Isabella duchessa dei diavoli
Autres titres: Isabelle duchesse des diables / Isabel duchess of the Devils / Ms Stiletto
Real: Bruno Corbucci
Année: 1969
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 90mn
Acteurs: Brigitte Skay, Fred Williams, Mimmo Palmara, Sal Borgese, Elina De Witt, Tino Scotti, Alberto Sorrentino, Furio Meniconi, Giacomo Furia, Renato Baldini, Lucia Modugno, Enzo Andronico, Mario Novelli, Gioia Desideri, Luca Sportelli, Thomas Astan, Aldo Ralli...
Résumé: Le fourbe Baron Eric Von Nutter cherche à s'approprier les terres du Duc de Frissac, son ennemi juré. Après avoir attaqué le chateau du Duc qui refuse de lui céder ses terres, le baron le tue avant de massacrer toute sa famille. Seuls la fille du duc, Isabelle, qui n'a alors que 5 ans, et Mélicourt son fidèle serviteur échappent à la tuerie. Ils sont recueillis par une troupe de bohémiens qui vont élever la fillette et lui apprendre le maniement des armes. Devenue adulte, la jeune femme découvre par hasard ses nobles origines et la mort tragique de ses parents massacrés par l'infâme baron. Elle n'a alors plus qu'une seule idée en tête: se venger même si pour cela elle doit faire passer au second plan l'amour que lui porte le séduisant Gilbert de Villancourt...
Bruno Corbucci, un des spécialistes de la comédie italienne plus ou moins graveleuse et surtout réussie, signait en 1969 une petit film d'aventures ou plus justement de cape et d'épée inspiré de la célèbre bande dessinée pour adultes éponyme signée Giorgio Cavedon et Sandro Angiolini.
Entre Angélique et Lady Oscar, Isabella duchessa dei diavoli est en fait une petite série certes plaisante à suivre mais à qui il manque l'essentiel, cette fougue, ce ludisme, ce léger souffle épique qui caractérise l'oeuvre dont le film est tiré. La platitude de la mise en scène et le peu de conviction semble t-il des comédiens n'aident guère à donner à l'ensemble cette énergie qui lui font trop défaut comme en témoigne la scène d'ouverture, le massacre de la famille d'Isabella où viols et égorgements se suivent de façon trop mollassonne. En fait Isabella duchessa dei diavoli vaut essentiellement pour deux choses: la beauté de ses décors tant extérieurs qu'intérieurs et la pointe d'érotisme plutôt audacieux pour l'époque qu'il dégage tout au long du métrage.
Si Angélique, incarnation de l'innocence et de la pureté, qu'interprétait l'inoubliable Michèle Mercier avait habitué son public à un érotisme souvent suggéré mais bel et bien présent donnant ainsi libre cours à ses fantasmes, Isabella personnifie de son coté pas forcément le vice mais l'audace, le coté volage et ardent, la face sexuelle trop cachée d'Angélique. Si Isabella multiplie volontiers les scènes de nu, s'offre docilement aux hommes tout en aimant le beau Gilbert de Villancourt mais également aux femmes nous délectant ainsi de quelques fort gentilles scènes saphiques, gardons en tête que Isabella est loin d'être aussi angélique que sa consoeur mais également que les temps changent. Nous sommes en 1969 mais nous sommes également face à du pur cinéma d'exploitation dont le public n'est certes pas celui du personnage que chérissait Robert Hossein. Entièrement nus, Isabella et Gilbert font l'amour tandis que Corbucci filme leurs ébats au ralenti. A cet érotisme, on ajoutera un soupçon de sadomasochisme au détour de quelques séquences de tortures raffinées que subit la pauvre Isabella quasiment nue.
C'est ici la haine et la rancoeur qui sont les motivations premières de Isabella qui pour assouvir sa vengeance n'hésite pas à manier avec dextérité l'épée pour combattre ceux qui jadis assassinèrent sa famille, et ce sont contre des hommes que la brave héroïne se bat de manière générale, incarnation du courage et de la force. Sera t-on étonné donc si la bande dessinée fut jadis lue par autant d'hommes que de femmes? Isabella fut en effet témoin du massacre de ses parents par le baron Von Nutter. Sauvée in extremis elle fut recueillie et élevée par des gitans lorsqu'un jour elle découvrit ses nobles origines. C'est au détriment de son amour pour Villancourt et de sa vie de femme qu'elle poursuivra sa vengeance. Isabella, loin du romantisme mielleux d'Angélique, incarne la femme forte, vindicative, une femme presque moderne qui n'a peur de rien et se sert de ses charmes et de son corps pour parvenir à ses fins.
Adieu également robes et dentelles, Isabella arbore de très sexy tenues de cuir moulantes, porte cuissardes et collants chatoyants qui galbent ses jambes et mettent sa silhouette en valeur.
Il est donc fort dommage que la mise en scène ne suive pas et que sans être jamais réellement ennuyant le film se laisse parfois regarder d'un oeil distrait tant il manque par instant de nerf. Le final rehaussera quelque peu l'ensemble lors de la dernière forfaiture de Von Nutter et les ultimes combats qui nous dispensent de quelques effets gore sympathiques dont une étonnante décapitation.
On regrettera peut être l'utilisation de la sexy starlette allemande Brigitte Skay qui quelques années auparavant déclencha le scandale avec son premier film Sexy star. Toute attrayante et charmante soit elle, aussi parfaites que soient ses courbes, et même si il existe une certaine ressemblance entre elle et le personnage de la bande dessinée, Brigitte n'a rien vraiment d'une héroïne de cape et d'épée. Mono expressive, elle ne donne aucune épaisseur à son personnage, ne parvient à transmettre aucune réelle émotion. Elle se contente d'être belle et de se dénuder selon les exigences du scénario. Il est amusant de savoir que lorsque Isabella fut imaginée par ses auteurs en 1966, ceux ci s'étaient inspirés de... l'un des sex-symbol de ce milieu de décennie: Brigitte Bardot!
Isabella sera l'apogée de la carrière de Brigitte Skay qui par la suite jusqu'à sa totale disparition à l'aube des années 80 devra se contenter de simples rôles de second plan. A ses cotés, on reconnaitra quelques grands noms du cinéma de genre italien tels que Sal Borgese, Mimmo Palmaraqu'on aurait aimé un peu plus sadique dans le rôle du perfide baron, Tino Scotti ou Mario Novelli.
Isabella duchessa dei diavoli reste une simple et honnête distraction, un sympathique film de cape et d'épée tendance exploitation qui sans être transcendant fait gentiment passer le temps tout en faisant oublier un temps la mièvrerie de bon aloi d'Angélique.