Innocenza e turbamento
Autres titres: La belle et le puceau / Les tourments de l'innocence / La jeune femme et le puceau / Innocence and desire
Real: Massimo Dallamano
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Comédie dramatique
Durée: 91mn
Acteurs: Edwige Fenech, Roberto Cenci, Lionel Stander, Vittorio Caprioli, Giancarlo Badessi, Eleonora Morana, Anna Maria Pescatori, Enzo Andronico, Pasquale Fasciano, Giovanna Di Vita, Nerina Montagnani, Lorenzo Piani, Leonardo D'Allura...
Résumé: Tonino est renvoyé du couvent de la Compagnie de l'Enfant Jesus par le Père supérieur pour s'être masturbé durant un cours. Il rentre donc chez son grand-père libertin, ravi que son petit-fils ne devienne pas prêtre. Le vieil homme qui n'a rien perdu de ses ardeurs lui conseille dés lors de s'intéresser à sa nouvelle belle-mère, l'incendiaire Carmela, qu'il a bien du mal à contenter sexuellement. Tonino du haut de ses 15 ans va tout faire pour séduire la plantureuse Carmela qu'il rêve d'avoir comme initiatrice sexuelle...
Les tourments de l'innocence, voilà bel et bien un des grands thèmes du cinéma italien des années 70 qui mit en scène un nombre impressionnant d'adolescents en proie à leurs premiers émois sexuels déniaisés plus ou facilement par une belle-mère généreuse, une tante audacieuse et autres cousines peu farouches lorsqu'on avoisinait pas purement et simplement l'inceste.
C'est au tour de Massimo Dallamano de s'attaquer au sujet en 1974 en nous offrant à son tour une de ces comédies aigres-douces sarcastiques comme seul on sut en faire sur les terres de Dante. Et dieu seul sait que Dallamano aima tout au long de sa carrière mettre en scène le monde perverti et perturbé de l'adolescence à travers des oeuvres souvent osées où planait l'ombre du scandale. Comment oublier ces films phare du cinéma transalpin que furent Mais qu'avez vous fait à Solange, La lame infernale, Enigma rosso qu'il ne put malheureusement réaliser ou encore le superbe La fine dell'innocenza avec une Annie Belle au summum de sa beauté nubile. C'est donc avec un certain que l'amateur découvrira ces Tourments de l'innocence, titre vidéo de La belle et le puceau, une façon moins poétique d'annoncer la couleur.
Tonino a 15 ans. Il vient d'être renvoyé du pensionnat de L'enfant Jésus pour s'être fait surprendre entrain de se masturber durant un cours de théologie. Le Père supérieur lui donne les vacances d'été pour réfléchir sur ce grave cas de conscience qu'est de savoir s'il veut ou non rentrer dans les ordres. La réponse semble être évidente d'autant plus que son grand-père, Don Salvatore, est un coureur de jupons invétéré, un obsédé du sexe qui souhaite que son petit fils découvre les plaisirs charnels. Voilà qui n'est pas du goût de son père, un homme pieu attaché aux traditions et valeurs morales qui ne jure que par Dieu. Lorsque le vieil homme épouse Carmela, une jeune femme aussi belle que volcanique, il aimerait bien qu'elle dépucèle Tonino et devienne son initiatrice ce qui va causer bien des soucis au coeur de cette famille et donner bien des sueurs au pauvre adolescent dont le feu intérieur ne cesse de brûler de plus en plus intensément.
La vocation religieuse ou le péché de chair? Dieu ou les plaisirs du sexe? Peut on réprimer ses instincts et renoncer aux joies du sexe? Le choix est cornélien bien que... Tel est le principal sujet de cette comédie anticléricale peu originale mais enthousiaste située au coeur de l'aristocratie sicilienne que le cinéaste bafoue avec plaisir. Elle reprend les éléments récurrents au genre: un petit village typiquement sicilien qui vit au rythme des sermons du curé, un grand-père lubrique et très libéré, des parents pieux, une belle-mère insolemment belle qui met la famille sens dessus dessous et un adolescent futur séminariste qui a bien des difficultés à réfréner ses pulsions sexuelles toutes fraiches. Si La belle et le puceau n'est pas la plus intéressante des oeuvres érotico-morbides que l'Italie ait
connu, il faut reconnaitre au film de Dallamano une certaine noirceur, un coté sombre et triste loin d'être déplaisant. Le réalisateur s'offre même le luxe de deux séquences assez sordides et audacieuses. La première est celle où notre adolescent est pris en main par une putain obèse payée par son grand-père, une matrone fellinienne aux seins énormes qui vire assez rapidement à la séance de torture physique, notre adolescent humilié, violenté et giflé à coups de seins. Le deuxième est le jeu cruel auquel se livre Carmela lorsque surpris entrain de se masturber dans la salle de bain, Tonino est humilié par cette belle-mère revancharde qui se met à lui caresser les parties intimes dans la baignoire en se moquant de lui avant de le laisser en pleurs.
Mais le mérite du film revient à la présence de Edwige Fenech qui incarne cette volcanique belle-mère peu avare de ses charmes que ses nombreux admirateurs contempleront avec délice. Habituée à ce type de rôle, Edwige donne au film toute sa dimension érotique en s'exhibant nue trop peu cette fois face à la caméra pour mieux jouer puis séduire et enfin faire perdre sa virginité à notre puceau. A ses cotés, on appréciera le truculent Lionel Stander en grand-père lubrique et bien peu conventionnel et l'excellent jeu du toujours aussi excellent Vittorio Caprioli. On sera moins convaincu par la présence du jeune Roberto Cenci dans la peau de Tonino. Pas toujours très convaincant, un peu trop statique, Roberto, dont c'était la première prestation à l'écran, a ce coté énervant qu'on retrouvera par la suite dans ses futures autres comédies. On se délectera tout de même de la séquence finale où, monté au sommet du clocher, nu comme un ver, une cigarette à la main, il défie son père catastrophé.
On ne pouvait trouver plus anticlérical comme conclusion, véritable pied de nez aux valeurs de l'Eglise que fustige Dallamano.
Si on était en droit d'attendre du cinéaste un film beaucoup plus piquant, La belle et le puceau / Les tourments de l'innocence reste une comédie érotico-morbide traditionnelle plutôt plaisante éclairée par une Edwige toujours aussi affriolante et ravageuse.