Libidine
Autres titres: Lust
Real: Raniero Di Giovanbattista
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Fantastique / Erotique
Durée: 87mn
Acteurs: Cinzia De Carolis, Luigi Caselato, Marina Frajese, Ajita Wilson, Franco Parisi, Mauro Vestri...
Résumé: Un savant tente de créer une nouvelle race hybride entre l'homme et le serpent. Il travaille sur un python particulièrement intelligent qui possède désormais une partie des facultés sentimentales de l'humain. L'animal tombe amoureux de la jeune fille du professeur qui sous le charme du reptile se laisse séduire. Elle finira par s'unir à lui au grand dam du professeur qui ne contrôle plus son expérience...
Parmi les films qui dans les années 70 ne se contentèrent pas seulement d'intégrer au scénario une ou plusieurs scènes de bestialité mais firent de la zoophilie leur principal sujet et le traitèrent de façon particulièrement indécente on trouve notamment l'incroyable Bestialita de Peter Skerl, La bella e la bestia de Luigi Russo et le Libidine de Raniero Di Giovanbattista, le scénariste et producteur de Flavia la défroquée qui avec ce film faisait d'une certaine manière son entrée dans le monde de la pornographie après plusieurs années passées dans l'univers du cinéma de genre.
Après les amours interdites de Leonora Fani avec un doberman chez Peter Skerl, les relations très particulières de Lisbeth Hummel avec un cheval et un chien dans La bella e la bestia, c'est à un joli python particulièrement intelligent que Di Giovanbattista donne la part belle en l'offrant à la toute jeune Cinzia De Carolis. Et c'est peut être là que se situe le principal intérêt de ce film où on suit de façon plutôt amusée les expériences d'un scientifique fou voulant créer une nouvelle race hybride entre l'homme et le serpent. Il détient donc un python qui possède non seulement en lui tous les gênes humains mais il est aussi
capable de sentiments. C'est ainsi qu'il tombe amoureux de Anna, la jeune fille du professeur, une adolescente bien peu farouche fraichement sortie d'une école religieuse.
Enfant star et petite fille chérie de l'Italie dans le milieu des années 70, Cinzia avait fait pleurer dans les chaumières avec de nombreuses dramatiques familiales dont Anna dei miracoli, surement la plus célèbre. A 16 ans, la petite fille modèle est devenue une adolescente et pose nue pour Play-boy déclarant qu'elle n'est plus vierge, qu'elle est désormais une femme. Cette même année elle accepte d'être l'héroïne de ce film qui au départ devait être une banale histoire d'amour entre une jeune fille et un serpent. Très vite le
scénario évolua et la belle histoire s'est finalement transformée en un semi porno porté par deux des reines de la pornographie italienne de la première heure, Ajita Wilson et Marina Frajese. Cinzia de Carolis porta plainte contre les producteurs après que des inserts X aient été ajoutés à son insu lors des scènes sexuelles explicites entre elle et le python ainsi que des séquences hardcore tout aussi explicites dans lesquelles apparaissent Ajita et Marina, toutes deux déchainées avec le personnel de maison, entre elles (et une banane aussi, un trio inventif) ou en solitaire.
