Safari erotico
Autres titres: Folies tropicales / Lady Jane / Safari tou erota
Réal: Jean Luret / Carlos Aured
Année: 1981
Origine France / Espagne / Italie
Genre: Erotique
Durée: 85mn
Acteurs: Herbert Hofer, France Lomay, Ricardo Palacios, André Chazel, Patricia Belfont, François Carrique, Jean-Marc Bernard, Vick Salza, François Kariki, Paul Bisciglia, Andrea Guzon, Dominique Lantenier, Mayka Grey, Francette Maillol, Madame Riou, Adolfo Gallego...
Résumé: Le général Brando, le bras droit du ministre d'un pays africain, projette de kidnapper Lorraine, une danseuse strip-teaseuse, afin de satisfaire le goût prononcé du ministre pour le safari érotique autrement dit une chasse humaine sur la plage. Franck, un photographe, accompagne donc Lorraine en Afrique après qu'il ait eu vent des noirs desseins du ministre. Lorraine est tout de même enlevée mais Franck la sauve. Tout deux fuient dans la forêt et font la connaissance de Jane, la femme de la jungle qui a un don surnaturel. Son fameux cri fait automatiquement bander tous les hommes et décuple leur libido...
A tous les pornophiles qui apprécient le X français le nom de Jean Luret ne doit surement pas leur être inconnu. Après un premier film érotique en 1975 dont la réelle paternité est souvent contestée puisque Guido Zurli l'aurait lui même réalisé après que Luret se soit retiré, La fille d'Emmanuelle / Femmes vicieuses, il passe de suite après à la pornographie, un univers qu'il ne quittera quasiment plus. Entre 1976 et 1984 il réalisera une trentaine de pellicules juteuses répondant entre autres aux doux noms de Ces salopes de belles-soeurs, Les jeunes Q, Je fais où on me dit, Pépées la baise, Les lécheuses, Parfums
d'une petite culotte ou encore Le cul de Marilyne qu'il tourne fin 1979 coproduit cette fois avec l'Espagne. C'est de nouveau en collaboration avec l'Espagne qu'il réalise à quatre mains Safari erotico puisqu'il est cosigné avec Carlos Aured, un des spécialistes ibériques de l'érotisme et de la pornographie.
Une jeune danseuse strip-teaseuse parisienne, Lorraine, est envoyée par son agent artistique au Yuanda, une république africaine, afin d'y tenir un spectacle. Franck, son ami-amant photographe, apprend que des enlèvements de jeunes filles sont commandités sur Paris par des agents du ministre en place. Il s'en sert comme esclaves à des fins très
particulières. Il pratique en effet ce qu'il appelle le safari érotique. Lachées nues sur une plage elles servent de gibier humain aux hommes du ministre. Frank décide donc d'accompagner Lorraine au Yuanda ce qui s'avère une très bonne idée puisque le général Brando, le bras droit obèse et homosexuel du ministre, lui avait promis trois nouvelles jolies proies. Il n'en a pour l'instant que deux. L'arrivée de Lorraine est donc une aubaine. Il va tout faire pour la kidnapper. Il y parvient mais Franck la sauve des griffes de Brando. Ils s'enfuient dans la jungle et font la connaissance de Jane et sa guenon Cheetah. Jane a un pouvoir magique. Lorsqu'elle pousse son fameux cri tous les hommes se mettent à bander comme
des taureaux. Franck et Lorraine font une halte dans un petit village. Grâce à un sortilège le sorcier transpose le corps de Jane dans celui de Lorraine qui désormais possède le même don que Jane. Brando met tout en oeuvre pour capturer Lorraine mais il échoue à chaque fois. Après quelques aventures érotiques Franck et Lorraine rentrent à Paris. L'agent artistique de la jeune femme compte bien utiliser le fantastique pouvoir de son artiste. Il lui écrit une chanson dans laquelle elle pousse son fameux cri. A son écoute tous les hommes sont en érection ce qui rend leurs compagnes complètement folles de leur corps. Finalement Lorraine et Frank retournent au Yuanda mettre fin au sortilège.
Malheureusement pour Franck Cheetah a bu l'antidote. C'est l'effet inverse qui se produit sur lui. Il n'a plus de pénis!
Les dix premières minutes du film laissent présager d'une bande érotique lambda sans grande envergure ni grande originalité puisqu'on assiste simplement aux ébats de Lorraine et Franck suivis d'un entretien professionnel se terminant par le strip-tease d'une starlette sous l'oeil avisé de l'agent artistique. Après une petite escapade parisienne le film débute réellement et justifie enfin son titre. Nous voilà plongés non seulement au coeur de la républicaine africaine imaginaire du Yuanda où sévissent un ministre lubrique et son
général, un homosexuel obèse flanqué de son petit ami travesti, une follasse nommée Coccinelle, mais aussi au coeur d'un grand n'importe quoi! La première chose qui frappe en visionnant ce Safari érotique c'est son montage souvent aléatoire qui rend la narration assez difficile à suivre. Si certaines scènes semblent avoir disparues (coupures?) d'autres arrivent comme un cheveu sur la soupe et ne trouvent guère de justification dans l'intrigue, un peu comme si elles provenaient d'un autre film ou de ce qu'était peut être à la base Safari erotico. Quelques images sortent de nulle part (les crabes) et laissent supposer là encore qu'il manque des choses. Il en va de même pour certains personnages qui disparaissent
soudainement pour ne revenir qu'en fin de pellicule (Coccinelle) ou de certaines scènes qui ne semblent pas terminées. Mais finalement est-ce vraiment important?
