Le mille e una notte... e un'altra ancora
Autres titres:
Real: Enrico Bomba
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 82mn
Acteurs: Vinicio Sofia, Angela Bo, Dada Gallotti, Mario Brega, Enrico Miotti, Barbara Marzano, Maria Rosa Chimenti, Sergio Parlato, Margaret Rose Keil, Giancarlo Badessi, Salvatore Baccaro, Mariana Camara, Luigi Antonio Guerra, Carla Mancini, Nino Marchetti, Enrico Marciani, Loredana Mongardini, Cesare Ronconi, Pier Maria Rossi, Bruno Scipioni, Joceline Chaouat...
Résumé: Un roi au pays des 1001 nuits découvre que sa femme l'a cocufié. En rage, il la fait décapiter ainsi que son amant par son bourreau. Dés lors, il décide que chaque jour, une vierge devra lui être apportée afin qu'il la déflore. Puis la malheureuse sera décapitée. Il ne reste bientôt plus guère de vierges au pays si ce n'est les deux filles du grand Vizir, Sherazade et sa soeur. Elles décident alors de raconter au roi des histoires de cocufiage afin de sauver leur tête. Elles sont si bonnes narratrices qu'elles échappent chaque nuit à leur exécution au grand dam du bourreau...
La célèbre trilogie de la vie de Pasolini engendra dés le début des années 70 trois nouveaux sous genres du cinéma érotique transalpin, les décamérotiques issus du succès du Décameron, les canterbérotiques nés des Contes de Canterbury et enfin les orientalérotiques inspirés des 1001 nuits. Si les deux premiers courants furent assez juteux, ce troisième fut le moins prolifique et peut être le moins intéressant du point de vue ludique.
Si le plus connu reste celui de Antonio Margheriti, Les 1001 nuits érotiques, ce sous genre en compte quatre autres, Le favolose notti d'oriente, Le amorose notti di Ali Baba, Quando i califfi avevano le corna et enfin Le mille e una notte... e un'altra ancora signé Enrico Bomba à qui on devait déjà le médiocre décamérotique L'aretino nei suoi ragionamenti sulle cortigiane, le maritate e i cornuti contenti. Metteur en scène fort peu doué, Bomba tente ici tant bien que mal de retranscrire toute la magie de l'orient au fil des cinq petites histoires qui composent le film. Le résultat est assez surprenant. D'une pauvreté flagrante, Le mille e una notte... e un'altra ancora souffre de façon évidente de cette précarité budgétaire mais également de la maladresse tant du réalisateur et de la mise en scène (les comédiens semblent parfois se précipiter sur la caméra) que de certains acteurs dont le jeu fait parfois peine à voir, Loredana Mongardini et la mulâtre Joceline Chaouat notamment.
Quant à la qualité des sketches eux mêmes on reste le plus souvent dubitatif tant ils sont fades et peu captivants, d'une simplicité parfois déconcertante. Peu érotiques, le film est quasi exempt de toute scène de nu si on excepte quelques poitrines dénudées et une fellation simulée lors d'une orgie au royaume enchanteur, dénué de cette indispensable magie, cette deuxième tentative de Bomba dans ce sous genre assez particulier, se laisse pourtant regarder avec un certain plaisir coupable. La maladresse dont il fait preuve, ce coté parfois amateur proche du dilettantisme qui ressort de certaines séquences, le coté bon enfant de l'ensemble et surtout les quelques effets spéciaux qui semblent sortir d'un autre âge font du film une oeuvrette pleine de sympathie qui si elle n'excitera guère les sens du spectateur ni le fera hurler de rire, l'attendrira comme attendrit un simple dessin animé. Et c'est d'autant plus frétillant donc qu'il appréciera l'ultime segment, certainement le plus agréable, où afin d'imager un royaume magique caché dans une autre dimension, Bomba a recours à... l'animation! Unique dans les annales du genre voire dans l'histoire du cinéma Bis italien, cette scène inattendue fonctionne pourtant et parvient à charmer.
