Undici giorni undici notti
Autres titres: 11 Days 11 nights / Eleven days, eleven nights / 11 giorni 11 notti
Real: Joe D'Amato
Année: 1987
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 89mn
Acteurs: Luciana Ottaviani, Joshua McDonald, Mary Sellers, Tom Mojack, Laura Gemser, Mickey Knox...
Résumé: Michael, un jeune entrepreneur va épouser Helen dans 11 jours. Il fait la connaissance de Sarah, une très jolie jeune femme avec qui il a une relation. Elle lui propose alors qu'ils continuent de se voir durant 11 jours et 11 nuits avant la date fatidique de son mariage. Sarah va faire de Michael l'objet de se fantasmes. Cette double vie épuise le futur marié tant et si bien que Helen devient suspicieuse. Elle décide de le suivre et découvre l'existence de Sarah. Elle rompt alors ses fiançailles. Michael rejoint Sarah mais le onzième jour, elle le quitte comme convenu. Il découvre effaré ce que cachait en fait cette relation torride...
En cette fin de décennie, le cinéma de genre transalpin est à l'agonie. Cela est également valable pour le cinéma érotique qui n'a jamais été aussi sage et soporifique. Certains réalisateurs vont désespérément tenter s'y accrocher afin de pouvoir survivre ou tout simplement boucler une triste fin de carrière. Si Joe D'Amato fait un peu figure à part, les quelques films érotiques qu'il tournera durant cette triste période avant de se jeter définitivement dans le X sont tout aussi insipides que n'importe quel autre film du même acabit. Undici giorni undici notti dont le scénario fut écrit par l'infatigable Claudio Fragasso ne déroge pas à la règle.
Si cela devait être un joli démarquage du sulfureux 9 semaines 1/2 d'Adrian Lyne cette version transalpine est loin d'en avoir l'aura sulfureuse. On pouvait s'attendre de la part d'un tel cinéaste, adepte de l'érotisme morbide et grand manitou de la perversion, à une oeuvre beaucoup plus dérangeante. Force est de constater que Undici giorni undici notti, entièrement tourné à la New Orlean, ne s'élève jamais plus haut qu'un banal téléfilm érotique totalement aseptisé et parfaitement ridicule. Michael va épouser dans 11 jours sa fiancée de bonne famille, Helen. Il rencontre la pulpeuse et très coquine Sarah avec qui il a une aventure. Il sera son amant durant 11 jours et 11 nuits avec lequel elle vivra ses fantasmes les plus débridés. Epuisé par cette double vie, Michael délaisse la pauvre Helen qui découvrira finalement la vérité.
Undici giorni undici notti plus souvent présenté sous son titre international, 11 days 11 nights, pourrait plus simplement s'intituler Les aventures de Clark Kent et Miss Nigaude tant les personnages sont niais et insupportables. Penaud, la frange impeccable et le brushing parfait, le visage dissimulé derrière ses grosses lunettes qui cependant ne lui permettent pas vraiment de voir combien sa future épouse est godiche et si peu étourdissante, Michael est le prototype même du gendre bêta, la tête à claques qu'on imagine partout sauf dans un film érotique tant il risque d'éteindre le peu d'excitation que la pellicule suscitait déjà au départ. Il nous faudra pourtant le supporter pour assister à ses mésaventures polissonnes, proie d'une affriolante gourgandine particulièrement coquine et joueuse, très axée sur les jeux et situations transgressives et le bondage. Voilà un programme qui en d'autres temps nous aurait valu toute une jolie série de douces perversions sadomasochistes et déviantes, soyons en sûr. C'est malheureusement plus à un épisode drolatique un brin égrillard des Feux de l'amour auquel on assiste puisque les jeux de Sarah, la friponne, ne dépassent guère ceux d'une adolescente à qui on a oublié de donner une bonne fessée afin de calmer ses tendances à faire des farces embarrassantes jamais amusantes.
On atteint par instant les limbes de la bêtise, on se pince pour voir si on n'est pas entrain de rêver, ce qui ne serait pas surprenant vu le coté soporifère de l'ensemble, mais ce n'est pas le cas. Tout ce qu'on voit à l'écran est bel et bien la triste réalité. La déviance chez D'Amato en 1987 consiste à obliger notre Clark Kent à porter des talons aiguille, des bas résille, des porte-jarretelles et un string noir en dentelle pour faire l'amour à sa maitresse d'un soir... 11 soirs plutôt... dans les luxueuses toilettes d'un restaurant, à lui écraser de la chantilly sur le nez en dégustant une glace, à crier "Au viol" en pleine rue afin de le mettre mal à l'aise, à lui mettre de la pommade glacée sur l'anus ou inviter une amie pour qu'elle lui fasse l'amour, du moins nous suggère D'Amato puisqu'il ne montre rien et préfère la gentille ellipse, à inviter ses amis chez lui pour danser et manger des rouleaux de printemps et des beignets de crevettes alors qu'il est en robe de chambre et vient de se sécher la frange au sèche-cheveux pendant que la fiancée de plus en plus godiche se pose des questions tout en essayant des robes de mariée toutes plus laides les unes que les autres, un peu comme si son physique ingrat déteignaient sur elles.
