Zenabel
Autres titres: Faut pas jouer avec les vierges / La furie du désir
Real: Ruggero Deodato
Année: 1969
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 85mn
Acteurs: Lucretia Love, John Ireland, Lionel Stander, Mauro Parenti, Fiorenzo Fiorentini, Elisa Mainardi, Luigi Leoni, Ignazio Leone, Nassir Cortbawi, Christine Davray, Fiammetta Baralla, Agostino De Simone, Carlo Pisacane, Andrea Scotti, Dominique Badou...
Résumé: Espagne - 1627 - Zenabel, une jeune roturière, découvre lors de la mort de son père, ses véritables origines. Elle est en fait issue d'une famille de nobles que l'infâme Don Alonso a assassiné afin de leur voler leurs titres. Zenabel n'a dés lors plus qu'une idée en tête: récupérer ce qui lui revient de droit. Aidée par une jolie bande de malfrats mais également du beau Gennaro dont elle est amoureuse, elle part en guerre contre Don Alonso...
Très à la mode en cette fin d'années 60, les fumetti, noms donnés en Italie aux bandes dessinées pour adultes, furent pour certaines adaptées au grand écran comme ce fut le cas pour Isabella duchessa dei diavoli à qui Bruno Corbucci donna vie. La même année, en 1969, Ruggero Deodato, alors jeune réalisateur, à mille lieues de ses délires anthropophages, s'inspira d'Isabella pour créer Zenabel dont l'histoire reprend les grandes lignes de cette dernière.
La jeune Zenabel découvre un jour que du sang bleu coule dans ses veines. Ses parents auraient été tués par l'infâme Don Alonso qui usurpa son titre. A la tête d'une bande de malfrats, Zenabel part en guerre contre Don Alonso bien décidée à reprendre ce qui lui revient. Si l'intrigue suit celle d'Isabella, le film de Deodato, directement imaginé pour le grand écran, diffère de celui de Corbucci par bien des aspects. En fait Zenabel possède tout ce qui pouvait manquer à Isabella duchessa dei diavoli, cet esprit ludique, enlevé, cette bonne humeur caractéristique des bandes dessinées auquel le générique fait référence avec ses bulles multicolores à l'intérieur desquelles apparaissent les crédits ou les dialogues des flashes-back qui retracent le massacre de la famille de Zenabel.
Deodato signe là un véritable film de cape et d'épée à l'italienne, à mi chemin entre Robin des Bois et Zorro, joyeux, drôle, plein de vie mâtiné d'un zeste d'érotisme coquin particulièrement agréable.
Tourné dans les très beaux paysages campagnards de Bracciano, Zenabel enchaine avec allégresse et sans aucun temps mort péripéties et scènes cocasses, combats et scènes légères. Inutile de dire qu'on ne s'ennuie pas une minute. Rythmé par une partition musicale guillerette signée Ennio Morricone et Bruno Nicolai, agrémentée d'une très jolie chanson aussi entrainante que féministe, Zenabel est une vraie épopée familiale qui ravira grands et petits qui fera vite oublier le manque d'entrain du film de Corbucci.
Outre ce ton ludique particulièrement plaisant, le film doit également beaucoup à la jolie prestation de la blonde Lucretia Love dans le rôle titre, naturelle et désarmante.
Pour son premier vrai grand rôle au cinéma après quelques participations ça et là, Lucretia donne beaucoup d'elle même dont une bonne part d'humour à son personnage. A la mine boudeuse et le manque de conviction de sa consoeur Brigitte Skai répondent ici la détermination et la candeur de Lucretia, véritable atout du film. Si Lucretia ne possède pas les formes opulentes de Brigitte, elle n'en oublie pas pour autant de se déshabiller, distillant ainsi un érotisme bon enfant d'une étonnante fraicheur, bucolique. En culotte et cuissardes, drapée de voiles diaphanes ou gambadant nue, Lucretia incarne une Zenabel franchement sympathique, déterminée et un brin gaffeuse qui derrière son combat personnel tente une dénonciation de l'occupation espagnole de l'an de grâce 1627.
A l'image de Isabella et Angélique, Zenabel vit elle aussi une jolie mais fort contrariée histoire d'amour avec le beau Gennaro, interprété par Nicola Mauro Parenti, producteur du film et époux de Lucretia dans la vie, pour qui elle abandonnera ses titres de noblesse après un final ébouriffé contre l'infâme Don Alonso.
Distribué en France sous les titres Faut pas jouer avec les vierges puis La furie du désir, Zenabel fut honteusement truffé d'inserts érotiques et pornographiques apparemment tournés par Claude Pierson qui aurait utilisé sa compagne d'alors Christina Davray.
Aux cotés de Lucretia et Nicola Mauro Parenti, on reconnaitra John Ireland dont les caprices de star rendirent fou Deodato lors des quelques scènes où il apparait, la sexy starlette Elisa Mainardi et Lionel Stander plus cabotin que jamais entouré de nymphettes en tenue d'Eve.
Zenabel est une pure distraction, une douceur estampillée années 70, un film de cape et d'épée fort divertissant qui soyons en certains mettra le spectateur de bien joyeuse humeur.