Dopo di che uccide il maschio e lo divora
Autres titres: Etat civil: Marta / Marta / Martha
Real: José Antonio Nieves Conde
Année: 1971
Origine: Espagne / Italie
Genre: Giallo
Durée: 85mn
Acteurs: Marisa Mell, Stephen Boyd, Jesús Puente, George Rigaud, Howard Ross, Isa Miranda, Nélida Quiroga...
Résumé: Miguel fait un jour la connaissance de Martha après que la jeune femme se soit introduite sur les terres du manoir. Il lui offre l'hospitalité lorsqu'elle lui avoue qu'elle est en fait en fuite. Elle aurait tué son mari et lui fait promettre de ne pas appeler la police. Martha est le sosie de la défunte épouse de Miguel, Pilar, morte dans d'étranges circonstances. Si l'homme vit dans son souvenir il est également obsédé par sa mère, une femme acariâtre et castratrice qui a toujours détesté Pilar. Hanté par ses deux femmes, Miguel parvient tout de même à entretenir une certaine relation amoureuse avec Martha qui n'est autre que la soeur de Pilar, venue découvrir la vérité sur les étranges circonstances de sa mort...
Petite incursion dans l'univers du giallo pour le vétéran espagnol José Antonio Nieves Conde qui débuta sa carrière dans les années 40 et c'est résolument de Hitchcock que s'est inspiré le réalisateur pour ce thriller au titre particulièrement évocateur et fort approprié ici. Dopo di che uccide il maschio e lo divora, littéralement Après quoi elle tue le mâle et le dévore, puise en effet son sujet tant dans Psychose (l'influence de la mère castratrice et acariâtre qui hante le héros) que dans Rebecca (l'obsession pour la première épouse et les souvenirs de famille) tout en se référant à Perversion / Una sull'altra de Lucio Fulci pour le personnage de Martha, le sosie de la première épouse du protagoniste qui se révèle être la soeur de celle ci interprétée là encore par Marisa Mell qui de blonde se transforme en brune pour ce machiavélique subterfuge.
L'intrigue est des plus simples et ne surprendra guère les amateurs de gialli. Miguel vit dans le souvenir de sa défunte épouse Pilar que sa mère, une femme acariâtre et possessive, n'avait jamais accepté. Un jour, Miguel fait la connaissance de Martha, une jeune femme qui, poursuivie par une meute de chiens après s'être introduite sur ses terres, a perdu connaissance. Traumatisée, il accepte de l'héberger. Martha n'est pas seulement le sosie de Pilar mais elle est également en fuite puisqu'elle aurait tué son mari. En fait Martha est la soeur de Pilar. Persuadée que sa mort n'est pas naturelle, la jeune femme est bien décidée à découvrir la vérité en faisant éclater les lourds secrets de famille de Miguel, un homme névrosé obsédé par sa mère aussi tyrannique que castratrice.
Le plus gros reproche qu'on pourrait faire au film de Nieves Conde c'est son manque d'originalité. Vue et revue l'histoire, écrite par Tito Carpi, ne présente aucune réelle surprise et très vite le spectateur un tant soit peu habitué à ce type de scénario en aura mis au grand jour les tenants et les aboutissants d'autant plus que la plupart des rebondissements sont parfaitement téléphonés. Dopo di che uccide il maschio e lo divora accumule en outre les invraisemblances tant et si bien qu'il est assez difficile de croire en cette histoire jamais très crédible non plus. Nieves Conde manque de finesse et de subtilité. Les ficelles toute intéressante soient elles sont ici trop grosses pour que la recette fonctionne. C'est donc sans grand étonnement qu'on découvrira les conditions et les raisons de la mort de Pilar, putain et mante religieuse, assassinée par un homme devenu impuissant suite aux pressions d'une marâtre qui le fit haïr les femmes. On regrettera également une certaine baisse de régime dans la mise en scène, inégale, et quelques lenteurs.
Cependant Dopo di che uccide il maschio... n'est pas un mauvais film en soi, loin de là. Il se laisse même regarder avec un certain plaisir. Ainsi les décors sont magnifiques et rapprochent le film d'un certain cinéma gothique de haut niveau. Toute l'intrigue se situe en effet dans un superbe manoir où chaque pièce, ornées des lourds portraits ancestraux, décorées d'objets témoins d'un passé coupable, semble dissimuler de tragiques secrets. Certaines de ses chambres ont une aura par instant quasi mystique et leur découverte font partie des grands moments du film telle la chambre familiale secrète où sont réunis tous les souvenirs de famille et la salle des armures, terrifiante, transformée en une terrible chambre de torture, les armures elles mêmes servant de tombe aux malheureuses victimes.
On se réjouira également de la présence de Marisa Mell, excellente dans le double rôle de Pilar/Martha. Outre son interprétation toujours aussi délicieuse, elle apporte au film cette indispensable touche d'érotisme, légère toutefois, mais non négligeable. L'austérité de la rigide Nelida Queriga qui endosse la peau de cette mère indigne, bien que trop peu présente à l'écran, achève de conférer au film une atmosphère par moment lourde et suffocante.
Très peu sanglant puisqu'on est ici beaucoup plus dans le cadre d'un giallo atmosphérique, Dopo di che uccide il maschio e lo divora réserve quelques rares effets sanglants là encore non négligeables.
Ne serait-ce que pour ces quelques jolis atouts, le film de Nieves Conde demeure une oeuvre certes bien banale mais honnête visuellement très belle et plaisante à suivre. Dopo di che uccide il maschio e lo divora fait partie de ces gialli oubliés devenus aujourd'hui difficilement visionnables dont les seuls supports pour l'amateur de perles rares sont quelques éditions vidéos fort médiocres et des épisodiques passages télévisés sur les chaines italiennes.