Dans ce n'importe quoi du fantasme de carnaval surnage deux scènes, la séquence d'ouverture sur le bateau où Sarah se donne désinhibée à notre benêt tout heureux et surtout celle du miel qui donne au film son seul et unique intérêt. Après l'avoir attaché nu au milieu du salon, Sarah, très gourmande et fort en appétit, recouvre voluptueusement de miel le corps puis le sexe de notre grand dadais pour mieux le lécher avec une étonnante sensualité au son d'une envoutante musique. Il faut reconnaitre le temps de quelques toutes petites minutes la force fantasmatique de cette très belle scène qui bien malheureusement se terminera en eau de boudin et refera retomber notre bonheur comme retombera le membre
certainement fort dressé de notre Clark Kent lorsque la vieille femme de chambre noire le découvrira ainsi, nu et tout enduit de miel, abandonné par sa peste d'amante. Quoi de mieux que d'aller au cinéma pour se changer les idées et nous offrir par la même occasion un grand moment d'hilarité. Nos deux tourtereaux sont en fait aller voir Bloody bird, le film de Michele Soavi. Très belle idée direz vous et joli clin d'oeil de la part de D'Amato sauf qu'au moment du générique, notre gourde de fiancée, ravie, les larmes aux yeux, s'exclame en riant "Comme c'était romantique!" A moins d'être ignare ou ne pas avoir reconnu le film projeté, Bloody bird est tout sauf un film tomantique! Joe D'Amato aurait il pris ses spectateurs pour des idiots?
Au bout de ces 11 jours et 11 nuits, entre la biscotte et le jus d'orange, Sarah demandera à son amant de la quitter afin qu'il aille se marier, une nouvelle qui lui déplaira tant il ne s'y attendait pas même si c'est le pacte qu'ils avaient fait, ses grosses lunettes devaient un peu trop appuyer sur son cerveau et bloquer ses neurones. Une gifle, quelques larmes. On apprend en trois secondes que tout cela n'était qu'une mise en scène. Sarah est écrivain et s'est servie de lui pour écrire son nouveau roman mais elle s'est prise au jeu des sentiments. Trop tard. Notre Clark Kent, tout fringant, un bouquet de roses rouges à la main, s'en est retourné vers sa nigaude de fiancée qui l'accueille les bras ouverts alors que le générique de fin défile sur une sirupeuse mélodie.
Accompagné d'une insupportable partition musicale aux accents disco jazzy faussement mélodieuse mais bénéficiant d'une superbe photographie, 11 days 11 nights multiplie les lieux de luxe, magnifiques appartements, hôtels luxueux aux couleurs chatoyantes pour un
érotisme aseptisé façon magazine de charme qui frustrera plus qu'il n'excitera puisque D'Amato ne montre rien. Tout est suggéré, pas l'ombre d'un nu si ce n'est quelques poitrines gentiment déshabillées, quelques attouchements discrets et beaucoup de lingerie. Les temps ont bien changé et les jeunes héroïnes aussi dévergondées soient elles gardent leur petite culotte en toute circonstance même en faisant l'amour! On aurait bien aimé que la pulpeuse Luciana Ottaviani (Les fantômes de Sodome) plus connue sous son habituel pseudonyme anglo-saxon Jessica Moore se dévoile un peu plus. Que nenni. Elle aguiche, allume, se caresse un peu mais se dévoile pas. Bizarrement on aura droit à deux plans furtifs de nu frontal de Joshua McDonald qui nous dévoilent un membre assez éloquent.
Quant à l'interprétation elle est à l'image du film, insipide. Si Luciana Ottaviani tire plus ou moins bien son épingle du jeu, rarement avait on vu un acteur aussi peu charismatique que Joshua McDonald, musicien à la base, aussi mauvais comédien que bien peu attirant. Quant à Mary Sellers, elle est comme d'accoutumée, insupportable. On reconnaitra le temps
de trois trop brèves séquences Laura Gemser dans la peau de la directrice littéraire de l'héroïne qui arbore pour l'occasion une coupe courte catastrophique à mi-chemin entre l'inspectrice des impôts et la bourgeoise austère. Si le cinéma érotique italien est bel et mort, Black Emanuelle l'est aussi, une affligeante constatation qui rend le film encore plus déprimant.
11 days 11 nights qui s'apparente sans mal à tous ces ennuyeux téléfilms roses inlassablement tournés pour les chaines câblées est un pseudo film érotique d'une insipidité et absurdité effarante, totalement inoffensif, dont le seul effet sera l'envie de pouffer de rire, ce qui n'est pas le but premier de ce type d'oeuvre. 11 days 11 nights comme la majorité des films réalisés à cette époque n'est que le triste reflet de la longue décadence du cinéma de genre italien définitivement mort et enterré.
Le film connaitra pourtant deux séquelles toujours réalisées par D'Amato, Top model / 11 days 11 nights 2 toujours avec Luciana Ottaviani qui reprend son rôle d'écrivain et 11 days 11 nights 3 avec cette fois la future porno star Valentine Demy.