Au final à quoi ressemble donc Libidine produit par Massimo Pirri à qui parfois on en a attribué la paternité? Le film de Di Giovanbattista n'est ni plus ni moins qu'une sorte de
comédie salace osée, une bande hybride entre érotisme et pornographie plus ennuyante qu'excitante qui surfe sur la vague de l'euro-sleaze. Visuellement pauvre, mollement mis en scène, sans grande imagination, son scénario se révèle en outre totalement inconsistant flirtant souvent avec le ridicule. Di Giovanbattista ne semble s'intéresser qu'aux parties les plus scabreuses de son histoire qui au départ aurait pu être franchement originale si elle avait été traitée de manière plus solide. L'idée d'un savant fou voulant fusionner deux être vivants, un homme et un animal pour ne plus en faire qu'un, était intéressante. N'est malheureusement pas le Docteur Moreau qui veut surtout sous la direction de Raniero Di
Giovanbattista. Cette petite bobine fadasse qui dans un sens lorgne du coté de l'impressionnant SSSnake de Bernard Kowalski n'est qu'une gentille polissonnerie pseudo scientifique obscène fauchée tournée dans un seul et unique décor, une villa, à l'exception de la scène d'ouverture. Scindée en deux parties, la première enchaine les ébats de Marina, Ajita et des employés de maison, la seconde s'intéresse plus à la relation de Anna et du python, Libidine se veut souvent drôle, léger mais il ne l'est jamais vraiment. Le comique est plus souvent involontaire tant les situations et les dialogues sont parfois bêtes. Le film ne dépasse jamais le niveau d'une quelconque égrillardise où tout le monde fait l'amour à tout
le monde pendant que le professeur travaille dans son laboratoire.
Et le fameux python, star du film, vous demandez-vous? D'une part il n'apparait que dans la deuxième partie du film, d'autre part ceux qui ont la phobie des serpents ne risquent guère d'être terrifiés. Di Giovanbattista se contente en effet de filmer mollement son python glisser de façon indolente sur le carrelage. Rien de très affolant d'autant plus que notre pauvre serpent semble bien endormi, surement las qu'on le dérange pour si peu, même lorsqu'il pique ceux qui ont fait du mal à sa chère Anna: l'employé qui a tenté de la violer sous ses yeux, sa belle-mère (Marina), l'assistant de son père...
Restent donc les fameux ébats zoophiles tant attendus, le clou de ce film, qui jadis firent sa réputation. Seuls ses corps à corps avec notre adolescente lubrique, autrement dit les dix dernières minutes du film, pourront provoquer un léger frisson chez les plus sensibles voire un gros frisson d'horreur lorsque le python glisse le long de ses cuisses, s'enroule autour de son corps nu, ou mieux encore lorsque l'enfant se caresse le vagin avec sa tête juste avant qu'il ne pénètre en elle et la possède (de manière psychologique précisons le). Soyons honnête cette très longue séquence zoophile est un must et fait à elle seule tout le film. Tournée avec soin et précision sur fond de musique sirupeuse elle dégage quelque chose
d'absolument fascinant. Le frisson pourrait même se transformer en pure excitation chez l'amateur de déviances et autres perversions sexuelles, en dégout chez les autres.
Parfait témoignage d'un certain cinéma de genre transalpin propre aux années 70 qui ne s'imposait aucune limite mais aimait aller toujours plus loin dans le trash Libidine vaut essentiellement pour l'audace de sa jeune interprète qui laisse loin derrière elle ses ailes d'ange, la présence de Marina, lumineuse, ses quelques séquences trash qui devraient satisfaire l'amateur féru de relations très particulières dont ce final zoophile se concluant sur la mutation de notre jeune débauchée en une seule et même créature surpuissante ou la
fusion parfaite entre deux êtres vivants. Hormis ces quelques atouts-clés Libidine, simple comédie polissonne assez piquante à la réputation surfaite, risque de décevoir ceux qui en espéraient trop ou ceux dont l'imagination trop vagabonde leur avait fait imaginer des choses bien plus truculentes. L'année suivante Di Giovanbattista tournera son premier vrai porno Valentina una ragazza calda dans lequel la future porno queen Moana Pozzi faisait ses grands débuts.
Reste à savoir comment une jeune actrice comme Cinzia put accepter de faire un tel film
dans le but unique de casser son image trop lisse. Après le scandale qui en découla Cinzia tenta de faire oublier ce piège dans lequel elle était tombée en tournant Apocalisse domani / Pulsions cannibales de Antonio Margheriti (où elle a également quelques scènes plutôt osées) avant de tirer un trait définitif sur sa carrière de comédienne et commencer une nouvelle vie dans le doublage, une activité artistique dans laquelle elle est devenue au fil du temps une voix incontournable en Italie.