Claudine Beccarie: Une dure à cuire
Claudine Beccarie est pour bon nombre d'entre vous synonyme de films X français parmi les plus célèbres et son nom restera encore longtemps associé à celui de Jean-François Davy. Mais avant d'être dans les années 70 une des pionnières du cinéma porno en France, Claudine a eu un long et difficile parcours, un chemin chaotique et sombre, celui d'une enfant rebelle et sauvage, ce chemin que le Maniaco va vous narrer sans détour.
Née le 14 juin 1945 à Créteil, Claudine est une enfant difficile. Dès l'âge de 15 ans, elle fugue de la maison paternelle ce qui lui vaudra d'être placée en maison de correction où elle restera quatre ans jusqu'à sa majorité. Elle parvient à avoir son CAP d'employé de bureau et à vingt ans, en 1955, elle se marie pour mieux divorcer deux ans plus tard en 1957. Claudine quitte alors la France et s'exile en Espagne où elle va survivre comme elle peut. De petits jobs en petits jobs, la tenace Claudine va se retrouver entraineuse dans des cabarets. Elle chante également et se produit sur scène dans des shows érotiques mais cela ne paie guère. La jeune Claudine va alors se prostituer. Sa vie est un véritable tourbillon, elle vit au jour le jour. Elle pose nue pour des magazines et fait quelques romans-photos. Elle parvient ainsi à se faire remarquer. Elle apparait alors sur les chaines de télévision espagnoles pour quelques programmes avant de revenir en France en 1972.
La chance semble lui sourire puisqu'elle est remarquée par certains producteurs. Entre 1972 et 1973, elle est à l'affiche de quelques films où elle joue de petits rôles dont Un grand blond avec une chaussure noire, L'héritier de Philippe Labro, Un ange au paradis de Jean Pierre Blanc ou encore Un homme libre de Roberto Muller.
C'est en 1974 qu'elle va commencer à tourner dans de petits films érotiques comme Club pour couples avertis de Max Pécas, le spécialiste de la grivoiserie à la française ou Les charnelles / Confessions d'un jeune homme de bonne famille de Claude Mulot avec Anne Libert. Claudine va ainsi apparaitre dans plus d'une vingtaine de films coquins et grivois, tous plus ou moins catastrophiques, dont on retiendra entre autre Les couples du bois de Boulogne de Christian Gion, La fille à l'envers de Serge Roullet, Q / Au plaisir des dames de Jean François Davy ou La kermesse érotique de Jean Lévitte. Pour Jean Marie Pallardy, le célèbre réalisateur de X français, elle tourne Journal érotique d'un bûcheron et continue dans cette lancée avec d'autres réjouissances aux titres évocateurs comme Couche moi dans le sable et fais jaillir le pétrole de Norbert Terry, Change pas de main...
Pour Alain Payet, elle tourne le graveleux Prostitution clandestine juste après Les chevaliers de la croupe et une incartade chez Jean Rollin aux cotés de Annie Belle dans le joli Lèvres de sang.
C'est Jean François Davy qui fera d'elle une vedette en 1975 en lui offrant le premier rôle de son nouveau film Exhibitions dans lequel on suit la vie d'une star du X devant la caméra et dans sa vie privée. Présenté au marché du film de Cannes, le film rencontre un formidable succès notamment pour sa séquence où Claudine se masturbe totalement désinhibée face à la caméra. Elle devient en l'espace de peu de temps la première star du X français. Elle va donc continuer sur sa lancée.
1976 est l'année de la consécration, Claudine n'arrête pas de tourner. On la voit dans Les jouïsseuses, Les deux gouines de José Benazéraf, Emilienne de Guy Casaril ou encore Les pornocrates de Davy.
Après Exhibitions, elle tourne en Italie Calde labbra / Burning lips / Maitresses à tout faire de Demofilo Fidano. Situé à l'approche de Noël dans une vaste demeure bourgeoise décadente, voilà un excellent film érotique, sinistre et sombre parfois envoûtant sur les amours névrosées d'une jeune fille délaissée par ses parents. Claudine hormis de torrides scènes saphiques avec la frêle Leonora Fani y campe un personnage de gouvernante assez étonnante, surprenante même, lorsqu'elle déclame du Baudelaire ou joue avec art du clavecin.
Elle enchaîne avec le très beau Inhibizione de Paolo Poeti avec Ilona Staller, Ivan Rassimov et une apparition de Patrizia Gori. Ce film marque un tournant dans sa carrière. La star du X cherche à se débarrasser de son image. Inhibizione/ Inhibition, film sur le pouvoir du sexe à travers l'histoire d'une femme blessée par un passé amoureux tortueux, est son premier rôle soft depuis sa consécration. Si des inserts hard furent ajoutés pour son exploitation en salles, ce fut sans l'accord de Claudine qui intenta alors un procès afin qu'ils soient retirés. Elle entama également une grève de la faim pour gagner gain de cause.
La suite de sa carrière se fera surtout en Italie dans des productions érotiques mineures essentiellement dans les nazisploitations franco-italiens produits par Eurociné. Elle apparait dans Fraulein SS de Patrice Rhomm aux cotés de Malisa Longo, Nathalie dans l'enfer nazi de Alain Payet avec Patrizia Gori et surtout Train spécial pour SS du même Payet où elle y a une mémorable scène de fessée déculottée des plus réjouissantes. On est en 1977 et la carrière de Claudine commence à s'essouffler doucement à l'instar de la star elle même. Elle apparait dans le film du grec Elia Milonakos, Iskiri dosi..sex, un film d'aventures plutôt violent. Cette incursion dans le thriller maritime sera le chant du cygne de Claudine qui met ainsi fin à sa carrière.
En 1979, Jean François Davy lui consacrera un Exhibitions 2 intitulé Exhibitions 79 où on découvre la vie de Claudine après qu'elle ait mis fin à sa carrière. Elle se retire alors à la campagne en province, découvre les joies de la vie de la ferme, se range doucement et Claudine se fera oublier du devant de la scène même si quelque temps durant elle fera le tour des foires foraines où elle dansera nue.