Holocaust 2: i deliri, i ricordi, la vendetta
Autres titres: Holocaust parte seconda: i deliri, i ricordi, la vendetta / Holocaust 2 the memories delirium and vengeance / Subliminal
Real: Angelo Pannaccio
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Nazisploitation
Durée: 76mn
Acteurs: Susanna Levi, Kay Fisher, Tina Aumont, William Berger, Marzia Damon, Gordon Mitchell, Andrès Resino, Pina Pietronigro, Michele Guaglieri, Sergio Serafini, Nino Musco, Giuseppe Marrocco...
Résumé: Quarante années se sont écoulées depuis la fin de la seconde guerre mondiale et les atrocités commises dans les camps de la mort. Mais le souvenir persiste chez ceux qui les ont vécu ou ont eu des proches torturés et abattus dans ces camps. Beaucoup d'anciens officiers SS sont également toujours en vie, se cachant aux yeux du monde. un groupe de juifs activistes ont décidé de localiser ces officiers, soldats et docteurs afin de rendre eux mêmes justice. Ils réservent à chacun d'eux une mort spécifique tandis que les souvenirs resurgissent dans les esprits à jamais traumatisés...
Réalisé par Angelo Pannaccio, Holocaust 2 a deux particularités. La première est de ne pas chercher un N°1 car il n'y en a pas, le 2 fait uniquement allusion à un deuxième holocauste, celui d'anciens SS massacrés cette fois par les juifs. La seconde spécificité est qu'il fut l'ultime eros-svatisca a être tourné et ce tardivement en 1979 après que le genre se soit très vite éteint, clôturant ainsi ce sous genre du cinéma d'exploitation.
Avec Holocaust 2 i deliri, i ricordi, la vendetta Elo Pannacio prend le genre à l'envers un peu à la manière de Cesare Canevari sur Bourreaux SS / Les orgies du 3ème reich. C'est là un
postulat intelligent pour un film inquiétant, plutôt lent dans son rythme mais déconcertant qui rappelle par certains points le film de Canevari ne serait ce que par ce va-et-vient constant dans le temps lorsque les images du passé resurgissent dans le présent. Si dans Bourreaux SS c'est une jeune ex-victime des nazis, Lisa, qui se venge de ses tortionnaires bien des années plus tard, c'est ici un groupe d'activistes juifs qui sévit. Ils vengent leurs familles des atrocités commises dans les camps en tuant les anciens officiers et leur descendance.
L'essentiel du métrage se déroule donc de nos jours traversé par les caractères
fantomatiques de Pannaccio qui parviennent de temps à autre à insuffler à certains passages quelque chose de dramatiquement fort. Pannaccio livre un film moderne traversé par des personnages traumatisés à vie, hantés par ce qu'ils ont vu et vécu dans les camps de la mort. Motivés par la haine, ils tuent avec la même rage ces ex-officiers et leur famille qui jadis torturèrent les leurs.
Intelligent, unique dans ce filon très controversé, Holocaust 2 traite essentiellement du traumatisme d'un peuple engendré par la folie de l'Homme et la soif de vengeance que la haine et la douleur entrainent, devenue la seule raison de vivre de ces gens.
Au sadisme et autres violences sexuelles des eros-svatiska transalpins traditionnels, Pannaccio préfère instaurer un climat glauque et dérangeant par le biais de quelques scènes en flashes-back qui montrent de manière assez rapide et surtout suggérée les horreurs subies par ces familles. Ce n'est donc pas les effets sanglants qui cette fois créent le malaise mais la façon dont Pannaccio a choisi de nous montrer ces sévices et la façon dont il a décidé de le faire. L'image est sale, jaunie, comme témoin d'un passé suffocant. Aux cris et hurlements des victimes Pannaccio a préféré le silence, pesant, étouffant. Il ne reste que le visuel, miroir des atrocités subies que par instant le réalisateur accompagne d'une
chorale d'enfants contrainte de regarder les tortures alors que leurs chants angéliques couvrent les cris des suppliciés durant les scènes non muettes. Dorothy, une des protagonistes principales, faisait partie de cette chorale. Elle n'a jamais oublié ces instants. Hantée par ce dont elle fut le témoin, son personnage en devient presque bouleversant. Si son présent se noie dans le passé, son image se fond dans son miroir tandis que les larmes roulent sur son visage noirci par le maquillage qui dégouline.
L'horreur graphique se fait discrète tout comme l'érotisme quasi absent de la pellicule à l'exception d'une douce relation saphique qui apporte au film une note de tendresse.
L'amateur d'effets violents se contentera d'une jeune femme écartelée entièrement nue entre trois arbres et étranglée à l'aide d'une corde, la mort des deux amants la tête vrillée par une perceuse électrique, celle d'un jeune homme poignardé dans sa voiture alors qu'il faisait l'amour à son exécutrice ou la crise cardiaque d'un ex-officier ligoté à une table provoquée par le fameux supplice de la chèvre. L"animal lui lèche les pieds jusqu'à ce qu'il meurt. Mais c'est surtout la douloureuse agonie de Tina Aumont dont on se souviendra, froidement abattue d'une balle dans l'abdomen après s'être avilie à pratiquer une fellation à son bourreau face à la chorale d'enfants, vaine tentative pour avoir la vie sauve.
Porté par une partition musicale souvent inquiétante signée Giuliano Sorgini et les chants des enfants, Holocaust 2 malgré la lenteur de sa narration, la pauvreté des moyens et la quasi-absence d'effets choc et d'érotisme, reste un nazisploitation assez dérangeant dans son propos. Elo Pannaccio, délirant petit cinéaste spécialisé dans l'érotisme facile, n'est pas Canevari. Son film est loin d'égaler la force et l'intelligence de Bourreaux SS mais Holocaust 2 fonctionne cependant plutôt bien. Dans la filmographie guère reluisante du cinéaste, ce film fait un peu figure d'exception. Louable dans le message qu'il tente de livrer, cet éros svastica certes tout aussi racoleur que ses prédécesseurs boucle ainsi de manière honnête
un sous genre éphémère qui fit, fait et fera encore couler beaucoup d'encre. Il n'a certainement pas à rougir devant d'autres petits nazisploitations bien plus médiocres et absurdes (Erica tigresse du désert, Liebes lager...).
Outre la présence éclair de Tina Aumont on retrouvera les deux égéries du réalisateur Susanna Levi et Elisabeth Tulin, la femme au regard de glace Kay Fisher, grande actrice d'origine tchèque impressionnante dans le rôle de Dorothy, ainsi que Marzia Damon sans oublier quelques vétérans du cinéma de genre tel Nino Musco et les apparitions fugaces de Gordon Mitchell et William Berger.