Pas vraiment car l'histoire n'a que bien peu d'importance avouons-le. Safari erotico est un délirant patchwork de tout et n'importe quoi. Plus le film défile plus on hallucine devant ce gigantesque délire sans queue ni tête très probablement tourné à St Domingue tant on reconnait les indigènes et les paysages où D'Amato réalisa sa série de hardcore tropicaux entamée avec Sesso nero. Ceux qui apprécient l'exotisme seront heureux. Que trouve t-on donc dans cette histoire de jeunes filles kidnappées pour satisfaire les désirs d'un ministre
africain? Un agent artistique qui passe son temps au téléphone et à lire, une secrétaire grassouillette qui soudain se caresse sans raison (et plus rien), des auditions pour un film dont on ne sait rien et qui apparemment servent d'interludes érotiques car il faut combler. Et pour combler Luret - Aured comblent! Puis on a ce fameux safari érotique qui n'est ni plus ni moins qu'une chasse à l'homme (rectification: à la femme) sur la plage. Les trois prisonnières jetées nues au fond d'un cachot sont ensuite emmenées sur la plage puis pourchassées par le ministre qui tente de les attraper au filet. Ce qui aurait du être le coeur de l'intrigue ne dure guère plus de trois minutes tapantes. L'idée de la chasse humaine
s'effondre pour laisser place à un nouveau personnage sorti de nulle part et dont on ne sait rien: Jane, la version féminine de Tarzan qui soudainement apparait dans la jungle avec sa guenon. Jane a un pouvoir surnaturel. Lorsqu'elle pousse son fameux cri les hommes sont automatiquement en érection. Voilà qui nous vaut une séquence mémorable. Franck se sert de son phallus en guise de cric pour changer la roue de sa jeep! Encore plus inexplicable, un sorcier en chapeau haut de forme et lunettes de soleil noires grâce à tour de magie digne de Meliès (un peu de poudre et un parapluie) transpose le corps de Jane dans celui de Lorraine qui hérite donc du pouvoir de notre femme de la jungle.
Avec tout ça le tandem Luret/Aured avaient oublié l'histoire de base. Réapparait donc l'éléphantesque Brando qui entre temps a perdu Coccinelle et l'a troqué contre deux indigènes habillés de rose qui visiblement mal à l'aise imitent très mal les homosexuels efféminés mais miment parfaitement le singe, une scène aujourd'hui impensable qui ferait bondir toutes les ligues de la défense des droits de l'homme. Pendant que Franck et Jane rugissent de plaisir sur la plage Lorraine somnole et ne voit pas Brando totalement nu s'approcher d'elle. Là encore il fallait oser déshabiller ce mastodonte de 180kg qui avance en se dandinant vers sa proie, se couche à ses cotés et se laisse toucher son micro sexe.
Là où il y a du plaisir il n'y a pas de gêne, c'est bien connu. Simplement hallucinant. Tout cela donnera naissance à une chanson, le tube disco entêtant que chante Lorraine de retour à Paris et qu'on aura tous envie de fredonner avec elle: "C'est moi Lorraine mon cri vous enchaine. Quelle angoisse dans la nuit, tous ces hommes après moi me traquant comme une proie. J'étais perdue dans la brousse à moitié morte de frousse mais comment faire pour fuir cette bande de sadiques. Je vous réveille, c'est moi Lorraine mon cri vous enchaine". Et tous les couples qui l'écoutent à la radio et à la télévision se mettent à faire l'amour frénétiquement envoutés par le cri de Jane qui termine chaque couplet. Au milieu de
cette vaste cour de récréation, de cette inénarrable et hilarante loufoquerie tropicale il y a du sexe, beaucoup de sexe tant hétéro que saphique, beaucoup de nudité tant frontale que dorsale. On est à la limite de la pornographie mais on ne la dépasse jamais du moins dans la version visionnée car une question demeure. Existe t-il une version hardcore ce que certaines scènes pourraient laisser supposer?
En tête de distribution on retrouve un des plus actifs hardeurs de l'âge d'or de la pornographie italienne, l'autrichien Herbert Hofer, dans le rôle de Franck et une des stars du X français d'alors France Lomay qui se glisse dans la culotte vite perdue de Lorraine.
L'érotomane André Chazel est l'agent artistique. Autour d'eux on reconnaitra ça et là quelques gueules de l'érotisme bleu blanc rouge comme Paul Bisciglia mais aussi italien et ibérique comme Andrea Guzon (La femme pervertie, Sadomania, Una moglie due amanti quattri amanti) mais la grosse curiosité du film est la présence du pachydermique Ricardo Palacio, une des incontournables gueules du Bis ibérique et transalpin, qui incarne ici Brando, le général homosexuel efféminé. Habillé d'un paréo il faut le voir imiter les grandes folles, battre des cils et papillonner entouré ou lové dans les bras de sa Coccinelle, un travesti vulgaire ultra cliché, jusqu'à l'incroyable séquence où il se montre entièrement nu.
Les bras nous en tombent!
Subrepticement sorti en France mais uniquement en province sous le titre Folies tropicales Safari erotico est un délire exotique hilarant, un grand n'importe quoi que tout amateur de Z puissance mille (et de pellicules érotico-exotiques) prendra un malin plaisir à visionner, la main dans le bermuda, les scènes de sexe étant assez réussies et plutôt joliment mises en scène, le tube de Lorraine sur les lèvres. Voilà une rareté uniquement disponible en vidéo aussi drôle que débile, originale dans les idées qu'elle a malheureusement laissé à l'état de brouillon, à ranger parmi certains Franco (Chasseurs d'hommes, Mondo cannibale) et la série exotique de D'Amato.