Lettomania
Autres titres:
Real: Vincenzo Rigo
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Sexy comédie
Durée: 87mn
Acteurs: Carmen Villani, Harry Reems, Alberto Squillante, Armando Celso, Pietro Tordi, Marisella Biancheri, Alberto Carrera, Rosanna Callegari, Carlo Faita, Enzo Fisichella, Anna Tibiletto, Alvaro Caccianiga, Franco Pesante, Massimo Buscemi, Flavio Bonacci, Alba Titti Minoia, Annibale Papetti, Daniela Morelli, Gino Mazzotta, Domenico Boffelli...
Résumé: Giulio, jeune pianiste, refuse de travailler pour son père. Il habite chez deux homosexuels et a pour ami un photographe nommé Max. Lors d'un voyage à Londres Max fait la connaissance de Dora, l'épouse d'un vieil artiste paralytique. Il lui propose un job en Italie qu'elle accepte. Max souhaite la séduire mais c'est sans compter Giulio qui en tombe de suite amoureux...
De Vincenzo Rigo on connait surtout son polar Gli assassini sono nostri ospiti, son premier film en tant que metteur en scène qui à ce jour reste la plus belle réussite de sa très brève carrière. Et ce n'est pas Lettomania qui risque de changer la donne vu le fiasco de cette petite bande pseudo érotique, une pellicule dont Rigo n'a jamais été très fier. Pour expliquer les raisons d'un tel échec il faut revenir sur la genèse du film. Après le succès publique de Gli assassini sono i nostri ospiti, Rigo s'est mis à écrire le sujet de son prochain film à savoir Lettomania qui à l'origine devait s'intituler Lei. Ce devait être l'histoire de deux amis
dont l'amitié va être mise à mal lorsque l'un d'entre eux tombe amoureux. Jusqu'ici tout va bien mais c'est sans compter la production qui transforma le sujet en une comédie érotique dont tout repose sur sa principale vedette Harry Reems, le célèbre acteur porno américain qui venait juste de tourner quelques uns des plus gros succès du hard américain, Gorge profonde, Fantasmes sexuels de Miss Aggie, L'enfer pour Miss Jones, Forced entry notamment. Comment Reems est il arrivé sur le projet? La production a tout simplement exigé sa présence, fière de sa renommée, et Rigo dut alors adapter l'histoire qui fut alors rebaptisée Lettomania, petit diminutif pour Lettomaniaco, pour encore plus appuyer le fait
que Reems en était bel et bien la star. Les producteurs imposèrent également le pataud Alberto Squillante, brièvement repéré dans Il letto in piazza, La bidonata et surtout Diamants de sang dans lequel il joue de Olga Karlatos, acteur anodin qui se retrouva devant une caméra uniquement car son père était un agent très connu. Quant à Carmen Villani, lolita chanteuse qui eut sa mini heure de gloire au cinéma en Italie au milieu des années 70, Rigo parvint à la convaincre d'accepter le rôle principal féminin après qu'elle ait exigé de visionner le premier film du metteur en scène. Enthousiasmée par le scénario Carmen était loin d'imaginer sa déconvenue lorsqu'elle découvrit le résultat final. Rigo dut en
effet tricher et lui présenta un scénario falsifié dissimulant ainsi l'histoire que les producteurs avaient concocté. Furieuse, l'actrice lança toute une horde d'avocats et de juges afin de trainer Rigo devant les tribunaux, une action que le réalisateur comprit très bien, honteux à l'idée d'imaginer la tête de Carmen quand elle découvrit l'utilisation d'une doublure pour des scènes hautement coquines insérées dans une histoire idiote à des années lumières de celle qu'on lui avait présenté.
Le résultat est en effet consternant. Rigo lui même n'hésite pas à le qualifier de désastre. On suit bêtement et simplement les démêlés amicaux d'un photographe, Max, avec le jeune
Giulio, le fils d'un banquier qui, fainéant, refuse de travailler dans l'entreprise paternelle. Il préfère jouer du piano et habite avec deux homosexuels. Max fait un jour la connaissance de Dora, la secrétaire d'un vieil artiste paralytique anglais pour qui il a fait une série de clichés. Epris de la jeune femme, le photographe lui demande de le suivre en Italie. Elle accepte. Tout irait pour le mieux si Giulio n'en était pas tombé amoureux lui aussi. Il n'a plus qu'une idée en tête, en faire sa petite amie, ce que Max voit d'un mauvais oeil. Entre les deux amis la compétition est ouverte.
L'intrigue est quasi inexistante tout comme la mise en scène est d'une déconcertante
transparence. Lettomania, dépourvu de gags et autres effets comiques, souffre en outre d'un évident manque de dynamisme qui très vite plombe l'ensemble. Jamais drôle, Lettomania devient vite ennuyant, presque fastidieux, et ce n'est pas l'érotisme qui viendra extirper le spectateur de la douce torpeur dans laquelle il plonge inexorablement puisque le film en est presque totalement dépourvu, un comble pour une sexy comédie dont le protagoniste principal est de surcroit un des rois de la pornographie US. Il faudra se contenter des seins de Carmen Villani et de quelques très gentils nus intégraux, pas de quoi donner un coup d'adrénaline à une audience qui régulièrement regarde sa montre. La
scène la plus osée du film, si l'adjectif osé peut ici être employé, se présente sous la forme d'un rêve, celui de Giulio qui s'imagine entrain de mettre sa main dans la culotte de Dora avant de lui faire furieusement l'amour. Les admirateurs de Carmen Villani, s'il y en a, seront déçus puisqu'il s'agit d'une doublure. Ce ne sont donc ni ses cuisses, ni ses poils pubiens qui sortent de la culotte, ni son entre jambe, tout juste sa poitrine, le tout filmé sans aucune imagination. Le plus drôle est ailleurs en fait. C'est d'imaginer la réaction tonitruante de l'actrice qui lors de la première a découvert ahurie ces séquences dont elle ignorait l'existence!
L'interprétation est aussi anodine que la pellicule elle même. On évitera de parler de la
l'indigente prestation de l'ingrat Alberto Squillante, lourd, dénué de tout charisme. Carmen Villani n'a jamais été une grande actrice. Est ce surprenant si elle n'est jamais parvenue à rivaliser avec ses consoeurs, Edwige Fenech, Gloria Guida, Femi Benussi et autres Anna Maria Rizzoli, dans le registre de la sexy comédie. Ecco lingua d'argento dans lequel elle déniaisait Roberto Cenci dont elle fera à nouveau tourner la tête dans L'amica di mia madre, L'anello matrimoniale aux cotés de Ray Lovelock, La supplente... sont autant de titres dispensables dans lesquels elle se fait aisément voler la vedette par ses partenaires féminines en outre bien plus sexy et surtout sensuelles, deux adjectifs que Carmen ne reflète pas ici. Lettomania reste sans nul doute son plus mauvais film.
Le plus ironique est que le comédien qui tire le mieux son épingle du jeu est Harry Reems, très à l'aise dans la récitation, énergique et... expressif! Reems avait déjà été à l'affiche d'une autre sexy comédie italienne, Luna di miele in tre, signée Carlo Vanzina.
Véritable fiasco, Lettomania fait très surement partie des sexy comédies les plus ennuyantes qui ont été tournées. Fade, inodore, le second film de Vincenzo Rigo est un monument d'insipidité à réserver aux fans les plus assidus de Carmen... et encore... et aux collectionneurs obsessionnels de comédies polissonnes.