu'il dévore littéralement). Il n'y a aucune sensualité, aucune douceur, aucun sentiment pas même cette douleur qui devrait envahir ces deux êtres qui n'arrivent plus à s'aimer, une douleur que devrait également ressentir le spectateur mais
que Bianchi n'arrive jamais à retranscrire.
Quant à Carroll, à désormais 45 ans, elle semble n'être qu'un objet charnel que Bianchi déshabille le plus souvent possible de façon parfois humiliante. Affublée de coiffures qui paraissent encore plus la vieillir en lui donnant des airs de rombière aigrie, peu valorisée par une réalisation qui accumule des gros plans peu esthétiques, elle trouve peut être avec ce film le plus mauvais rôle de sa carrière transalpine. Ce sera d'ailleurs l'ultime film qu'elle tournera en Italie avant d'amorcer une nouvelle orientation vers la série B américaine puis la télévision. On sera tout aussi déçu des scènes de sexe entre Carroll et un tout jeune Cesare Barro qu'on a vu bien plus impudique dans notamment Inhibition. Quant à Femi Benussi,
qui n'a ici qu'un rôle de second plan, elle reste égale à elle même et ses admirateurs seront toujours aussi heureux de la retrouver, joyeusement délurée. Signalons la présence trop brève de Gabriella Giorgelli, le regard de braise, dans la peau d'une plantureuse prostituée à la gouaille affolante, de Jenny Tamburi, lumineuse, et Caterina Barbero en lolita droite sortie de Il giudice e la minorenne.
Prévisible d'un bout à l'autre, La moglie di mio padre n'est trop souvent qu'ennui et tristesse. Jamais vraiment drôle, dépourvu de sensibilité, mis en scène de manière peu professionnelle, le film n'est qu'une simple curiosité pour le duo bien peu assorti Celi-Baker,
quelques séquences intéressantes, une jolie partition musicale de Stelvio Cipriani et les scènes de nu totalement gratuites de Miss Baker qui clôt ainsi de bien triste façon un long périple dans l'univers du cinéma de genre italien. Oubliable, La moglie di mio padre est à réserver aux collectionneurs assidus.
Bianchi récidivera l'année suivante avec les tout aussi décevants Cara dolce nipote avec Femi Benussi et Moglie nuda siciliana avec Christiana Borghi.