Il sesso del diavolo
Autres titres: Trittico / Trittico - Il sesso del diavolo
Real: Oscar Brazzi
Année: 1971
Origine: Italie / Turquie
Genre: Thriller / Fantastique
Durée: 91mn
Acteurs: Rossano Brazzi, Hulya Bengun, Maitena Galli, Sylva Koscina, Paola Natale, Fikret Hakan, Alinegati Cakus, Gutzin Depek, Aydin Tezel...
Résumé: Andrea et Barbara sont mariés mais leur couple traverse une grave crise conjugale. Un ami d'Andrea lui propose de les inviter dans sa villa à Istanbul afin qu'ils tentent de sauver leur mariage. Sylvia, son assistante, sera de la partie. Si Barbara est immédiatement attirée par la jeune femme la somptueuse demeure côtière va très vite créer des tensions au sein du petit groupe. Elle a en effet jadis appartenu à Claudine, une artiste qui s'y est suicidée dans des circonstances qui sont restées inexpliquées. La timide Sylvia va bientôt se transformer comme happée par l'esprit de Claudine tandis que la glaciale et morbide servante se livre à d'étranges rites magiques. C'est alors que Andrea est par deux fois agressé par un mystérieux homme. La statue d'un triptyque pourrait détenir la clé de toutes ces énigmes...
C'est Renato Polselli qui au départ devait réaliser ce petit thriller mais il décida finalement d'abandonner ce projet pour se consacrer à la mise en scène de La verita seconda Satana. Le scénariste-producteur-réalisateur Oscar Brazzi, auteur à la fin des années 60 d'un sulfureux triptyque érotique, Il diario segreto di una minorenne, Vita segreta di una diciotenne et Intimita segreta di una giovane sposa, en reprit alors seul les commandes, ayant secondé Polselli à l'élaboration du scénario. Brazzi prit l'avion pour la Turquie et entama le tournage du film qui porte clairement la griffe de Polselli. On y retrouve en effet son
style souvent confus ainsi que certains des éléments qui firent la réputation de son cinéma à savoir ce penchant pour la magie, les rites et le surnaturel, une atmosphère mystérieuse qui flirte cette fois discrètement avec la sexploitation mais également l'aspect confus d'une histoire qui semble partir tout azimut sans jamais réellement savoir quelle orientation prendre.
Andrea, un chirurgien. et sa jolie épouse Barbara, sont mariés depuis déjà de longues années. Leur couple traverse malheureusement une grave crise conjugale. Afin de tenter de sauver leur mariage, le meilleur ami d'Andrea, Omar, les invite avec son assistante, Sylvia, à
venir séjourner à Istanbul dans sa somptueuse villa qui jadis a appartenu à Claudine, une de ses amies, une artiste qui s'est mystérieusement donné la mort en se pendant. Les oeuvres de Claudine ornent chacune des pièces de la demeure donnant l'impression à la fragile Sylvia que l'artiste est toujours présente, quelque part. Elle semble doucement vouloir s'emparer de son esprit. Cette inquiétante sensation est renforcée par la présence de Fatma, la sinistre gouvernante, qui était très proche de Claudine. Entre deux impressionnants rites magiques, la lugubre femme se rapproche de Sylvia, intriguée par l'artiste, qui très vite se désinhibe à la plus grande joie de Barbara qui en est secrètement amoureuse. Andrea n'est
pas insensible non plus aux charmes de l'assistante ce qui rend Barbara jalouse. C'est alors qu'un homme s'attaque à plusieurs reprises à Andrea. Qui est cet homme? Pourquoi Claudine s'est elle suicidée? Quelles sont ces rites magiques auxquels s'adonne la gouvernante? Autant de questions qui vont devoir trouver une réponse.
