Senza Buccia
Autres titres: Skin deep / Vacaciones al desnudo
Réal: Marcello Aliprandi
Année: 1979
Origine: Italie / Espagne
Genre: Erotique
Durée: 100mn
Acteurs: Lilli Carati, Ilona Staller, Olga Karlatos, Maurizio Lupi, Juan Carlos Naya, Maurizio Interlandi, Miki Vouk, Taida Urruzola...
Résumé: Un adolescent, Daniele, se souvient de ses vacances d'été passées dans une somptueuse villa quelque part en Sicile. Rejoint par un couple de jeunes nudistes norvégiens, Daniele et ses deux amis, Giulano et Barbara, vont en leur compagnie découvrir les plaisirs naturistes. Les passions amoureuses vont naitre sur fond de drames et de jalousie. Daniele va alors tomber amoureux d'Adriana, une femme mature venue louer une des chambres de la villa alors que Barbara sombre dans le désespoir après avoir découvert que Giuliano la trompait avec la jeune norvégienne...
Cette petite coproduction italo-hispanique aujourd'hui oubliée n'est jamais qu'une inoffensive petite aventure érotico-morbide qui se déroule sur fond de somptueux paysages siciliens. Marcello Aliprandi à qui on doit l'étrange film fantastique Un sussurro nel buio reprend le schéma classique de ce type d'oeuvres et livre une histoire sans réelle surprise mais suffisamment tragique pour retenir l'attention. Un adolescent, Daniele, se souvient de ses vacances d'été passées en compagnie de deux amis dans une magnifique villa au bord de la mer. Un jeune couple de nudistes les y avait rejoint. Ensemble, ils allaient vivre toute une série d'aventures amoureuses qui déclencheront rivalités, tensions et drames jusqu'à ce que Daniele encore puceau tombe amoureux de la mère d'un de ses amis venue leur rendre visite. Il n'a plus qu'une idée en tête, qu'elle le déniaise.
Particulièrement mince, le scénario de Senza buccia dont la traduction littérale résume très bien le film est avant tout un fallacieux prétexte pour mettre en avant les pratiques naturistes d'un groupe de jeunes bourgeois milanais venu passer leurs vacances sur une île quelque part au large de la Sicile. La trame narrative particulièrement faible tente tant bien que mal de faire du film une sorte de mélodrame érotique faussement transgressif qui finalement ressemble à un beau film de vacances dont le nudisme, un sujet encore tabou mais d'actualité en Italie, en serait l'essence même. Aliprandi exhibe donc durant 90 minutes ses jeunes acteurs qui étalent généreusement leur nudité, totalement désinhibés, pour mieux enchaîner de jolies scènes érotiques qui ne dépassent cependant jamais les limites du softcore. Aussi léger soit il, Aliprandi tente tout de même de vaguement soulever quelques réflexions et d'aborder certains sujets plus graves comme le suicide qui serait l'issue inéluctable à certaines attractions sexuelles dangereuses. Malheureusement ces intéressants sujets sont traités de façon beaucoup trop superficielle et demeurent à l'état d'embryon. Ainsi jetés, ils servent uniquement à donner à l'ensemble un peu de relief et cette fameuse touche de morbidité si prisée des amateurs d'érotisme aussi décadent que prurigineux.
Senza buccia qui se rapproche aisément d'oeuvres telles que le solaire Il sole nella pelle représente également la fin de toute une époque, celle de . Le film de Aliprandi, s'il est fait essentiellement pour
un public voyeur, est le reflet du mode de vie de la jeunesse d'alors, de sa sexualité, autour de laquelle se greffe une vague critique sociale, très courante dans le cinéma transalpin, celle d'une part d'une bourgeoisie décadente vouée à la dépravation et d'autre part de l'éternel conflit des
générations imagé ici par une liberté sexuelle extrême mais
également par l'exposition éhontée de ses parties génitales. Aliprandi évite bien entendu toute forme d'analyse. Il se contente de montrer tout un tas de banalités libertines aidé par un groupe d'acteurs bien peu pudiques. Voilà qui est dommage mais ce vide narratif n'entache pas le plaisir coupable pris
à la vision de cette lumineuse petite bande érotique.
On admirera en effet le bleu de la mer, la stupéfiante beauté des plages baignées de soleil et des terres volcaniques de Sicile dont le cinéaste assisté de Ugo Liberatore, le précurseur du filon érotico-exotique, sait admirablement bien tirer avantage. Il met tout autant en valeur les charmes de ses
protagonistes insouciants et plein de vie qui passent le plus clair de leur temps entièrement nus pour la plus grande joie du spectateur, un plaisir décuplé puisque en tête de distribution on retrouve la brune et très méditerranéenne Lilli Carati alors en pleine gloire, au sommet de sa splendeur, dans la peau d'une jeune bourgeoise snob et jalouse aux cotés d'une beauté plus nordique cette fois, la blonde et volage Ilona Staller, future Cicciolina et symbole vivant de liberté sexuelle. Certains ne manqueront pas de rapprocher le tandem de celui qu'elle formait avec Gloria Guida deux ans plus tôt dans Avere vent'anni de Fernando Di Leo.
On notera également la présence de l'espagnole Taida Urruzola qu'on reverra quelques années plus tard dans Rush 2 mais surtout de la toujours aussi belle Olga Karlatos trop peu dénudée malheureusement qui incarne cette femme mature qui fera perdre la tête au jeune Danny. Il est intéressant de préciser que Senza Buccia est un des tout premiers et très rares films
érotiques italiens de cette époque où la nudité masculine est montrée de
front. Voilà qui était assez exceptionnel pour être souligné. Les
admirateurs des jeunes Maurizio Interlandi, brun ténébreux au charme latino fracassant déjà repéré dans L'insegnante balla con tutta la classe / La championne du collège, Miki Vouk un jeune inconnu sorti de nulle part dont ce sera l'unique prestation au cinéma et l'angélique espagnol Juan Carlos Naya qui poursuivra par la suite une longue carrière télévisée seront donc aux anges en léchant de leur regard étincelant leur corps d'éphèbes, exhibant fiers et impudiques, l'objet de tous les désirs.
Pour l'anecdote, le tournage du film fut souvent rendu difficile par les humeurs et caprices de star de Ilona Staller, sans cesse entourée de son serpent fétiche. Aliprandi tout comme ses partenaires, Lilli Carati en tête, eurent parfois bien du mal à parfois la supporter.
Bercée par une jolie et sirupeuse partition musicale signée Pino Donaggio, Senza buccia est une agréable légèreté coquine, une divertissante et très
ensoleillée partie érotique avec pleine vue sur de magnifiques
parties... intimes dont le taux de nudité égale plus ou moins le taux
d'humidité.
Outre la vidéo italienne, la façon la plus simple de visionner Senza Buccia est de se procurer une des versions télévisées parfois diffusées sur les chaines espagnoles après s'être bien sur assuré que la copie présentée est bien de 100 minutes.