Primo tango a Roma storia d'amore e d'alchimia
Autres titres:
Real: Lorenzo Gicca Palli
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 90mn
Acteurs: Erika Blanc, Rosalba Neri, Leonard Mann, Claudia Gravi, Pupo De Luca, Isabelle Marchall, Mirella Rossi, Arnoldo Foa, Rita De Lernia, Renato Cecilia, Sonia Ciuffini, Franca De Stratis, Luigi Casellato, Erasmo Lo Presto, Giuseppe Patti, Sergio Ammirata...
Résumé: Un jeune chevalier de l'ordre des templiers et son écuyer trouve abri au château des Orsini puis des Colonna. Lors de leur séjour, ils font tourner la tête des nobles épouses mais également des servantes qui toutes veulent coucher avec eux. Ils sont censés être les inventeurs d'un philtre aphrodisiaque qui leur a apporté la renommée dans tout le pays. Incapables de satisfaire les demandes, condamnés à mort, ils préfèrent alors tenter de fuir en emmenant avec eux la fille du prince Colonna...
Seule et unique incursion dans le genre de Lorenzo Gicca Palli, scénariste et metteur en scène à qui on doit entre autres le très bon western La vengeance de Dieu, Le corsaire noir et l'inénarrable nazisploitation Liebes Lager, Primo tango a Roma storia di amore e d'alchimia prévaut essentiellement pour son sujet éminemment moderne.
A l'encontre de bien d'autres décamérotiques, celui de Gicca Palli traite surtout de thèmes fort actuels tels le communisme, les problèmes syndicaux, la jeunesse d'aujourd'hui, le progrès technologique et l'émancipation de la femme. Toutes les protagonistes féminines sont ici des femmes de caractère qui s'affirment et revendiquent leurs statuts. Si elles couchent et sont si disponibles c'est tout simplement en réponse à la fourberie de leurs maris. Plus étonnant encore, mêmes les servantes sont des femmes de tête et n'ont plus peur de s'affirmer et se battre elles aussi. Et elles vont toutes avoir de quoi faire et combler leurs désirs adultères avec l'arrivée d'un jeune templier et de son écuyer au palais des Colonna puis des Orsini.
Primo tango a Roma... qui doit son titre à une scène où la plantureuse Rosalba Neri danse un tango sur la pointe des pieds est aussi un clin d'oeil hommage au film de Bertolucci, Dernier tango à Paris. Gicca Palli réalise ici une sorte de parodie qui va à l'opposé de la plupart des décamérotiques tels que Confessioni segreta di un convento di clausura où les personnages récitaient en vers. S'il sombre de temps à autres dans l'absurde, le film parvient tout de même à fonctionner grâce avant tout à des personnages tous crédibles, une certaine intelligence des dialogues derrière leur comique et un sens de la mesure même dans l'exagération. Malheureusement malgré cette originalité et un rythme trépident Primo tango a Roma... déçoit et ennuie plus qu'il ne distrait réellement.
Le film souffre d'une part de la pauvreté de son budget, de ses décors minimalistes d'une pauvreté étonnante et d'un coté théâtral parfois agaçant. L'anachronisme, certes amusant, s'intègre par instant assez mal à l'histoire. Ainsi entendre soudainement des airs d'accordéon peut faire sourire mais aussi dérangé. On est dans la parodie c'est un fait mais l'ensemble a des airs de comédies farfelues voire grossière et fait quelque fois penser à ces sexy comédies un brin lourdes dont l'Italie a su nous abreuver. On rit parfois, quelques gags sont assez drôles (le fessier d'un donzelle se met à fumer après qu'elle ait été sodomisée avec virulence, elle doit éteindre le feu en plongeant son derrière dans l'eau) mais cela ne suffit pas à donner un peu de relief au film qui se laisse regarder un oeil sur l'écran, l'autre sur la montre.
D'autre part, l'érotisme, élément essentiel du genre, est ici trop sobre, presque absent. C'est à peine si on admirera ça et là une poitrine dénudée ou un fessier même si on peut mettre cela sur le compte de la censure qui semble s'en être donnée à coeur joie pour mutiler le film de ses scènes les plus osées. En témoigne la façon dont la plupart des scènes érotiques se terminent, donnant l'impression d'avoir été sauvagement tailladées.
Malgré ses qualités donc, Primo tango a Roma storia d'amore e d'alchimia fait partie du bas du panier de la décamérotique et le film ne devrait satisfaire que les plus férus de ce genre. Voilà qui est bien dommage car en plus de cette originalité dont on avait preuve Gicca Palli,
on appréciera une distribution fort agréable puisqu'on y retrouve la sensuelle Erika Blanc, la toujours aussi charnelle Rosalba Neri, l'espagnole Claudia Gravi, la jeune Sonia Ciuffini, Isabelle Marchall, Rita di Lernia et la polsinienne Mirella Rossi. A leurs cotés, on reconnaitra les toujours excellents Pupo De Luca, Renato Cecilia et Arnoldo Foa. Le point faible de cette affiche reste le jeune héros principal incarné par Leonard Mann, beaucoup trop fade et inexpressif, décidément bien peu fait pour la comédie. On se régalera cependant d'un plan de nu intégral à l'issue d'une scène d'amour qu'il interprète lové dans les bras de la fille de Erika Blanc, jeune damoiselle au regard aussi globuleux que perdu, qui lui offre sa virginité.