I contrabbandieri di Santa Lucia
Autres titres: Les contrebandiers de Santa Lucia / The new godfathers
Real: Alfonso Brescia
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 88mn
Acteurs: Mario Merola, Gianni Garko, Antonio Sabato, Jeff Blynn, Edmund Purdom, Lorraine De Selle, Lucio Montanaro, Sabrina Siani, John Karlsen, Rik Battaglia, Marina Valadier, Marco Girondino, Nunzio Gallo...
Résumé: De l'héroïne pure en provenance de Turquie est envoyée par bateau jusqu'aux Etats-Unis. Naples sert de port transitoire. Un agent des stup' part pour Naples tenter d'infiltrer le réseau. Un contrebandier de cigarettes, Don Antiero, se retrouve malgré lui mêlé à ce trafic puisque la mafia a caché l'héroïne dans un de ses bateaux...
Quatrième collaboration entre le réalisateur Alfonso Brescia et son acteur fétiche Mario Merola Les contrebandiers de Santa Lucia s'ajoute à la liste des polizeschi napolitains que le tandem réalisa en quelques trois années. Petite nouveauté au menu cette fois puisque ce nouvel opus ne débute pas d'emblée à Naples mais en Turquie où on transforme l'opium en héroïne pure destinée à enrichir un réseau international de trafic de drogues qui l'expédie aux Etats-Unis. Après un passage en Iran elle est donc en Amérique qu'on se retrouve ensuite, dans les tours des gros bonnets de la finance, avant un détour par Paris dans les bureaux
des stupéfiants où un de leurs agents soupçonne que la marchandise passe obligatoirement par un port de Naples, celui de Santa Lucia, avant d'être envoyée en Amérique. Le capitaine Ivano Radovich se rend donc à Naples incognito. Afin d'infiltrer le réseau et empêcher l'héroïne d'être expédiée il commence à se rapprocher des petits contrebandiers de cigarettes napolitains menés par Don Francesco Antiero, certain que cela le conduira jusqu'aux trafiquants de drogue. Don Antiero se retrouve malgré lui mêlé à ce trafic puisque la drogue est cachée sur un de ses bateaux bloqué dans un golf d'Iran par un chef islamiste.
Ce n'est plus la guerre des gangs mais plutôt celle des gentils et inoffensifs contrebandiers de cigarettes contre les implacables contrebandiers de la Cosa Nostra. Les contrebandiers de Santa Lucia n'est peut être pas le meilleur polizesco napolitain que tourna le duo mais on y retrouve cependant tous les éléments qui définissent le cinéma de Brescia à savoir un juste mélange de drame social typiquement napolitain et de polar mafieux en y ajoutant un pointe de modernisme en effleurant le thème de la révolution islamiste en Iran sous forme d'images réalité avec pour toile de fond le portrait de l'Ayatollah Khomeini. En découle une pellicule originale rondement menée par un Brescia toujours aussi besogneux dont le
savoir-faire n'est plus à démontrer. Le metteur en scène parvient ici à rendre crédible une intrigue certes déjà vue mais qui réussit néanmoins à tenir en haleine le spectateur grâce à quelques jolies séquences d'action filmées avec soin notamment la poursuite finale et l'assaut du navire des contrebandiers par les hors bords qui se terminera par un joli massacre, deux impressionnantes scènes qui devraient ravir les amateurs du genre.
Coproduit par les Etats-Unis qui accueillit l'équipe de tournage quelques semaines durant, ayant bénéficié d'un confortable budget de 600 millions de lires auxquelles se rajoutèrent quelques fonds américains judicieusement utilisées, Les contrebandiers de Santa Lucia
peut s'enorgueillir également d'une affiche trois étoiles. Aux cotés de Mario Merola, égal à lui même, dans le rôle du napolitain justicier toujours prêt à défendre ses valeurs et ses biens, incapable de ne pas pousser la chansonnette (une seule ici mais quelle belle chanson), s'agitent un trio d'acteurs convaincants et convaincus à savoir Gianni Garko parfait en capitaine infiltré, Antonio Sabato en financier corrompu et le sempiternel brushing de Jeff Blynn. S'ajoutent à ce quatuor quelques jolis noms du cinéma de genre dont Rik Battaglia, Franco Diogene en mafieux turc et Lucio Montanaro qui apporte une touche humoristique
qu'on appréciera ou non à l'ensemble. L'atout charme revient ici à Lorraine De Selle, trop vite disparue mais qui a tout de même le temps de déambuler nue au bord de la piscine et Sabrina Siani à l'aube de sa carrière en jeune mariée napolitaine. Voilà l'occasion pour Brescia de nous offrir une des fêtes de mariage napolitain les plus longues de l'histoire du genre avec danses et spectacles, un grand moment festif brutalement interrompu par l'arrivée d'un Merola furieux et de la police qui vont transformer ses noces en tuerie, Personnage indispensable à tout polar napolitain le petit gavroche des rues de Naples, Gennaro, est ici campé par l'enfant comédien fétiche de Brescia Marco Girondino. Plein
d'humour le cinéaste nous offre en outre une jolie séquence clin d'oeil à l'un de ses films, Lo scugnizzo, dont le petit héros n'était autre que Marco. Planté devant l'affiche du film dans une petite ruelle de la ville l'enfant la commente et dit à Gianni Garko qu'il vient de rencontrer: "C'est un très bon film. Il y a Gianni Garko dedans". Et Garko de lui répondre: "Eh bien allons le voir!".
Parmi les polizeschi napolitains du tandem Bresxia-Merola Les contrebandiers de Santa Lucia, co-écrit et produit par Ciro Ippolito, fait sans aucun doute partie du haut du panier. Mené tambour battant, sans réel temps mort, il offre une vision assez réaliste du marché de
la contrebande napolitain, souvent violent, tout en pointant du doigt de façon tout aussi vraisemblable le pouvoir dans certains pays du Moyen-Orient. Ce nouveau volet des aventures du bon Merola donne également une image très réaliste de Naples à l'époque, sa misère, sa survie, son folklore, ses ruelles, ses chants, sa beauté le tout accompagné d'une magnifique partition musicale signée Eduardo Alfien.