Hanna D. la ragazza del Vondel park
Autres titres: A 16 ans dans l'enfer d'Amsterdam / Hanna D. the girl from Vondel park
Real: Rino Di Silvestro
Année: 1982
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 84mn
Acteurs: Ann Gisel Glass, Karin Schubert, Tony Serrano, Sebastiano Somma, Jacques Stany, Fausto Lombardi, Georges Millon, Donatella Damiani...
Résumé: Hanna, 16 ans, ne s'entend guère avec sa mère alcoolique. Cette dernière a un amant deux fois plus jeune qu'elle qui a des vues sur la jeune fille. Un jour, Hanna rencontre un homme qui lui propose de tourner un film. Il s'agit en fait d'un réseau de prostitution. Hanna se retrouve prise au piège. Elle doit se prostituer. Elle sombre vite dans la drogue et ses enfers...
Le succès de Moi Christiane F. 13 ans, droguée prostituée ne pouvait laisser l'Italie indifférente et trois ans après le film de Uli Edel voici Hanna D. la ragazza del Vondel park mis en scène par Rino Di Silvestro sur un sujet signé Bruno Mattei.
Di Silvestro à qui on doit déjà de sulfureuses oeuvres telles que Condamnées à l'enfer ou Les déportées de la section spéciale SS confirme avec A 16 ans dans l'enfer d'Amsterdam son goût prononcé pour le voyeurisme et la complaisance. Il trouve donc avec ce sujet plutôt grave l'occasion idéale d'enchainer les séquences graveleuses censées représenter la vie non pas de Christiane mais d'Hanna, 16 ans, droguée, prostituée.
Rien de bien neuf sous les cieux de cette jeunesse perdue donc mais ce manque d'originalité Di Silvestro le compense vite par un amoncellement de scènes trash. Hanna D. est du pur cinéma d'exploitation qui s'inscrit sans mal dans le filon de l'euro-sleaze dont le but est de choquer et déranger le plus possible le spectateur.
Di Silvestro accumule de façon quasi obsessionnelle les plans de seringues qui s'enfoncent dans les bras de junkies presque zombifiés errant dans des toilettes délabrées ou des terrains vagues. Il nous gratifie même d'une spectaculaire overdose particulièrement dérangeante. Ses prostituées ne sont que de pauvres filles paumées aux prises avec des maquereaux eux mêmes proie de dealers sans foi ni loi qui n'hésitent pas à tuer. Di Silvestro étale toute la déchéance humaine dans une atmosphère parfois surréaliste comme lorsqu'il filme ses junkies-zombis qui déambulent dans des ruines couvertes d'immondices.
Le sexe tient une place importante. Di Silvestro enchaîne de façon complaisante et souvent gratuite les séquences de sexe et de nudité. La plus stupéfiante, celle qui demeure encore aujourd'hui le clou du film, est sans nul doute la scène particulièrement obscène où une détenue sort de son anus généreusement détaillé par le réalisateur un sachet de drogues.
Malheureusement la mise en scène d'une platitude extrême ne suit pas les ambitions du scénario et désamorce vite l'aspect choc et dérangeant du film. Hanna D. se transforme vite en un produit totalement inoffensif d'autant plus que Di Silvestro ne cherche nullement à démontrer ou dénoncer quoique ce soit. Bien peu convaincu par son sujet, son principal objectif est de jouer les voyeurs pour tenter en vain de choquer son public. La quasi inexistence de ses personnages, jetés en pâture à l'écran, ne fait qu'aggraver l'échec.
Ce n'est pas son final mielleux dénué de toute originalité mais surtout expédié en quelques minutes qui relevera l'ensemble. Deux vomissements, un tuyau d'arrosage pour faire prendre conscience à Hanna le non sens de sa vie et laver sa conscience, un zeste d'amour juste avant une splendide envolée de colombes dans le ciel par dessus une cathédrale et le générique se met à défiler au son d'une mélodie sirupeuse. Di Silvestro a semble t'il voulu contre-balancer l'aspect désespéré de son film par cette fin d'un étonnant optimiste mais cette soudaine envolée de bons sentiments est ici assez ridicule tant elle est non seulement grotesque mais facile.
La jeune française Ann-Gisel Glass qu'on reverra dans Les rats de Manhattan est une bien transparente Hanna plus souvent nue qu'habillée. Di Silvestro ne rate aucune occasion de la filmer nue ou de détailler avec une minutieuse vicieuse son entre-jambe. A ses cotés, et c'est peut être là tout le drame du film, une Karin Schubert en pleine déchéance. Elle interprète cette mère désillusionnée et alcoolique qui n'hésite pas à livrer son corps de quadragénaire à la caméra. C'est bel et bien Karin qui ici fait le plus mal à voir, en larmes, gémissante, obscène lors de ses ébats érotiques avec son jeune gigolo. Le film n'est plus que le triste reflet de sa vie d'alors.
Pur exemple de cinéma racoleur, Hanna D. fut le dernier film de Di Silvestro. Il est un des derniers vrais fleurons du cinéma d'exploitation italien alors moribond qui devrait ravir les amateurs du genre.