Paola Morra: La météorite aux yeux de chat
Il est des étoiles filantes parfois même plus que filantes, qu'à peine aperçues, elles ont déjà disparues. C'est à cette catégorie qu'appartient Paola Morra tant son passage sur grand écran fut bref. Très court certes mais fort remarqué puisqu'en l'espace de seulement deux petites années, le temps que dura sa carrière, cette petite brune à la frange rebelle et aux yeux de chatte sut se faire apprécier des amateurs de cinéma Bis italien.
Née le 20 mars à Rome, après une enfance paisible, c'est à 19 ans que Paola se fait remarquer pour la première fois en posant nue pour le numéro de février 78 de la revue Playboy. Fière de cette popularité toute neuve, Paola garde pourtant la tête froide et déclare alors: Le cinéma m'intéresse mais il est hors de question que je couche pour réussir ou que je tourne des films qui vont contre mes idées et mon éthique.
Au vu de sa future carrière, on peut se demander si Paola était sincère ou si ce n'était qu'un coup de bluff pour donner un peu de luisant à son image.
Quoiqu'il en soit, elle débute en 1979 dans le film de Walerian Borowczyk, Interno di un convento / Intérieur d'un couvent, qui restera son film le plus ambitieux même si elle n'y a qu'un rôle secondaire, celui d'une jeune novice perdue au milieu d'autres novices. A cette époque, le grand spécialiste des lolitas en herbe et de l'érotisme all'italiana Alberto Lattuada la remarque et dira d'elle qu'elle est un croisement entre Maria Schneider pour le coté torride et sulfureux qui émane d'elle et de Caroline De Monaco pour son air et sa grâce de princesse.
C'est en 1979 qu'elle revient au cinéma avec pas moins de quatre films. C'est tout d'abord, L'insegnante balla con tutta la classe / La championne du collège de Giuliano Carnimeo dans laquelle elle est une des étudiantes du titre aux cotés de la splendide Nadia Cassini. Suivra Amazzare il tempo avec Stefania Casini le film de Mimmo Rafaele tiré du roman éponyme de Lidia Ravera.
Mais c'est surtout le percutant Suor Omicidi / La nonne qui tue/ La petite soeur du diable de Giulio Berruti qu'on retiendra dans sa filmographie puisqu'il restera son film le plus connu avec Intérieur d'un couvent. Nunsploitation mâtiné de giallo, Suor omicidi est un curieux mais fort réussi hybride de ces deux genres que domine la présence de la plantureuse Anita Ekberg avec qui Paola partage les scènes les plus chaudes.
La jeune actrice part alors en Espagne où elle va tourner une poignée de films softcore dont Le porno relazione de D. Santillan. Paola s'éprend alors du réalisateur Massimo Pirri avec qui elle vivra une intense mais brève relation avant de disparaitre sans vraiment laisser de trace. Mais c'est son addiction à la drogue qui très certainement l'a lentement détruite. Bien ironiquement, Paola aimait clamer haut et fort qu'elle n'aspirait pourtant qu'à une vie saine. La pratique du yoga et du sport avaient réussi à la libérer de ses peurs, de sa rancoeur, de sa timidité et des choses négatives qui entouraient sa vie. Comme quoi il y a parfois un abysse entre ce qu'on déclare et ce qu'on fait en réalité.
Paola s'est définitivement retirée du monde du show bizz mais à nos yeux elle restera à jamais l'incarnation parfaite de la jeune et belle novice, à la fois innocente mais si vicieuse.