Le amanti del mostro
Autres titres: Lover of the monster
Real: Sergio Garrone
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 83mn
Acteurs: Klaus Kinski, Marzia Damon, Caterina Chiani, Stella Calderoni, Alessandro Perrella, Carla Mancini, Osiride Peverello, Carmen Silva, Bruno Arie, Luigi Bevilacqua, Amedeo Timpani, Romano Di Gironcoli...
Résumé: Le professeur Nijinski vient d'épouser en justes noces la belle Anijeska. Leur couple souffre du fait que le professeur soit impuissant. Frustrée, Anijeska se fait courtiser par le docteur Walenski, un état de fait que Nijinski, jaloux, voit d'un mauvais oeil. C'est alors qu'un monstre redoutable fait son apparition dans les campagnes avoisinantes. Il décime les paysans avec une rage stupéfiante. Une battue est organisée pour le capturer. Cet être redoutable aurait une relation avec le professeur qui s'affaire à de bien étranges expériences sur lui même. En fait il souffre de dédoublement de personnalité. Son double maléfique prend lentement le dessus..
Tourné simultanément avec La mano che nutre la morte, Le amanti del mostro demeure aujourd'hui encore une énigme. On est tout autant en droit de se poser les mêmes questions si ce n'est plus encore à la vision de cet étrange film réalisé là encore par Sergio Garrone. Le amanti del mostro ne pourrait en fait ne faire qu'un avec La mano che nutre la morte qui en fait ne serait qu'une de ces nombreuses opérations commerciales purement italiennes mises en place pour des questions de coproduction, dans ce cas précis la Turquie.
Les mystères quant aux deux films sont nombreux et les interrogations se multiplient. Pourquoi ne trouve t-on aucune trace de la production turque en Italie? Pourquoi en Italie les célèbres acteurs turcs, Ayhan Isik et Erol Tas, ne sont ils pas crédités au générique des deux films? Garrone n'aurait il pas tourné qu'un seul et unique film, à savoir La mano che nutre la morte, repris ensuite par la Turquie pour en réaliser un deuxième, Le amanti del mostro? On y retrouve les mêmes acteurs, les mêmes décors, les mêmes costumes et plus étrange, des scènes entières sont reprises dans Le amanti del mostro, certaines redoublées.
La vision de Le amanti del mostro laisse encore plus perplexe. Quel est donc le véritable objectif de ce film quasiment dénué d'intérêt et surtout de scénario qui donne l'impression d'être maladroitement assemblé? Après avoir pillé avec bonheur Les yeux sans visage de Franju pour le premier film, c'est cette fois Dr Jekyll et Mr Hyde que Garrone plagie allégrement. Le professeur Nijinski s'est récemment marié à la jeune et belle Anijeska. Souffrant d'impuissance, le professeur ne peut honorer son épouse qui aime se faire courtiser par un charmant homme. Maladivement jaloux, il ne peut tolérer cela. Parallèlement une créature monstrueuse erre dans la campagne et décime les paysans. Il ne fait aucun doute qu'elle est liée aux expériences auxquelles se livre le scientifique.
Garrone se contente simplement de reprendre les grandes lignes du roman de Stevenson en n'en gardant que l'ossature. En résulte un film d'épouvante classique dépourvu de tout suspens puisque dés le départ on est mis face à la schizophrénie du professeur. Le film s'étire alors péniblement sur 83 minutes que Garrone sans conviction aucune tente de remplir comme il peut. Une longue battue à travers bois, un faux coupable abattu, pas mal de scènes de bavardage et de séquences empruntées à La mano che nutre la morte et d'innombrables plans sur Kinski en train de errer hagard dans la forêt représente les trois quart de Le amanti del mostro, titre mensonger puisque s'il y a bel et bien un monstre, il n'y a aucune amante!
Le seul véritable atout du film est Klaus Kinski sur qui ce semblant de film d'horreur gothique tardif repose entièrement. Egal à lui même, on appréciera son jeu névrotique, ses errances dans les bois et la crypte secrète, l'air hébété, ravagé par son double. Pour cette occasion de simples lentilles de contact bleu et un faciès grimaçant feront l'affaire tandis que la bande son, poussée à l'extrême, se compose de cris, de soupirs et de halètements mêlés à des voix sépulcrales. On pourrait presque dire que Le amanti del mostro est un film où Kinski fait son show.
Dans tout cela surnagent heureusement quelques bonnes scènes dont le final, tragique, mais l'inconsistance du scénario, le peu de conviction de Garrone dans la mise en scène, bien approximative, cette impression d'assemblage, rendent l'ensemble ennuyeux et bien fade d'autant plus qu'il n'y a pratiquement aucun effet sanglant cette fois.
Si La mano che nutre la morte était une réelle surprise, un joli exemple de cinéma gothique transalpin venu sur le tard, Le amanti del mostro est quant à lui oubliable, dispensable et bien inutile. Tourné à Elios, un lieu où beaucoup de spaghetti westerns furent mis en scène, censé ici illustrer la campagne russe du début du siècle, Le amanti del mostro ne laissera guère de souvenir dans l'esprit du spectateur qui outre la prestation illuminée de Kinski retiendra un rapide nu intégral de la toujours aussi angélique Marzia Damon cachée ici sous le pseudonyme de Katia Christine.