Quelli dell'antirapina
Autres titres: Quatre milliards en quatre minutes / 4 milliards en 4 minutes / 4 miliardi in 4 minuti / Quatro miliardi in quattro minuti / 4 billion dollars in 4 minutes
Real: Gianni Siragusa
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Polar / Noir
Durée: 100mn
Acteurs: Antonio Sabato, John Richardson, Vassili Karis, Lea Lander, Giovanni Brusatori, Saverio Mosca, Serafino Profumo, Attilio Severini, Pippo Pollaci, Saverio Mosca, Paul Oxon...
Résumé: L'avocat, un génie du crime, organise depuis sa cellule de prison, un retentissant vol de quatre milliards de lires dans une banque de Gênes. Le hold-up réussi ses hommes n'ont plus qu'à le faire s'évader de prison. La nuit de son évasion un prisonnier du nom de Raffaele est jeté dans sa cellule. Raffaele exige de l'avocat qu'il s'évade avec lui. L'évasion réussie l'avocat réussit à semer Raffaele et se réfugie avec ses hommes dans une maison isolée où le partage de l'argent doit se faire. L'avocat les invite à la patience. Lentement les tensions montent entre l'avocat et ses hommes. L'arrivée de Peggy, la femme de l'avocat, Aldo, un ami à lui, et Raffaele qui a retrouvé leur piste, na va rien arranger...
Le nom de Gianni Siragusa est avant tout associé dans l'esprit de l'amateur de Bis à deux WIP, deux des plus miséreux du genre qui marquèrent aussi la vertigineuse chute de la carrière d'Ajita Wilson vouée dés lors au porno bas de gamme, Detenute violente / Sévices à la prison de femmes et Perverse oltre le sbarre. Siragusa qui succéda à Sergio Garrone après que le réalisateur ait refusé de tourner ces deux WIP avait fait ses débuts derrière la caméra huit ans plus tôt. Quelli dell'antirapina est sa toute première mise en scène, très sûrement son film le plus intéressant si ce n'est l'unique pellicule de sa courte filmographie
qui mérite l'attention du spectateur amateur de noir.
Depuis la prison où il est incarcéré Francesco Vitale, un génie du crime surnommé "l'avocat", organise avec l'aide de sa femme Peggy le coup du siècle. Deux de ses hommes, Sandro et Marco, vont dérober 4 milliards de lires en quatre minutes dans une banque de Gênes. Le vol se fait sans mal. Francesco n'a plus qu'à s'évader pour récupérer l'argent. La nuit de son évasion un prisonnier, Raffaele, est muté dans sa cellule. Raffaele exige de s'évader avec lui. Francesco accepte mais une fois dehors il parvient à semer Raffaele qui cependant échappe aux forces de l'ordre. Pendant que Raffaele pille une banque Francesco et ses hommes se
réfugient dans une vaste demeure isolée où les rejoignent Peggy et un ami de l'avocat, Aldo. La tension monte très vite entre Francesco et ses hommes qui n'ont plus confiance en leur boss. Ils n'ont toujours pas vu la couleur des quatre milliards. L'arrivée de Aldo n'arrange rien. Aldo est en fait l'amant de Peggy. C'est elle qui est le véritable cerveau du vol et elle seule sait où l'argent est caché. Elle prévoit de s'enfuir avec et le partager avec Aldo. Raffaele quant à lui a retrouvé la trace de Francesco qu'il rejoint à son tour à la demeure. Peggy est vite séduite par l'homme avec qui elle ne tarde pas à coucher, prête désormais à trahir Aldo pour partir avec lui. Elle met au point un plan pour quitter la maison mais les hommes de
Francesco ont senti le piège. Ils prennent d'assaut la chambre où ils se sont enfermés. Raffaele et Peggy parviennent à s'enfuir. Francesco quant à lui en a profité pour quitter les lieux avec Aldo. Les deux hommes avaient depuis longtemps deviné que Peggy les trahirait. Ils récupèrent les quatre milliards au fond de la mer. Francesco tue Aldo pour garder le butin pour lui seul. Raffaele et Peggy le retrouvent. Francesco se débarrasse de sa femme. Il n'a plus qu'à partager l'argent avec Raffaele. C'est alors que Raffaele lui fait la plus ébahissante des révélations, un retournement de situation totalement inattendu pour l'avocat.
