Sepolta viva
Autres titres: La tour du désespoir / Woman buried alive / La sepultada viva
Real: Aldo Lado
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 102mn
Acteurs: Agostina Belli, Maurizio Bonuglia, José Quaglio, Fred Robhsam, Dominique Darel, Monica Monet, Laura Betti, François Perrin, Daniele Dublino, Edda Valente, Patrizia De Clara, Patrick Morin...
Résumé: 1780- France. Le jeune et riche propriétaire du château de Coetquen épouse la jeune et belle duchesse Christina, issue d'une modeste famille de pêcheurs. Ses frères voient s'écrouler avec cette union leur chance de toucher un jour l'héritage paternel. Ils vont alors tramer un terrible complot. Ils décident d'enfermer Christina et de faire croire à sa mort. Ainsi, une nuit, la duchesse est droguée puis enfermée dans une tour du château afin que tout le monde croit à sa mort. Retenue prisonnière à vie, enceinte, Christina accouche d'un fils. Seules une paysanne et un petit garçon connaissent l'atroce vérité...
Inspiré du roman éponyme de Marie Eugénie Saffray, Sepolta viva fait non seulement partie des films les plus méconnus du réalisateur mais également des moins percutants. Si au départ l'idée de Aldo Lado était d'en faire une comédie avec pour principal interprète le fameux comédien de théâtre Paola Poli qui avait l'habitude de jouer travesti, l'idée tomba malheureusement à l'eau et Lado dut rapidement s'organiser afin de pouvoir tourner le film. Changement de ton, les producteurs désiraient un film sérieux, et changement d'affiche aussi puisque selon ses propres aveux il dut avoir recours aux pires acteurs que le cinéma italien pouvait alors proposer. Comme le roman photo connaissait un gros succès auprès d'un certain public, Lado décida de faire de Sepolta viva un véritable roman photo destiné aux amateurs du genre.
Et Sepolta viva est bel et bien un beau roman photo, un joli feuilleton rocambolesque en costumes d'époque que n'aurait pas renié Alexandre Dumas dans lequel on en retrouve tous les ingrédients. Troubadours, chasse au renard et promenades bucoliques, amours romanesques et sentimentalisme à l'eau de rose se mélangent allégrement aux éléments traditionnels de cape et d'épée dont les combats que se livrent une série de personnages corrompus, de traitres et traitresses, d'imposteurs, quelques tortures plus timides que stupéfiantes le tout arrosé d'un soupçon d'érotisme emprunté aux fumetti, ces bandes dessinées pour adultes typiquement italiennes.
On est là face à un film populaire comme l'Italie en fit durant les années 40, un style qui revint quelque peu à la mode à la fin des années 60 avec notamment la célèbre saga des Angélique et quelques temps plus tard Zenabel et Isabelle duchesse des Diables. Le film de Lado est on ne peut plus classique. Il se contente d'appliquer une recette bon marché qui fonctionne parfaitement certes mais la lenteur de la mise en scène risque d'avoir raison de plus d'un. Fort heureusement, les décors retiendront l'attention du spectateur, un château médiéval quelque part dans le Val d'Aoste qui se dresse face aux chutes de Monte Gelato, et quelques jolies scènes qui émergent de l'ensemble telles que celles où Giovanna la folle entend les hurlements de la princesse enceinte séquestrée dans les tours du château et de façon générale, celles, dramatiques, qui se déroulent dans la tour ou bien celle, crépusculaire, où Ferdinand se réveille au milieu des orgies organisées dans son château.
Toujours au crédit du film une bien jolie partition musicale signée Ennio Morricone et Bruno Nicolai qui oscille entre le romantisme fleur bleue et le tragique.
La distribution n'est guère éclatante puisqu'elle se contente de réciter des dialogues de manière très théâtrale si on excepte la magnifique et convaincante Agostina Belli dans le rôle de l'innocente princesse, jeune et fragile jeune fille au coeur d'un sombre complot, le toujours performant José Quaglio dans la peau de Morel, le méchant de ce mélodrame, Maurizio Bonuglia qui incarne pour sa part un autre méchant mais par contrainte cette fois et la toujours excellente Laura Betti. A leurs cotés, toute une ribambelle d'acteurs venus de la télévision ou n'ayant jusqu'alors fait que quelques courtes apparitions au cinéma. Fred Robsahm, le jeune acteur qui interprète Philippe, le bel amant de la princesse, était d'origine norvégienne. On le reverra entre autres dans Peccati di gioventu aux cotés de Gloria Guida avant de connaitre dés la fin des années 70 un bien triste destin, emporté par la maladie et la misère.
Sepolta viva connut chez nous sous le titre fort évocateur La tour du désespoir est un gentil mélodrame qui devrait plaire à tous ceux qui, émerveillés, rêvent encore devant les amours tragiques de jolies princesses en détresse et de perfidies aristocrates. Sans être un chef d'oeuvre, le film de Lado est un honnête divertissement, on était simplement en droit d'attendre un peu mieux d'un tel réalisateur.
Le film de façon plutôt inattendue connut un certain succès en Italie tant et si bien qu'une fausse suite avec d'autres acteurs, notamment Eva Czemerys, fut réalisée l'année suivante Il figlio della sepolta viva mis en scène cette fois par Luciano Ercoli.