I peccati di Madame Bovary
Autres titres: Les folles nuits de la Bovary / Les péchés de Madame Bovary / L'infidèle / Madame Bovary / Die nackte Bovary / The sins of Madame Bovary
Real: Hans Schott-Schöbinger
Année: 1969
Origine: Italie / Allemagne
Genre: Drame érotique
Durée: 91mn
Acteurs: Edwige Fenech, Gerhard Riedmann, Manja Golec, Peter Carsten, Patrizia Adiutori, Franco Borelli, Franco Ressel, Gianni Dei, Maria Pia Conte, Edda Ferronao, Luigi Bonos, Jimmy Piazza, Poldi Waraschitz...
Résumé: Ardente et romanesque, Emma Bovary vit une vie décevante et particulièrement ennuyante avec le médecin de campagne qu'elle a épousé, un homme peu intéressé par les biens matériels et l'argent qui la délaisse et ne vit que pour ses patients. Afin d'échapper à cette ambiance monotone, Emma va aller de passions en passions, d'aventures en aventures, qui vont l'entraîner dans une vie de lubricité et de la débauche et lentement la détruire...
Dans la filmographie d'Edwige Fenech, aussi méconnu soit il, Les folles nuits de la Bovary est un film qui tient une certaine importance puisque c'est le film qui a permis à l'actrice de faire véritablement carrière en Italie mais surtout de rencontrer Sergio Martino. Nous sommes en 1968. Edwige après quelques petites apparitions dans diverses productions obtient le rôle principal de Samoa reine de la jungle. Le film lui permet de se faire un nom et de tourner dans des pellicules de plus en plus conséquentes comme Top sensation. Très rapidement l'Allemagne lui fait de l'oeil. Edwige s'exile donc un temps au pays de Goethe et
tourne son second grand rôle, celui de Madame Bovary pour Die nackte Bovary que réalise Hans Schott-Schöbinger. C'est également l'époque où l'Italie coproduit beaucoup avec l'Allemagne. Il n'est donc pas étonnant que lors du montage du film Sergio Martino traine dans les couloirs et remarque Edwige qui doit tourner de nouvelles scènes car la production vient de s'apercevoir qu'une fois monté le film était trop court. Cette rencontre inopinée marquera deux ans plus tard leur collaboration pour le triptyque giallique L'étrange vice de Mme Wardh, Ton vice est une chambre close dont moi seule ait la clé et Toutes les couleurs du vice.
Die nackte Bovary connu en France sous de multiples titres tous plus aguicheurs les uns que les autres dont entre autresLes folles nuits de la Bovary, L'infidèle et Les péchés de Madame Bovary est une adaptation assez fidèle du célèbre roman de Flaubert dans laquelle on retrouve bon nombre de passages du livre même si certains ont été librement transformés notamment le final. On y retrouve donc Emma Bovary, l'épouse d'un médecin de campagne totalement dévoué à ses patients. L'infortunée jeune femme se sent terriblement délaissée, oubliée. Elle s'ennuie de cette vie monotone tant et si bien qu'un jour elle tombe dans les bras du vicomte Gaston Fresnaye qui devient son amant. Consciente de sa beauté
et de l'attraction qu'elle exerce sur les hommes, Emma multiplie les aventures dont une avec le jeune clerc de notaire Léon Dupuis puis une autre avec Rudolph Boulanger. Un marchand de vêtement vénal ami de son époux, Adolphe Lheureux, s'aperçoit malheureusement de ses infidélités et commence à la faire chanter. Emma refuse de céder à ses avances et poursuit ses romances incapable de quitter son mari et de vivre sans ses biens. Lheureux aura finalement gain de cause. Désespérée, Emma pense au suicide mais elle préfère coucher avec son maitre-chanteur ce qui pour elle est encore plus dégradant. C'est en quelque sorte une autre forme de suicide.
