Maniaco Deprebis

Un film signé Andrea Bianchi est rarement synonyme de qualité quelque soit le genre où le cinéaste s'essaie. Spécialiste de la petite comédie polissonne et de l'érotisme facile avant de se lancer en fin de carrière comme beaucoup de ses confrères dans le hardcore, Bianchi signe en 1978 Moglie nuda e siciliana, une comédie sicilienne légère qui bien malheureusement ne redorera guère son blason.

Rosaria, une jeune et belle sicilienne, est surprise par ses frères dans les bras de Nino, un camionneur milanais. L'odieux personnage est donc contraint d'épouser sur le champ Rosaria afin que l'honneur de la famille soit sauf. Lors de leur nuit de noce, la jeune mariée parvient à s'enfuir en ayant bien pris soin de garder intacte sa virginité. Désormais seule, elle décide alors de monter à Milan. Elle se fait vite remarquée par une agence de nu pour laquelle elle va poser. Devenue star elle fait vite la une des magazines coquins. C'est alors que Nino tombe par hasard sur une des revues. Il va faire tout son possible pour retrouver Rosaria et consommer leur union d'autant plus que ses deux frères sont à ses trousses afin de vérifier que leur soeur est une épouse comblée.

Ainsi résumé, le scénario est intéressant. Il s'inscrit définitivement dans le filon de la plus pure comédie sicilienne qui d'une part tente d'illustrer tout le coté rétrograde d'une Sicile qui ne jure que par l'honneur, la famille et les traditions, d'autre part de mettre en images cette guerre empreinte de racisme régionale que se sont toujours livrées le nord et le sud de l'Italie tant au niveau des coutumes que des mentalités. Sous l'égide de Bianchi, le résultat est d'une désolante médiocrité. Combien de fois l'avons nous déjà répété mais qu'y a t-il de plus insupportable qu'une comédie qui à aucun moment ne parvient à être drôle, à arracher ne serait ce que le moindre sourire au spectateur ? C'est bien malheureusement le cas de Moglie nuda e siciliana.

Bianchi se contente durant 90 minutes de multiplier les stéréotypes sans aucune originalité. Le discours tombe donc très vite à l'eau pour laisser la place à un film d'une incroyable banalité où tout est prévisible d'un bout à l'autre. Jamais drôles encore moins divertissantes, les différentes situations comme les quiproquos sont d'une effarante tristesse. Dénué de rythme, cette Moglie nuda e siciliana fera très vite sombrer son public dans une douce torpeur alors que son but premier était de l'exciter un tant soit peu. L'érotisme n'est pas réellement au rendez-vous. On devra se contenter quelques séquences de fesses molles et autres modèles posant nues, quelques petites culottes et une poignées de poitrines dénudées. Rien de très affriolant d'autant plus que la mise en scène de Bianchi est elle aussi d'une désolante affliction. Outre l'érotisme coquin, l'humour égrillard, il manque au film cette folie, cette verve propre à ce type de comédie d'autant plus que les acteurs sont d'une

transparence sidérante et bien peu convaincants malgré les efforts qu'ils font pour réciter des dialogues convenus en différents dialectes afin de donner un semblant de réalisme bien inutile ici. Lucio Como et son physique à la Castaldi est insupportable et semble être une grave erreur de casting, Lucio Flauto se démène en vain et devient vite ennuyeux, Mariangela Giordano, trop mise à l'écart, est inexistante. La charnelle Maria Pia Conte apporte fort heureusement une touche de sensualité et d'audace tandis que les amoureux de Cristiana Borghi, la principale protagoniste, pourront comme d'accoutumée admirer la douceur et la beauté de son visage, seul et unique véritable intérêt du film avec les photos de nus qu'on aperçoit d'elle dans les revues masculines.
Souffrant d'une évidente pauvreté de moyens, Moglie nuda e siciliana, assez représentatif du cinéma de Bianchi, fait désespérément partie de ces comédies italiennes sans aucun intérêt, totalement oubliables, plus ennuyeuses que drôles.