Et c'est malheureusement sans en apporter aucune que le film se terminera. Platement mis en scène comme un banal thriller psychologique réalisé comme un simple téléfilm, Il sesso del diavolo également connu sous le titre Trittico n'est qu'un simple mélodrame dénué de tout suspens qui reprend un des grands thèmes du cinéma érotico-morbide d'alors, celui du
couple de bourgeois en pleine crise existentielle tentant de sauver une relation désormais au point mort, de trouver une réponse à leurs questions à l'autre bout du monde dans un magnifique décor exotique. Brazzi y ajoute une bonne dose de mystères afin de donner au film un coté fantastique fortement appuyé mais mal agencé, tout reste à l'état d'ébauche. Le cinéaste semble tout simplement faire un immense melting-pot de tout et n'importe quoi afin de créer une ambiance suffocante, à la limite de l'irréel, voire de l'onirisme, de rendre l'ensemble aussi angoissant qu'intéressant mais c'est l'ennui qui prend le dessus tant il reste superficiel et surtout anémique. Et ce n'est pas le final multi-faces trop brusque et surtout décevant qui changera la donne.
Sans réelle consistance, les personnages, censés détenir en eux la clé du secret de ce triptyque satanique, les règles de ce jeu meurtrier indiffèrent comme les différents points que Brazzi soulève. Jamais convaincants encore moins convaincus, les protagonistes traversent le film, le visage marqué par l'ennui, un verre de whisky à la main, Rossano Brazzi, le frère du réalisateur en tête. Certains n'ont aucune réelle utilité et sont totalement sous employés (l'adolescente dont on aurait aimé voir le rôle plus étoffé, enfant maléfique, innocente ou perverse, elle n'est qu'une simple silhouette, les divers agresseurs d'Andrea, et Claudine dont le personnage semble être au coeur de l'histoire mais dont on ne saura quasiment rien si ce ne sont quelques brèves révélations lors du dernier quart d'heure).
Quant au sexe, il reste très discret. L'amateur coquin devra se contenter de quelques poitrines dénudées, de nus dorsaux et quelques regards langoureux entre Barbara et Sylvia afin de marquer leur attirance qui n'aboutira qu'en toute fin de métrage. Voilà qui est bien peu là encore pour un scénario qui devait prendre en compte une relation lesbienne pour mieux créer ce fameux et indispensable triangle amoureux donnant au film un de ses titres, Trittico.
Il sesso del diavolo n'est cependant pas dénué de qualités. Outre une très belle partition musicale signée Stelvio Cipriani et la reprise du célèbre In-a-gadda-da-vida, on se laissera séduire par les superbes décors naturels que nous offre Istanbul et les bords de la mer
noire joliment photographiés par Luciano Trasatti, cette somptueuse villa située face au Bosphore qui resplendit de toute sa majestuosité. On se laissera séduire par Sylva Koscina, en grande forme, alors au top de sa beauté, et l'androgyne Maitena Galli, parfaitement délurée. C'est pourtant la stupéfiante actrice turque Hulya Bengun qui leur vole la vedette en endossant le rôle de cette sinistre domestique. Omniprésente, aussi fascinante que maléfique, aussi effrayante que secrète, elle donne au film toute son aura diabolique si ce n'est son principal intérêt. Les différentes pratiques magiques auxquelles elle se livre sont particulièrement saisissantes et méritent à elles seules la vision du film. On se laissera
également séduire par certains éléments du décor, la fabuleuse représentation du triptyque, l'immense plateau zodiacal, l'intrigante partie d'échec sur l'échiquier géant, le scorpion noir, les sculptures ancestrales...
Thriller mélodramatique tendance horrifico-psychologique mâtiné de giallo, d'ésotérisme et saupoudré d'un zeste d'érotisme, Il sesso del diavolo est une tentative plutôt vaine d'accommoder le thriller psychologique à la sauce satanique faute à un scénario brouillon, confus, et une réalisation trop transparente. Le film de Brazzi reste cependant un exemple de
ce cinéma d'exploitation transalpin souvent étrange fortement estampillé années 70 que tous les amoureux de cette époque apprécieront justement pour cette ambiance pop si délicieusement particulière. A réserver en priorité aux inconditionnels et autres collectionneurs ainsi qu'aux amateurs de bizarre.