Emanuelle nera
Autres titres: Black Emanuelle en Afrique / Black Emanuelle
Real: Bitto Albertini
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 94mn
Acteurs: Laura Gemser, Karin Schubert, Isabelle Marchall, Angelo Infanti, Gabriele Tinti, Don Powell, Venantino Venantini...
Résumé: Emanuelle, célèbre photographe-reporter américaine, part pour l'Afrique. Subjuguée par un jeune homme dans l'avion, elle déchante vite lorsqu'elle apprend qu'il est prêtre. Arrivée en Afrique, plus exactement au Kenya, elle va aller d'aventures en aventures, excitantes et sauvages mais elle en sortira particulièrement désillusionnée. Aussi charnelles soient elles, il manque à ses aventures le principal ingrédient: l'amour. Sa rencontre avec Gianni et Ann, un couple qu'elle a invité, sera pour elle une forme de détonateur. Tout en ayant une aventure avec Ann, Emanuelle tombe amoureuse de Gianni qui dans un premier temps la rejette mais qui finalement la suivra lorsqu'elle décidera de quitter le Kenya. Emanuelle devra finalement choisir entre sa liberté et les liens de l'amour...
Suite au triomphe international de Emmanuelle de Just Jaeckin, il n'allait pas falloir beaucoup de temps à l'Italie pour s'emparer de ce succès et donner naissance à toute une pléiade de films dont l'héroïne allait se prénommer Emmanuelle... ou Emanuelle.
Au coté froid et à l'érotisme bourgeois du film de Jaeckin, les italiens allaient eux créer un personnage aussi libertin que volcanique, offrir aux spectateurs cette part d'exotisme et de rêve qui faisait tant défaut à l'oeuvre de Jaeckin en les invitant à de longs et magnifiques voyages fort dépaysants durant lesquels l'héroïne, une photo-reporter américaine, allait vivre de fabuleuses aventures. C'est Bitto Albertini qui allait donner vie à ce rêve exotique à travers celle qui s'apprêtait à devenir à travers le monde entier un des personnages les plus célèbres du cinéma d'exploitation transalpin, Black Emanuelle incarnée par la divine Laura Gemser.
Emanuelle nera est donc le premier film d'une longue série à qui Joe D'Amato dés 1976 donnera ses lettres de noblesse. Le film se présente sous forme d'un travelogue particulièrement agréable, un safari-photo sous le soleil du Kenya durant lequel les différents protagonistes, Emanuelle en tête, vont tous goûter aux joies du libertinage, aidés par cette ambiance exotique qui libère et exacerbe les sens. Black Emanuelle en Afrique est en effet une ode au libertinage et à la liberté sexuelle. Totalement désinhibés, les personnages s'adonnent aux plaisirs charnels, tombent dans les bras l'un de l'autre, s'échangent et s'interchangent au milieu de paysages aussi sauvages que solaires. Derrière cette émancipation sexuelle se cache pourtant une certaine désillusion puisqu'au coeur de tous ces ébats manque l'amour. Au final, qu'est ce que le sexe sans amour semble s'interroger Emanuelle en quête d'un homme dont elle tomberait enfin amoureuse? Mais être amoureuse c'est aussi perdre un peu de cette liberté si chère à Emanuelle. Après avoir connu l'amour auprès d'un homme marié, Emanuelle repartira vers d'autres aventures, offrant son corps à toute une équipe de football!
Outre la sensualité de ses multiples scènes érotiques filmées avec grand soin, rappelons que Albertini fut très longtemps directeur de la photographie, Emanuelle nera est visuellement magnifique. Albertini explore cette Afrique encore sauvage, nous entraîne au coeur de la savane et de ses troupeaux d'animaux, nous plonge au milieu de tribus d'autochtones qui entament des danses tribales rappelant par instant les rites vaudous. Les acteurs semblent heureux et profiter pleinement de cette atmosphère d'insouciance exotique. Tout le film est empreint de cette indéniable chaleur tropicale qui le rend encore plus agréable.
L'érotisme est à l'avenant, chaud et sensuel, de toute beauté, agrémenté de quelques ralentis et de quelques panoramiques dont celui, superbe, autour de Laura Gemser allongée sur son lit dans la pénombre ainsi qu'un montage par instant alternatif qui donne à certaines séquences une note d'humour (le montage alterné des pistons de la locomotive avec la scène d'amour collectif entre Emanuelle et l'équipe de football ou celui montrant le pompiste qui met de l'essence dans la Land rover de Karin Schubert alors que celle ci fait l'amour avec son collègue).
La version allemande contient quelques inserts hardcore absents de la version italienne, assez mal venus ici puisqu'ils dénotent d'avec le reste du film. Ainsi, lors de la pénétration de Karin Schubert ou la fellation d'Angelo Infanti, les doublures, mal choisies, deviennent vite ridicules.
Si l'histoire, bien mince, prétexte à cet érotisme incandescent, n'a finalement guère d'importance, Emanuelle nera est avant toute chose une splendide odyssée charnelle bercée par la tout aussi splendide partition de Nico Fidenco, un véritable voyage au coeur même de la sensualité, là où explosent les sens, une véritable ode outre à l'exotico-érotisme au rêve et au dépaysement qui devrait ravir le spectateur. Ce premier opus contient les réponses quant au phénoménal succès non seulement de la série mais de toute cette vague de films dit érotico-exotiques. Aujourd'hui, on peut revoir Emanuelle nera avec une pointe de nostalgie, celle d'une époque où la révolution sexuelle semblait être à la portée de tous.
Aux cotés de Laura Gemser, divine, presque irréelle, seule et unique Black Emanuelle, on aura le plaisir de revoir l'opulente Karin Schubert qui arbore ici une coupe garçonne que certains déploreront, la tout aussi blonde Isabelle Marchall, Angelo Infanti, Venantino Venantini, Don Powell sans oublier Gabriele Tinti avec lequel Laura se fiancera sur le tournage.
L'année suivante au vu de l'inattendu succès du film au box office, Albertini mettra en chantier un second chapitre, le bien triste Emanuelle nera 2 qui sera suivi en 1977 d'un troisième opus mettant en, scène cette fois une Yellow Emanuelle, Il mondo dei sensi di Emy Wong / Yellow Emanuelle.