Una bella governante di colore
Autres titres: Poupées sur canapé / Polvo negro / La governante di colore
Real: Luigi Russo
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Sexy comédie
Durée: 94mn
Acteurs: Renzo Montagnani, Jean-Claude Verné, Ines Pellegrini, Marisa Merlini, Orchidea De Santis, Gianfranco D'Angelo, Carlo Dalla Piane, Gaia Russo...
Résumé: Fatigué de voir que leur fils ne cesse d'engrosser les bonnes qu'ils embauchent, une riche famille décide d'engager une gouvernante particulièrement laide afin d'éviter tout souci. L'agence leur envoie donc une nouvelle domestique qui s'avère être une jeune fille de couleur prénommée Myriam. Le mari fortement raciste est tout d'abord contre le fait qu'une jeune fille noire s'installe sous leur toit mais il doit tout de même l'accepter. Cela ne va ni empêcher ce prude mari de voir sa maitresse, une jolie doctoresse, ni de tenter de séduire la jeune bonne. Il ne pourra pas empêcher non plus leur fils de l'engrosser car s'il avait lui aussi des à priori sur Myriam il finira par la séduire et lui faire l'amour. Mais au fait, de qui Myriam et la doctoresse avec qui le fils a aussi couché sont elles réellement enceintes? Le mari, le fils ou l'oncle revenu entre temps d'Afrique?
Sorti en France sous le titre ridicule de Poupées sur canapé, Una bella governante di colore est une ces innombrables sexy comédies populaires typiquement italiennes toute plus anodines les unes que les autres qui régulièrement parvenaient jusqu'à nos écrans avant d'aussi vite disparaître.
Rien ne différencie Una bella governante di colore des autres films de ce type. Voilà un banal vaudeville aux situations toutes plus téléphonées les unes que les autres où on retrouve la plupart des éléments fondamentaux du genre.
La base de l'intrigue est simple. Fils du riche industriel Nicola Sallusti, le jeune Simone a pour fâcheuse habitude d'engrosser toutes les bonnes que ses parents embauchent. Afin d'éviter tout incident, sa pauvre mère va demander à l'agence d'embauche de leur trouver une bonne particulièrement laide et repoussante qui malheureusement pour tout le monde se trouve être Myriam, une jeune femme aussi délicieuse qu'elle est... noire! Il va de soi que la famille est raciste, accueillir une fille de couleur est donc délicat, et bien entendu le père même s'il fait la morale à son fils est tout aussi chaud lapin que lui et saute sur tout ce qui
porte jupons, en particulier la belle doctoresse de famille. S'en suit donc toute une série de quiproquos et de coucheries sous l'oeil amusé de la belle Myriam.
Comme le veut la tradition, Una bella governante di colore cache sous ses airs de vaudeville toute l'hypocrisie d'une certaine classe sociale représentée ici par des personnages plus antipathiques les uns que les autres mais tellement drôles. L'époux se retranche derrière ses principes et sa bonne morale, père et homme d'affaires modèle qui bénit les repas pour mieux tromper sa femme avec Manuela, une jeune doctoresse à qui il aime faire porter l'uniforme afin d'assouvir de bien vilains fantasmes.
Ses belles valeurs ne sont qu'un masque pour mieux cacher ses vices et travers. Son fils a donc de qui tenir. S'il engrosse les bonnes son père met enceinte sa maitresse. Cela pourrait excuser l'adolescent mais il est si antipathique que peu de choses pourraient le rendre agréable à nos yeux. Tant et si bien qu'il tentera même de faire violer Myriam par deux amis puisque la belle gouvernante résiste à ses avances lors d'une séquence plutôt brutale qui dénote assez avec le ton léger du film. De telles séquences sont en effet assez rares dans ce genre de films, une exception qui devrait plaire aux amateurs d'exploitation.
Le racisme est sans cesse en filigrane. Lorsque la mère désespérée demande à l'agence de lui trouver une femme particulièrement repoussante avec qui toute relation sexuelle est impossible on lui envoie... une femme de couleur! Il fallait oser faire cet amalgame aujourd'hui impensable. Ils doivent donc accepter contraints et forcés Myriam sous le regard furibond du père qui s'empresse de hurler que jamais une "négresse" ne franchirait le seuil de sa maison mais qu'il faut vivre avec son temps. Avoir une domestique noire est à la mode chez les bourgeois. La présence de Myriam n'est plus vraiment un souci ou le triomphe de
l'hypocrisie et de la mauvaise foi.
Bien entendu tout est bien qui finit bien. Le fils engrossera Myriam, preuve de tolérance, et se verra contraint de l'épouser tandis que la maitresse du père accouchera d'un beau bébé sans que personne ne sache jamais de qui est l'enfant puisque le fils a lui aussi couché avec à moins que ce ne soit l'oncle tout aussi lubrique tout juste revenu d'un safari. Si tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes tout n'est pas aussi rose qu'il n'y paraît puisque la malheureuse mère fera une crise cardiaque devant ce futur mariage interracial et finira en
chaise roulante. Le final fait irrésistiblement penser au sketch de Muriel Robin, Le noir.
La même année le racisme avait déjà été traité avec bonheur dans La cameriera nera de Mario Bianchi auquel Una bella governante di colore se rapproche beaucoup même si le film de Bianchi est u peu moins fou. Si on peut regretter que certains points n'aient pas été plus appuyés comme on peut regretter le coté un peu trop convenu de l'ensemble Una bella governante di colore se laisse regarder avec grand plaisir ne serait-ce que pour l'érotisme qu'il dégage. Russo multiplie les scènes coquines toutes filmées avec grand soin et les scènes de nu elles aussi joliment mises en scène.
La présence de l'ensorcelante Orchidea De Santis, plus belle, dynamique et magnétique que jamais, est un atout majeur de cette bobine puisque outre sa beauté ravageuse elle n'hésite pas un seul instant à se déshabiller et s'exhiber, affriolante, dans le plus simple appareil. Renzo Montagnani, grand spécialiste du genre, égal à lui même, est tout aussi excellent dans le rôle du père tandis que Marisa Merlini est hilarante dans la peau de la mère. Quant à Gianfranco D'Angelo il n'a qu'un rôle de second plan ce qui n'est pas un mal cette fois. C'est la pasolinienne Ines Pellegrini, autre atout et non des moindres de cette pellicule, qui interprète cette belle gouvernante de couleur.
Délicieuse et enjouée, très souvent nue elle aussi, Ines, version chétive de Laura Gemser (un défaut pour beaucoup), apporte au film sa fraicheur et son naturel, excellente lors de la danse du plumeau qui reste un des grands moments du film. C'était pour Ines son premier vrai grand rôle après ses apparitions dans Les 1001 nuits et Salo. Découvert dans Bacchanales infernales et Le dolci zie l'année précédente le jeune et séduisant Jean-Claude Verné alias Corrado Verne incarne le fils et nous offre lui aussi en fin de bande quelques nus affolants notamment lors d'une séance de peinture un peu particulière.
Rythmée par une gentille partition musicale aux douces sonorités exotiques Una bella governante di colore est une amusante comédie égrillarde menée tambour battant qui se laisse regarder avec grand plaisir, un plaisir d'autant plus grand que Orchidea l'illumine par sa radieuse présence.
En France le film de Luigi Russo fut étonnamment classé X lors de sa furtive sortie en salles, trompant ainsi lourdement les amateurs de porno qui durent se sentir fortement frustrés à la vision du film. Il va sans dire que de stupides inserts X y avaient été rajoutés, un procédé alors fréquent.