L'amant de poche
Autres titres: The pocket lover
Real: Bernard Queysanne
Année: 1978
Origine: France
Genre: Dramatique
Durée: 94mn
Acteurs: Mimsy Farmer, Pascal Sellier, Andrea Ferréol, Serge Sauvion, Bernard Fresson, Madeleine Robinson, Eva Ionesco, Stéphane Jobert, Véronique Belbourg, Roger Hanin, Jacques Spiesser, Robert Hossein...
Résumé: Julien a 15 ans. Collégien timide, il rencontre une nuit dans un bar une énigmatique femme de 35 ans, Helena. Capo, son meilleur ami, ne peut s'empêcher de la draguer mais l'inconnue semble avoir jeté son dévolu sur l'adolescent. Elle le force à l'amener chez lui et le déniaise dans le lit parental avant de disparaitre au petit matin. Tombé sous son charme, Julien ne pense qu'à elle. Un jour, elle réapparait à la sortie du collège. C'est le début pour eux d'une longue histoire d'amour interdite. Il ne peut vivre sans elle malgré la vie secrète de Helena. Il finit par découvrir qu'elle est en fait une prostituée de luxe. Si cela ne ternit pas l'amour qu'il lui porte, cela complique encore plus leur relation. Banni de sa famille, conspué par ses camarades d'école, Julien fugue avec Helena, déchirée entre les profonds sentiments qu'elle porte à l'adolescent et sa condition de call girl à laquelle elle ne peut échapper...
Troisième film du réalisateur Bernard Queysanne qu'on avait découvert quelques années auparavant avec les prometteurs Un homme qui dort et Le diable au coeur, L'amant de poche n'est ni plus moins que l'adaptation du sulfureux roman éponyme de Valdemar Lestienne dont le thème principal n'est autre que l'éducation sexuelle d'un adolescent de 15 ans par une femme d'âge mûr.
Si à sa sortie le film provoqua une mini vague de scandale, L'amant de poche est pourtant loin d'être aussi scabreux que son sujet pouvait le laisser entendre. Plus proche de la comédie dramatique que de la véritable dramatique, le film de Queysanne préfère traiter avec un certain humour cette histoire d'amour interdite entre un collégien de 15 ans et une prostituée de luxe qui a passé la trentaine. Julien est au collège. Adolescent timide et maladroit, il se laisse souvent entrainer par Capo, son meilleur ami et dragueur invétéré. Un soir, à la sortie d'une boum, ils rencontrent dans un bar une femme d'une trentaine d'années que Capo drague. La mystérieuse inconnue tombe sous le charme de Julien et bien malgré lui le force à l'amener chez lui. Dans le lit parental, elle lui vole sa virginité avant de disparaitre. Fou amoureux de cette femme qui pourrait être sa mère, Julien fera tout son possible pour la revoir. Elle lui réapparaitra un matin à la sortie du collège. Ce sera le début d'une longue et douloureuse histoire d'amour que la société réprime, un amour d'autant plus sordide que cette femme, Helena, est en fait une richissime call girl américaine. Fou amoureux l'un de l'autre, ils devront pourtant faire face à la dure réalité des choses.
Si le thème de l'initiation sexuelle d'un adolescent par une femme mature, des amours interdites entre un adolescent et un adulte ont souvent été abordés au cinéma, L'amant de poche s'il prend pour trame principale ces délicats sujets, soulève également d'autres points tout aussi difficiles comme la solitude d'une femme frustrée et insatisfaite isolée dans un milieu social bourgeois, l'isolement d'un adolescent qu'un amour aussi impossible que défendu oppose tant à sa famille qu'au milieu scolaire, la société et la famille vus comme des barrières, un carcan, une prison qui empêchent la réalisation de cet amour allant à l'encontre de toute valeur morale. Violence, répression, incompréhension, souffrance en découlent donc. C'est ici l'itinéraire de deux êtres rejetés par la société du fait de leurs relations qui envers et contre tous vivent leur fougueuse romance qui s'avérera finalement vaine.