Appréciable également est l'ouverture du film assez macabre et tout aussi surprenante puisque le roi fait décapiter sa femme et son amant après avoir constaté l'adultère. Et les têtes roulent et finissent dans un panier même si là encore les effets spéciaux sont particulièrement basiques! Il en sera pareil par la suite puisque, bafoué, le roi décide alors que chaque nuit, une vierge sera décapitée après qu'il l'ait déflorée. Après avoir épuisé la réserve de jeunes filles pures du pays, il ne reste au roi que les deux filles du Grand Vizir, Sherazade et sa soeur, aussi belles que langoureuses qui pour sauver leur tête vont lui narrer cinq historiettes de maris cocus et d'adultères en tout genre.
C'est ainsi que vont défiler les cinq segments, tous très courts et bien peu envoutants, même si le roi de son coté les trouvent fort excitants. On oubliera les deux premiers sans grand intérêt et totalement ratés, celui du perroquet délateur qui avoue à son maitre les écarts de son épouse de couleur fort volage et celui où une belle jeune fille a recours à une mégère (une sorcière?) pour avoir un rendez-vous avec un beau prétendant inconnu qui s'avèrera être son mari... à savoir que jamais le récit ne fit mention d'un mari!
Plus intéressant est le troisième sketch où une jeune femme afin que son voleur de frère soit libéré charme le roi, le grand vizir, le juge et le bourreau afin de se procurer l'ordre de libération. Elle séduit aussi un fabricant de malle à qui elle demande de lui en fabriquer cinq. Après leur avoir donner rendez-vous chez elle, elle les enferme chacun dans une malle, le fabricant compris, vole la clé de la geôle et l'ordre de libération de son frère avant de l'emmener loin du royaume.
L'ultime histoire et son royaume en animé reste celle où on retrouve enfin ces quelques saveurs orientales toutes empreintes d'un zeste de magie bienvenu. Ce dernier conte est celui du jeune Ahmet qui, jamais satisfait de ce qu'il a, en désire toujours plus. Il se retrouve un jour dans un pièce où pleurent et se lamentent un groupe de vieillards qui lui interdisent d'ouvrir une porte. Nonobstant leurs mises en garde, il franchit la porte, traverse une étrange caverne puis un fleuve avant de se retrouver dans un royaume fabuleux où l'attendent les plus belles filles du monde. Après une nuit d'orgie, il décide de franchir une autre porte faisant fi des conseils des jeunes femmes qui lui rappellent qu'il avait tout ce qu'il pouvait espérer avec elles. Il franchit de nouveau la porte et se retrouve parmi les vieillards qui l'accueillent. Ahmet est à son tour devenu vieux, il ne lui reste plus qu'à pleurer pour l'éternité.
Ce dernier récit, le meilleur, résume tout le propos du film puisqu'il est à l'image du roi qui, jamais satisfait, cherche sans cesse la perfection féminine. Le film lui aura apporté cinq types de femmes différentes, les cinq héroïnes des récits de la belle Shérazade, qui apparaissent comme par enchantement dans la salle du trône: la femme de couleur, la blonde, la brune, la voluptueuse et enfin la maigre. Incapable de déterminer laquelle d'entre elles est la femme idéale, le roi décrètera que désormais chaque homme aura cinq épouses. C'est alors que se matérialisera une sixième et inattendue créature: une rousse! D'où le titre du film: e un'altra ancora, cri de joie du roi au bord de l'apoplexie.
Sans être mirobolante, la distribution nous permettra de retrouver la toujours aussi séduisante Margaret Rose Keil, une des spécialistes du genre, Barbara Marzano et Maria Rosa Chimenti dans la peau des deux soeurs, Angela Bo, Dada Gallotti ainsi que Vinicio Sofia dans la peau du roi, Mario Brega dans celle du Grand Vizir, une brève apparition du simiesque Salvatore Baccaro et le jeune et toujours aussi christique et envoutant Pier Maria Rossi dans le rôle du bel Ahmet à qui revient l'honneur de la fameuse fellation simulée.
Le mille e una notte... e un'altra ancora dont on retiendra l'entrainante mélodie qui lui sert de générique n'est certes pas un décamérotique inoubliable mais sa maladresse et son coté par instant amateur, sa pauvreté, en font une oeuvre attachante et ludique que l'amateur découvrira avec un certain plaisir avant de passer à des choses plus consistantes.