Hypnos - Follia di un massacro
Autres titres: Hypnose ou la folie du massacre / Follie di un massacro
Real: Paolo Bianchini
Année: 1967
Origine: Italie
Genre: Thriller / Fantastique
Durée: 87mn
Acteurs: Robert Woods, Fernando Sancho, Rada Rassimov, Giovanni Cianfriglia, Lino Coletta, Piero Gerlini, Nino Vingeli...
Résumé: Une série de crimes inexpliqués terrorise Rome. Aucun lien ne semble les lier entre eux si ce n'est que l'assassin ne frappe que le jeudi. La police enquête et soupçonne Nicole Bouvier, la petite amie d'un psychanalyste, amie d'une des victimes. Afin de l'innocenter, le docteur mène ses propres investigations et découvre assez rapidement qu'une série télévisée diffusée le jeudi pourrait être à l'origine des meurtres. On y aurait inséré des messages subliminaux qui hypnotiseraient des téléspectateurs leur ordonnant de tuer. Une organisation secrète avec à sa tête un homme diabolique dirigerait les opérations...
Auteur de quelques westerns, d'une décamérotique et de quelques séries Z avant de finir sa carrière à la télévision, Paolo Bianchini réalisa en 1967 un petit thriller fantastique assez incroyable non pas pour son scénario plutôt original mais pour son coté irrémédiablement farfelu qui frise le plus souvent le ridicule, son traitement si absurde qui très vite donne l'impression d'assister à une grosse farce extrêmement datée.
Rome vit depuis quelques temps dans la terreur. Tous les jeudis, un mystérieux assassin tue d'honnêtes citoyens sans mobile apparent. Rien ne semble relier les crimes entre eux
si ce n'est le jour où ils sont commis. Lorsque la petite amie d'un psychanalyste, Nicole Bouvier, est accusée des meurtres, ce dernier décide de mener l'enquête afin de prouver son innocence, Il découvre rapidement que toutes les victimes à l'heure de leur mort regardaient une série télévisée. Il parvient à voler une des bobines du feuilleton et remarque qu'à un moment précis la bande émet un signal étrange, une sorte d'éclair qui pourrait être la cause des massacres. Ce flash hypnotiserait le téléspectateur choisi à l'avance et lui ordonnerait de tuer. De fil en aiguille, le psychanalyste va découvrir qu'une organisation secrète est à l'origine de cette terrible invention, à leur tête un savant fou qui rêve de dominer le monde.
L'idée des messages subliminaux envoyés au cerveau humain par le biais d'une musique ou à travers une image n'est pas nouvelle. Utiliser la télévision, une invention qui révolutionna les années 60, était quant à elle plutôt originale pour l'époque. Bianchini partait donc d'une idée tout à fait sympathique. Le résultat l'est également mais peut être pas dans le sens qu'on pourrait l'entendre. Volontaire ou pas, voilà la question puisque s'il donne l'impression d'être le plus sérieux du monde, de faire croire au spectateur à cette histoire autant qu'il semble y croire, c'est pantois et le plus souvent hilare que ce même spectateur sera face à cette aventure délirante qui commence comme un thriller pour s'orienter très vite vers le film
d'espionnage puis la science-fiction, le fantastique et le film catastrophe dans une ambiance qui n'a rien à envier aux fumetti. Il ne manque plus qu'un super héros masqué qui viendrait sauver le monde si on considère que notre psychanalyste à lunettes n'en est pas un à sa façon. A défaut on a un vilain particulièrement plaisant, en combinaison noir, le visage dissimulé derrière un masque doré à la C3P0, aussi mystérieux que décidé à régner en maitre absolu sur la terre. Voilà qui nous remet en mémoire au cas où on l'aurait oublié que nous sommes à la fin des années 60 au bon temps des Diabolik, Kriminal et autre Fenomenal dont notre mégalomane masqué n'a rien à envier, principale attraction de cette
bande dessinée grotesque aux dialogues d'une incroyable stupidité. Certaines répliques sont à mourir de rire et si on avait tendance à imaginer que cela provenait d'une traduction française loufoque, qu'on se rassure, la version originale est tout aussi abracadabrant.
Les personnages sont à l'image du récit, à leur minimum. Il n'y a aucune logique à chercher dans leurs réactions, leurs déductions, leurs agissements, on nage en plein délire et c'est ainsi qu'il faut prendre Hypnose ou la folie du massacre, un spectacle d'un autre temps, limité, fauché, ridicule mais divertissant car drôle bien malgré lui qui se conclura par un final d'anthologie qui à elle seule mérite la vision du film. Il faut voir pour le croire l'invasion du
repère du vilain, une cité en ruines, qui donne sur un dédale de souterrains reconstitué en studio soit quelques corridors en carton-pâte qui donnent sur la salle de contrôle, son gros ordinateur et son unique écran géant devant lesquels trône notre vilain masqué qui de sa voix caverneuse vocifère quelques stupidités. Quelques bagarres, beaucoup d fumigènes, tout explose après bien entendu l'affrontement entre le savant fou et le psychanalyste qui d'une flèche dans son oeil, mais est ce un oeil, le vaincra! Voilà qui engendrera une belle déception car on ne saura jamais qui il était ou ce que cachait ce masque. point final. Le rideau tombe. Les lumières se rallument et on gardera en tête la manière incroyable dont la
police a pénétré dans cette antre secrète, un simple conduit dans un mur qui donne directement à la salle de contrôle du moment qu'on se soit d'une corde bien entendu! Voilà peut être l'image qui résume à elle seule Hypnose ou la folie du massacre, un joyeux délire dénué de mise en scène qui se prend un peu trop au sérieux.
L'interprétation est à l'avenant. L'américain Robert Woods, figure récurrente du western spaghetti avant d'amorcer un inattendu virage vers l'érotisme cellulité chez l'imbuvable Jess Franco (les diarrhéiques Les gloutonnes, La comtesse perverse et Le miroir obscène), campe ce fameux psychanalyste dont les lunettes sont quasiment aussi grosses que son
visage, inversement proportionnelles à son jeu de comédien bien peu charismatique mais caricatural à outrance. On aurait pu se réjouir de la présence de Rada Rassimov, la soeur de Ivan Rassimov. Malheureusement Rada n'a jamais été si peu mise en valeur ce qui parvient même à lui faire perdre l'intensité de son regard hypnotique. C'est peut être cela la véritable touche fantastique du film! Le peintre, ex-scientifique à l'origine de la terrible invention, est interprété par le mythique Fernando Sancho.
Hypnose ou la folie du massacre, certes précurseur d'oeuvres telles que Videodrome ou à moindre frais de Kamikaze, est une blague de potache qui a bien mal vieilli, mais elle
semblait déjà vieille en son temps, mais sa bonne humeur, sa folie, son final démentiel, feront cependant passer la pilule et divertiront tant l'amateur de séries Z que le collectionneur assidu de petits films Bis transalpins fauchés.
Jadis sorti dans la plus totale indifférence en Italie, Hypnos , aujourd'hui bien oublié, n'eut guère plus de chance lors de sa ressortie.