Malheureusement Queysanne a semble t-il gommé tout le coté sordide de l'histoire, toute sa violence et son désespoir au profit d'une certaine légèreté et d'un humour potache parfois malvenus. On a parfois l'impression d'être face à une comédie dramatique pour adolescent où personne ne se prend réellement au sérieux. Cela désamorce beaucoup trop la puissance de cette histoire tragique qui de surcroit manque trop d'étoffe. Il manque en effet au film cette dimension dramatique, cette force sentimentale qu'on était en droit d'attendre d'un tel scénario. Il est donc assez difficile d'une part de s'attacher aux personnages et d'autre part de croire à leur amour fou, de ressentir leurs peines et chagrins, leur douleur. Privé de cette dimension humaine, L'amant de poche se laisse alors suivre sans grande émotion comme un simple film baigné d'une certaine tendresse.
Beaucoup plus accrocheur est le jeu des comédiens principaux qui au final sauve l'ensemble de la platitude. Mimsy Farmer, toujours aussi magnifique, à la fois femme fragile et déterminée, porte le film sur ses frêles épaules. Habituée aux rôles névrotiques, Mimsy est ici une prostituée de luxe qui à travers cet enfant s'échappe de cette vie faite d'artifices où défilent les hommes les plus riches de la planète, cette chair flasque qui la dégoute dont elle est l'objet, un numéro de téléphone qu'on appelle au bon gré de sa fortunée patronne, une Madame Claude internationale. Julien incarne à ses yeux cette innocence, cette pureté dont elle rêve, un retour à une vie simple faite d'amour et de véritables sentiments où elle peut enfin oublier sa condition de call girl à laquelle elle ne pourra malheureusement pas échapper.
A la vision de L'amant de poche, on ne peut qu'imaginer ce que l'Italie aurait pu faire d'un tel sujet. On ne regrettera que davantage son manque d'audace, l'absence de toute acidité, l'essence même du cinéma italien d'alors habitué à ce type de scénario aigre-doux qui osait aller par delà les tabous pour mieux satisfaire un public avide d'histoires graveleuses qui n'excluaient pas pour autant une jolie pointe de tendresse et d'émotion. On est ici assez loin de La bambina, des Tourments de l'innocence et autres La svergognata.
Sans être mauvaise, l'interprétation du jeune Pascal Sellier manque quelque peu de relief mais on appréciera son aisance à jouer nu face à Mimsy Farmer. Queysanne a d'ailleurs tendance à vouloir filmer ces jeunes interprètes en dessous de la ceinture, parfois gratuitement... mais allons nous nous plaindre! Outre les quelques plans de nu frontaux de Pascal et ses nombreuses scènes uniquement vêtu d'un slip, on retiendra la visite médicale scolaire et la bataille dans les vestiaires où tous les collégiens sont en slip blanc pour le plus grand plaisir certes du spectateur mais aussi des jeunes filles, qui, déchainées, hurlent de bonheur derrière la porte vitrée.
Au générique, on retrouvera aux cotés de Pascal et Mimsy toute une pléiade d'acteurs français dont Andrea Ferreol et Serge Sauvion qui incarnent les parents de Julien, Bernard Fresson dans la peau d'un ministre et Madeleine Robinson en Madame Claude. Beaucoup trépigneront face à la présence de la petite Eva Ionesco, époque post Maladolescenza, qui interprète la petite copine de julien. Au grand dam de ses nombreux admirateurs, Eva n'a cette fois aucune scène de nu mais on jubilera face à la gifle qu'elle donne à Mimsy Farmer.
Quant à Pascal Sellier, malgré son corps frêle et ses airs candides, il avait alors 18 ans. Enfant de la télé habitué aux séries télévisées, il fut notamment le fils de Claude Jade dans L'ile aux 30 cercueils. Pascal tourna peu pour le cinéma mais joua par contre beaucoup au théâtre avant de se retirer définitivement de la scène et s'exiler à la Guadeloupe.