Liebes lager
Autres titres: I campi dell'amore / Love camp
Real: Lorenzo Gicca Palli
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Nazisploitation
Durée: 103 mn
Acteurs: Luciano Pigozzi, Kieran Canter, Anthony Freeman, Ronny Coaster, Red Ascott, Jacques Stany, Adolfo Lastretti, Gretel Stauffenberg, Hannelore Fischer, Max Turilli, Willy Kaatz, Milla Johansson, Gota Gobert, Rita Manzel...
Résumé: Les derniers jours du 3ème Reich. Un camp SS, le camp 71, est transformé en bordel SS afin que les officiers puissent récolter de l'argent et fabriquer de faux passeports pour fuir l'Allemagne. Ils ont en effet décidé d'amener au camp et faire payer les prisonniers américains pour qu'ils s'amusent avec les détenues transformées en prostituées entre deux cours de phallocratie avancée. C'est dans une sorte d'hystérie collective qu'elles se révolteront et massacreront les officiers...
Liebes lager connu aussi sous le titre Love camp est certainement l'un des plus obscurs nazisploitations transalpins qui ait été tourné. Pas qu'il diffère des autres films de ce sous genre du cinéma d'exploitation fort controversé mais tout simplement par le fait qu'il soit devenu au fil du temps totalement invisible, les négatifs ayant été gravement endommagés, jusqu'à sa soudaine réapparition il y a maintenant quelques petites années.
Réalisé en 1976 par le scénariste-metteur en scène Lorenzo Gicca Palli à qui on doit Le corsaire noir, le western La vengeance de Dieu et une décamérotique de bas niveau Primo tango a Roma... storie d'amore e d'alchimia, Liebes lager, sorti en salles en Italie en pleine
fêtes de Noël, n'est pourtant guère différent de ses petits frères mais suite à sa disparition durant tant d'années il s'est crée tout autour du film une sorte d'aura de mystère, transformant Liebes lager en une sorte de mythe autour duquel l'imagination du spectateur s'est longtemps amusée à vagabonder.
L'intrigue est des plus classique si toutefois on peut ici parler d'intrigue. Gicca Palli se contente de planter sa caméra à l'intérieur d'un camp, une miséreuse reconstitution faite en studio qui alterne avec quelques plans extérieur d'un quelconque camp, transformé en bordel pour les officiers qui usent et abusent des nouvelles détenues à qui on apprend
également la phallocratie entre deux expériences idiotes. Point de cobayes humains ni d'expérimentations abominables, pas de maltraitances non plus juste quelques ordres aberrants comme se doucher en synchronisation, épaule gauche, fesse gauche, épaule droite, fesse droite, ou donner son linge en harmonisant ses gestes. Toutes ses idioties conduiront tout de même à un délirant final, totalement inattendu, qui dénote véritablement avec le reste du métrage. Après que les soldats américains prisonniers amenés au camp ait commencé à se retourner contre les officiers, les détenues s'emparent de leurs armes et massacrent tout ce beau monde dans une sorte de folie collective. Certes il n'y a pas de quoi
jubiler, on reste dans un certain registre comique (la putain habillée en centurion romain et la tenue en général des prostituées) mais cet ultime quart d'heure est suffisamment inespéré pour retenir l'attention du pauvre spectateur. C'est bien là le seul véritable intérêt du film.
Si on excepte ce final déjanté, Liebes lager peut se targuer d'être un des pires nazisploitation jamais tourné à coté duquel les quelques eros-svatiska produits par Eurociné semblent soudainement être de véritables chefs-d'oeuvres. C'est pour vous dire le désastre! Il est également un des plus ridicules même si on le considère comme une sorte de parodie sans queue ni tête du genre, une sorte d'hybride entre Sturmtruppen, un (très) mauvais épisode
de Papa Schultz et une comédie militaire de niveau Z. D'une incroyable lenteur Liebes lager multiplie les scènes hallucinantes de crétinerie agrémentées de gags éculés à la limite du supportable digne de Benny Hill comme l'interminable tri du linge. D'une incroyable pauvreté visuelle, le film tout entier baigne dans un climat de mauvaise farce érotique d'une insondable bêtise. Irritant à force de vouloir être drôle sans jamais y parvenir, Liebes lager devrait être interdit au plus de cinq ans d'âge mental d'autant plus que cette bande en costume allemand est si inoffensive qu'elle ne risque en aucun cas de traumatiser nos jolies têtes blondes. Ils imagineront être devant un quelconque film de la longue série des
Bidasses mille fois plus réussie et amusante que cette idiotie degré zéro affublée de dialogues d'une sidérante niaiserie soutenus par une piteuse bande originale de cirque tout aussi fantaisiste signée Alessandro Alessandroni. Quant à l'érotisme, il est cette fois quasiment absent du métrage qui reste désespérément, irrésolument soft. Certes on a droit aux inévitables scènes de douche et d'inspections intimes anales et vaginales mais rien d'explicite cette fois, on les tourne en dérision pour en faire des moments que Gicca Palli voudrait drôles. En vain! Reste la nudité des pseudo actrices toutes plus ingrates les unes que les autres que le cinéaste déshabille aussi souvent que possible. On a donc le quota
indispensable de fessiers et de poitrines nues. Hormis cela, absolument rien de croustillant. Liebes lager ne peut même se hisser au rang d'une piètre sexy comédie.
A la limite de la caricature, les acteurs tous cachés derrière des pseudonymes semblent être en totale roue libre. On remarquera parmi eux un tout jeune Kieran Canter, le futur héros de Blue holocaust , en gentil officier SS peu viril dont le jeu particulièrement gauche et raide semble être réduit à écarquiller bêtement les yeux face aux prisonnières mais on retiendra surtout la pathétique prestation de Luciano Pigozzi , l'officier médecin, particulièrement maladroit complètement perdu au milieu de cet inénarrable camp de joie. A leurs cotés, on
retrouve d'autres vétérans du cinéma de genre tels que les malheureux Jacques Stany et Mario Novelli . Parmi les détenues incarnées pour la plupart par des inconnues on reconnaitra tout de même l'incontournable et furtive Gota Gobert. Signalons la présence d'une jeune comédienne anonyme, l'amante de Kieran Canter, qui se présente comme le sosie de la candide Brigitte Petronio mais il ne s'agit en aucun cas d'elle. Cette inconnue fut la même année dans Horreur nazies dans le rôle de la détenue blonde qui tente de tuer Serafino Profumo et connaitra une mort atroce, exsangue, pendue par les pieds.
Véritable cour de récréation où chacun semble s'être égaré, Liebes lager demeure un spectacle inénarrable, unique dans sa médiocrité, un gag d'une tristesse désespérante qui
s'étire sur 103 longues minutes durant lesquelles il ne se passe strictement rien. Lorenzo Gicca Palli peut se vanter d'avoir signé là un des pires nazisploitation jamais tourné. La véritable torture est ici d'atteindre les ultimes minutes sans vouloir prendre ses jambes à son cou. Un comble pour un éros svastika! Peut être aurait il mieux valu que le film ne réapparaisse jamais.
Le seul intérêt de Liebes lager outre la présence de Kieran Canter et son regard électrique réside dans sa rareté qui en fait une réelle pièce pour collectionneurs assidus.