Les adaptations cinématographiques de Madame Bovary ont été assez nombreuses au fil des décennies. Celle de l'allemand Hans Schott-Schöbinger n'est peut être pas la meilleure mais elle n'est pas non plus la moins intéressante. L'auteur conserve le schéma de la femme infidèle qui, frustrée, finira par tout perdre à force de multiplier les amants et transforme assez rapidement le film en une dramatique de moeurs érotique après une première demi heure quelque peu fastidieuse où l'ennui semble s'installer. Passer ces instants le récit prend cependant sa vitesse de croisière et se révèle plutôt sympathique. Aussi modeste soit il Les folles nuits de la Bovary est une honnête petite production dirigée
avec un certain soin agrémentée d'une certaine poésie visuelle lors de quelques épisodes. Il faut toutefois éviter de se fier au titre français quelque peu exagéré puisque ces folles nuits ne sont guère bouillantes encore moins orgiaques. En fait le film de Schott-Schöbinger est typique de ces petites bandes romantico-érotiques de la fin des années 60 qui distillent un érotisme discret, souvent raffiné, qui à l'époque se voulait cependant osé. Le résultat aujourd'hui est d'une sagesse extrême, un brin désuet mais tellement charmant, et fait penser à ces romans-photos en costumes d'époque pour jeunes filles en fleur.
La grand intérêt du film provient surtout de la présence d'Edwige Fenech, alors tout juste
âgée de 21 ans, que ses admirateurs seront ravis de revoir quelques années avant qu'elle ne devienne une des reines de la comédie polissonne transalpine. En toute honnêteté il faut admettre que le jeu d'Edwige manque un peu de relief. Elle n'est pas toujours convaincante dans les habits de la Bovary. Il lui manque le feu de la passion, la frénésie de la tourmente, celle d'une femme déchirée entre un mari qu'elle ne se résigne pas à quitter et ses turpitudes amoureuses qui la mènent au bord du gouffre. Le récit n'en aurait que gagné en force.
On se rattrapera donc sur sa beauté physique et ses courbes déjà généreuses qui feront le
délice de ses inconditionnels. Edwige y dévoile sa poitrine lors de bon nombre de séquences mais aussi quelques plans de nudité dorsale intégrale fort discrets cependant. Il est important de noter afin de pas être déçu qu'il existe plusieurs versions du film quant aux fameuses scènes de nu tournées de manière différentes selon le pays de destination. La version sortie jadis en France est la plus déshabillée. Non seulement Edwige y apparait plus souvent nue mais également ses partenaires Manja Goric et Patrizia Adiutori. Pour les versions italiennes et allemandes, ces trois mêmes actrices apparaissent soit en sous vêtements soit nues.
Aux cotés d'Edwige Franco Ressel, machiavélique, fait de son personnage le méchant de l'histoire et le rend tout à fait détestable. C'est un tout jeune et très séduisant Gianni Dei qui interprète Léon Dupuis dont on appréciera l'instant où il s'endort tel un enfant sur le ventre d'Edwige. Les déshabillés de la gracieuse Patrizia Adiutori (Torso), alanguie devant la cheminée qui lui chauffe les pieds et les jambes, sont fort affriolants, Maria Pia Conte est toujours aussi bonne comédienne. On ne pourra pas en dire autant de Gerhard Riedmann, parfaitement insipide dans la peau du mari de la Bovary, seule note négative dans une intéressante distribution. Peut être pensait il tourner dans une version de Heidi!
Les folles nuits de la Bovary n'est certes pas une oeuvre phare dans l'histoire du film érotique transalpin mais il n'en est pas moins fort représentatif de ces coproductions italo-germaniques de cette fin de décennie qui se voulaient audacieuses sans pourtant jamais dépasser les limites de la décence la plus stricte. Le film de Schott-Schöbinger en a finalement tout le charme et n'a d'autre ambition que de divertir le spectateur qui se laissera sagement aller à ce récit en costumes romanesque d'un autre temps, bercé par les musiques romantiques de Hans Hammerschmidt. Sans parler des amateurs qui se feront une joie de redécouvrir Edwige déjà fort plantureuse quelques années avant son sacre évoluant dans de magnifiques tenues au milieu de décors visuellement splendides. Madame Bovary au pays de Sissi!