Macchie solari
Autres titres: Frissons d'horreur / Autopsy / Sun spots / The magician
Real: Armando Crispino
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 100 mn
Acteurs: Mimsy Farmer, Ray Lovelock, Barry Primus, Carlo Cattaneo, Angela Goodwin, Massimo Serrato, Gaby Wagner, Ernesto Colli...
Résumé: Simona, jeune étudiante en médecine, prépare une thèse sur le suicide en faisant un stage dans une morgue de Rome. Dés son arrivée, elle est confrontée à une vague de suicides inexpliqués qui se propage à travers la ville. Devenue frigide et dépressive suite à ses travaux, Simona doit faire face à ses propres cauchemars et hallucinations lorsque la maîtresse de son père est retrouvée assassinée. L'univers de la jeune fille va alors basculer dans la tourmente. Un prêtre, Paul Lennox, le frère de la victime, refuse de croire à la thèse officielle. Il décide de mener sa propre enquête. L'arrivée de Paul dans sa vie n'arrange pas les problèmes de Simone. Elle ressent pour lui une étrange attirance, ce que n'approuve pas Edgar, l''amant de la jeune étudiante. Les morts vont se succéder autour de Simone, dont celle de son père. Un climat de tension et de folie va progressivement s'installer jusqu''au terrible et tragique dénouement qui lève le voile sur tous ces drames...
Initialement intitulé La victime, le titre français ne reflète en rien le sujet du film dont le titre est Macchie solari (Tâches solaires) beaucoup plus explicite. L'histoire s'inspire en effet d'une rumeur qui accuserait les tâches solaires et les radiations de l'astre du jour d'une vague de suicides inexpliqués. Deux ans après sa première incursion dans l'univers du giallo avec l'inégal mais plutôt original L'etrusco uccide ancora / Overtime, Armando Crispino tente avec Macchie solari de suivre les traces de ses maîtres, Dario Argento et Mario Bava, dans sa trame et son coté visuel. En bon élève, il signe un film morbide et beau à la fois, la complexité des agissements et du caractère des protagonistes parachevant la finalité de l'oeuvre. L'ouverture du film donne le ton. On assiste à une série de plans sur l'astre solaire suivi d'une vague de suicides avant de faire la connaissance avec Simone à la morgue où elle travaille. Occasion rêvée pour Crispino d'installer cette atmosphère macabre qui caractérise dès lors son film. La caméra s'attarde sur les cadavres décomposés, étalage de chair morte, plans de viscères auxquelles succèdent des photos réelles de visages et autres corps putrides. A ces visions complaisantes viennent se greffer les propres hallucinations de Simone qui voit ces cadavres prendre vie, corps obèses de vieillards ricanants s'avançant vers elle.
En quelques scènes, le réalisateur arrive à entraîner le spectateur dans son univers malsain aux confins de la folie et de la névrose à l'image de Simone. Cette folie sera présente tout au long du film, faisant de Simone un des éléments les plus intéressants du film et des plus complexes également. Est elle coupable de ces meurtres, poussée par une folie schizophrène ou simple victime d'une horrible machination?
En quoi Simone pourrait elle détenir la clé de effroyable secret? Fragile et dépressive mais aussi étrangement fascinée par la mort, rien ne facilite la vie de la jeune femme encore moins sa frigidité qui détruit sa relation avec son amant. Ce problème complique aussi son attirance pour Paul, un prêtre, homme tourmenté par un lourd passé qu'il essaie de cacher. Sa condition d'homme d'église leur interdit toute relation sexuelle, refrénant ainsi leur fascination mutuelle. Crispino joue avec les relations qu'il noue entre ses différents protagonistes- protagonistes au demeurant fort bien dépeints, tant sur le plan physique que psychologique- et son film n'en devient que plus intéressant.
Si le film souffre d'un certain manque de rythme, Crispino a su se placer assez habilement entre ses deux maîtres, Dario Argento et Mario Bava, et s'en tire somme toute haut la main, signant un film à la fois beau et morbide, appuyé par la partition musicale signée Riz Ortolani et Ennio Morricone.
La frêle et blonde Mimsy Farmer interprète une Simone plus que crédible, sachant rendre son personnage fort attachant. Son visage de petite fille effarouchée convient parfaitement à ce rôle de jeune femme névrosée. Mimsy Farmer s'était à l'époque spécialisée avec brio dans ce type de rôle. Elle avait été entre autre l'héroïne tour à tour de Quatre mouches de velours gris de Dario Argento ou Le parfum de la dame en noir . C'est à Barry Primus et Ray Lovelock que revient l'honneur de partager les deux principaux rôles masculins.
Frissons d'horreur mérite aujourd'hui d'être réhabilité à sa juste valeur et de retrouver sa place parmi les meilleurs gialli italiens de la grande époque. Il fait sans nul doute partie des meilleurs produits du genre que l'Italie ait conçu à une époque où elle aimait fort bien jouer de l'arme blanche.