Il pavone nero
Autres titres: Le dieu noir / Chaleurs sexuelles / Emanuelle blanca en la tribu del placer
Real: Osvaldo Civirani
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Erotique / Fantastique
Durée: 80mn
Acteurs: Karin Schubert, Chris Avram, Don Powell, Franco Ressel, Luigi Angelilo, Rita Orlando, Samantha Star, Lorenzo Piani...
Résumé: Laura, la jeune épouse bourgeoise d'un ingénieur, accepte de partir vivre dans une cabane à St Domingue où son mari doit construire une digue. Quelques jours avant leur départ, elle reçoit un immense bouquet de fleurs dans lequel est caché une poupée vaudou qui lentement va la posséder. Une fois à St Domingue, les hallucinations redoublent tandis que Laura est sous l'emprise d'un inquiètant maître-vaudou, opposé à la construction de la digue...
Bien avant la série des oeuvres exotico-érotiques de Joe D'Amato, Il pavone nero fut certainement le tout premier film du genre à être tourné à St Domingue. Il est en fait une sorte de précurseur de ce doux filon qui réchauffa les écrans dans les années 70. Son réalisateur, Osvaldo Civirani, souhaitait faire un film à St Domingue. Il demanda alors à son scénariste, Tito Carpi, de lui écrire une histoire qui prendrait en compte le folklore local notamment le vaudou encore très présent en Haïti. Ainsi naquit Il pavone nero qui ne fait que plus ou moins reprendre la trame de Il dio serpente de Piero Vivarelli, réalisé quatre ans auparavant.
Le film débute comme un de ces thrillers psychédéliques alors très en vogue en Italie. Laura, la jeune épouse d'un ingénieur, accepte de partir vivre à St Domingue avec son mari qui souhaite construire une digue. Avant leur départ elle reçoit un bouquet de fleurs dans lequel est dissimulée une poupée vaudou qui lentement va la posséder. Une fois à St Domingue, les hallucinations redoublent. Laura se retrouve sous l'emprise d'un inquiétant indigène, sorte de maître vaudou, opposé à la construction de la digue.
Il pavone nero mêle avec soin le fantastique et l'érotisme parfois aux limites du hard. Pour
illustrer cet aspect fantastique, Civirani joue sur l'image en utilisant des négatifs noyés dans des fonds qui alternent le rouge et le bleu. Outre le coté psychédélique indéniable, cela donne une impression de malaise certes désuet mais assez inquiétant. Couplés aux séquences de cérémonies vaudou, banales et peu recherchées mais tout de même efficaces, Il pavone nero parvient à retrouver l'ambiance des futures oeuvres de D'Amato y compris cette cruauté inhérente à ses films lors de l'atroce dépeçage de Karin Schubert dont le corps se transfert dans celui d'une jeune noire sous l'effet des incantations magiques.
Outre l'aspect fantastique, Il pavone nero contient de très beaux moments, fort réussis,
notamment les scènes dans la chambre de la cabane où, sous l'emprise des démons, Karin se laisse aller aux plaisirs solitaires, le bruit des pales d'un immense ventilateur représentant les peurs et angoisses nocturnes de la jeune femme, une séquence en tout point fascinante. On retiendra également la longue séquence où Karin fait de la plongée sous-marine avant de perdre connaissance sous l'eau, sauvée in extremis par l'inquiétant indigène qui lui fera l'amour sur le sable.
Pour le reste, Civirani utilise de son mieux la beauté des paysages dominicains, véritable
dépaysement pour le spectateur qui se laissera aller sagement à cette oeuvre exotico-érotique à l'ambiance morbide qui ne lésine guère sur les scènes érotiques principalement interprétées par Karin Schubert, principal atout du film. Encore belle et plutôt gracieuse malgré le port d'une affreuse perruque, Karin signait là son premier film véritablement osé comme en témoignent sa longue masturbation frontale, la scène lesbienne avec l'actrice dominicaine Samantha Star ou la fellation d'un indigène qu'elle simule bien entendu.
Il n'a jamais été prouvé que Le dieu noir ait été tourné à l'origine en version hardcore même si les photos de tournage et la présence de Mario Bianchi, futur metteur en scène X en
assistant-réalisateur, tenteraient de prouver le contraire. Une seule certitude existe, celle que les séquences les plus salaces ont été jadis fortement mutilées. S'il existe bel et bien une version X intitulée Woodoo sexy erotico contenant des inserts porno impliquant des doublures parfaitement ressemblantes, notamment celle de Karin, ceux ci furent spécialement tournés pour l'occasion, une opération commerciale dont Civirani a toujours décliné la responsabilité.
La seule véritable copie qui existe aujourd'hui du film, du moins dans sa forme originel, est
d'une durée de quelques 80 minutes. Les autres versions qui circulent sont des versions vidéos ou des diffusions télévisées au montage plus ou moins différents qui reprennent à leurs convenances certaines des scènes érotiques replacées ça et là au gré des distributeurs et responsables de chaines.
Aux cotés de Karin Schubert, on retrouvera notamment Chris Avram, habitué alors à ce type de productions, et l'acteur de couleur Don Powell dans la peau de ce Dieu noir tant uniquement vêtu d'un slip rouge dont la seule présence donne une aura inquiétante au film malgré son jeu parfois peu convaincant. Powell comme bien souvent signe également la
partition musicale du film assisté de Lallo Gori.
Devenue une oeuvre assez rare au fil du temps, particulièrement amputée dans sa version française ramenée à quelques 70 minutes, Il pavone nero mérite toute l'attention de l'amateur de ce type de films érotiques aussi morbides qu'ensoleillés malgré la banalité du sujet.