La spiaggia del desiderio
Autres titres: Emanuelle de l'ile tabou / Emanuelle on taboo island / Taboo island / A beach called desire / Die frau vom Heisen Flub
Réal: Enzo D'Ambrosio
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 88mn
Acteurs: Laura Gemser, Paolo Giusti, Nicola Paguone, Arthur Kennedy...
Résumé: Daniel, un jeune drogué, fuit son passé suite à la mort d'une jeune fille dont il serait en partie responsable. Il échoue sur une île lointaine où vit Hayde, une belle indigène, son père et son jeune frère Juan avec qui elle entretient une relation incestueuse. Daniel tombe amoureux d'elle malgré la colère de son père. Ils vont vivre une belle romance qui attise la jalousie du frère..
La spiaggia del desiderio fait partie de toute cette série de films exotico-érotiques qui virent le jour à la fin des années 70 dont il n'y a guère à dire puisque la plupart du temps les scénarii étaient quasi inexistants. Le film du producteur scénariste Enzo D'Ambrosio dont ce fut la seule oeuvre pour le grand écran ne déroge pas à la règle.
On peut voir La spiaggia del desiderio retitré malicieusement Emanuelle on taboo island pour mieux tirer commercialement profit de la présence de Laura Gemser comme un très beau film de vacances coquin, une idylle charmante entre un jeune et charmant naufragé qui a fui le monde civilisé et une belle indigène qui vit seule sur une île avec son frère et son vieux père acariâtre.
Durant les 88 minutes que dure le métrage, D'Ambrosio filme ses trois principaux protagonistes entrain de batifoler sur le sable blanc, s'ébattre dans les flots bleus sous un soleil éblouissant ou au coeur d'une nature luxuriante entre deux envolées d'oiseaux exotiques et de magnifiques plans sous marins.
Si La spiaggia del desiderio est une sorte de superbe dépliant touristique pour vacances idylliques loin de cette civilisation que le bel héros décidera pourtant de retrouver en toute fin de bande, il tente néanmoins de s'ancrer dans le filon ouvert quelques années plus tôt par les films dans lesquels évoluait l'exotique Zeudi Araya. Derrière ces splendides images D'Ambrosio traite en effet de façon certes légère de l'éternel conflit entre l'amour et la mort. En jetant sur cette île déserte ce jeune drogué, D'ambrosio va semer le désir, le trouble, la jalousie et donc la haine dans cette micro communauté que compose cette petite famille. Il
va d'une part briser la relation incestueuse, un sujet alors très en vogue dans le cinéma de genre italien, qui lie la belle Hayde et son jeune frère Juan. Il va par conséquent s'attirer les foudres du garçon mais également provoquer la colère du vieux père qui refuse toute forme de civilisation sur cet endroit magique encore moins voir sa fille tomber amoureuse de cet intrus. Ces divergences ne pourront que déboucher sur un terrible drame lors d'un final assez brutal même si curieusement c'est sur une conclusion tout en demi teinte plutôt osée que se clôturera le film. Daniel retournera en effet vers le monde civilisé laissant la belle Hayde et son frère à leurs amours incestueuses.
Toute tension dramatique étant ici exclue à l'exception du dernier quart d'heure, Emanuelle on taboo island ne parvient donc guère à convaincre. Les thèmes soulevés restent beaucoup trop à l'état de brouillon pour réellement attiser l'intérêt ou provoquer une quelconque réaction du spectateur plus voyeur qu'acteur. Ils ne sont au final qu'un joli prétexte pour mettre en scène une simple aventure amoureuse triolique sur fond d'île enchanteresse.
L'océan à perte de vue, des plages de sable blanc, de merveilleuses criques, des forêts verdoyantes tropicales, voilà de quoi faire rêver à défaut de passionner. C'est tout là que réside le seul véritable intérêt de ce film où l'érotisme reste trop sage, un peu trop sage, de quoi décevoir quelque peu les admirateurs de Laura Gemser toujours aussi parfaite et
divinement belle même sans maquillage. Son corps de rêve épouse à merveille ces décors océans, ondule langoureusement au son d'une partition musicale synthétique aussi sirupeuse que mélodieuse signée Marcello Giombini mais on aurait aimé quelques sulfureux ébats et autres torrides étreintes sur le sable chaud.
A ses cotés, on retrouvera la beauté et les yeux émeraude de Paolo Giusti, une des stars d'alors du roman-photo, ex-modèle et jeune acteur qui serra entre autres dans ses bras Romy Schneider et Jean Seberg, et le tout aussi séduisant Nicola Paguone dont ce fut malheureusement la seule apparition au grand écran. On notera dans le rôle du vieux père alcoolique de Laura la présence du vétéran hollywoodien Arthur Kennedy venu très certainement passer quelques jours de vacances au frais de la production. Si cette plage du désir était le paradis, ses trois protagonistes en seraient fort certainement les dieux.
Si on excepte l'ouverture du film où un gang de motards tue une jeune fille lors d'un flash-back assez brutal, la raison pour laquelle le héros s'enfuira sur cette île lointaine, La spiaggia del desiderio est un petit film érotico-exotique anodin sans prétention aucune hormis celle de faire rêver et s'évader le spectateur par delà les océans loin de toute civilisation tout en lui offrant en guise d'apéritif fruité un zeste de douce perversion incestueuse. Cela suffit largement à retenir l'attention.
Si La spaggia del desiderio fut un échec en Italie lors de sa sortie, le film de D'Ambrosio rencontra cependant un joli succès d'estime à l'étranger.