Pour sa première mise en scène Siragusa s'attaque donc au noir avec reconnaissons un
certain succès. L'intrigue se divise en deux parties assez distinctes. La première s'intéresse au vol plutôt rapide des fameux quatre milliards, l'évasion de prison de Francesco et Raffaele et le hold-up que commet ensuite Raffaele. Cette première partie est donc essentiellement basée sur l'action assez soutenue menée avec dynamisme par un Siragusa qui sans jamais sortir des sentiers battus semble inspiré. Fusillades, bagarres, hold-up s'enchainent donc arrosés d'un zeste de suspens avec pour cerise sur le gâteau l'évasion nocturne de l'avocat. A cette occasion Siragusa nous offre une évasion maritime assez musclée, rondement menée une forme d'escapade peu utilisée qui apporte ainsi un peu de nouveauté au genre.
La seconde moitié du film est cette fois plus psychologique et s'intéresse en majeure partie aux tensions qui rapidement naissent au sein de la bande de l'avocat de plus en plus suspicieuse quant à ses réelles intentions. C'est donc plus à une sorte de jeu du chat et de la souris auquel on assiste, deviner qui joue avec qui, qui est qui en réalité. Siragusa fait maitre le doute, les doutes, la suspicion, chez les malfrats mais aussi chez le spectateur. Les trahisons et autre double jeu se multiplient dans la règle de l'art. On devine assez facilement le pourquoi du comment et c'est sans véritable surprise qu'on apprend que Peggy est en réalité le cerveau de l'histoire et manipule à sa guise ce joli monde pour s'envoler avec
les quatre milliards en compagnie de son amant. Rebondissements et retournements de situation sont légion, entrecoupés de quelques scènes d'action (l'attaque de la maison par un tireur invisible), pas toujours très clairs mais suffisamment bien dirigés pour qu'on puisse passer outre. Et c'est là un des points forts de ce noir à tiroirs, sa logique et sa cohérence qui trouveront toute leur clarté lors du twist final, totalement inattendu. Ce qui paraissait jusqu'alors un peu obscur voire par instant abracadabrant donc dérangeant trouvera toute la lumière lors des ultimes minutes. C'est sur une note fort convaincante que le spectacle se termine donc faisant de ce gangster movie une jolie petite réussite du genre.
Toujours au crédit du film les magnifiques paysages de Gênes et surtout de Rapallo et son littoral, une partition musicale synthétique envoutante signée des frères Franco et Mino Reitano et une interprétation tout à fait efficace d'une solide brochette d'acteurs, en tête Antonio Sabato au maximum de sa forme, par instant bestial comme on l'aime et l'élégant John Richardson, taciturne et hermétique dans le rôle de l'avocat. Autour d'eux on aura le plaisir de retrouver quelques jolis noms du cinéma de genre dont Vassili Karis et Serafino Profumo plus connu pour ses interprétations délirantes d'officiers SS sadiques et gardiens de prison lubriques. C'est Lea Lander (Cani arrabbiati) qui prête ses talents de comédienne
à Peggy et nous offre une petite scène sensuelle avec Sabato, l'unique distraction un tantinet érotique dans une pellicule cette fois dénuée de tout érotisme, chose rare à cette époque.
Ecrit à quatre mains par Siragusa et Italo Alfaro Quatre milliards en quatre minutes subrepticement sorti en salles en France à l'automne 78, est un noir certes discret mais efficace qui se laisse regarder avec plaisir d'autant plus avec joie que les facilités scénaristiques qui auraient pu gâcher l'intrigue trouvent leur explication lors de ce dénouement surprenant. Siragusa après ces débuts prometteurs ne renouvellera pas l'essai malheureusement. Après un autre polar Avvoltoi sulla citta, l'ultime film que tourna Maurizio Merli, et ses deux WIP il s'enlisera dans le ridicule avec une suite de pellicules pseudo érotiques (Senza vergogna) ou à connotations policières (les pitoyables Mia zia 007, Inquietudine et 28° minuto). En somme 4 milliards en 4 minutes est un petit coup d'éclat dans une carrière bien terne.