Missione Caracas
Autres titres: Mission spéciale à Caracas / Mission to Caracas / Mision especial en Caracas
Réal: Raoul André
Année: 1965
Origine: France / Italie / Espagne
Genre: Euro spy
Durée: 76mn
Acteurs: Roland Carey, Jany Clair, Josy Andrieu, Louise Carletti, Michel Lemoine, Saro Urzi, Janine Reynaud, Yvonne Monlaur, Dominique Saint-Pierre, Sonia Bruno, Alain Gottvalles, Mireille Granelli, Dominique Page, Christian Kerville, Christa Lang, Henri Lambert, Paul Demange, Claude Salez...
Résumé: Une organisation vénézuélienne a mis au point une bombe à effets paralysant particulièrement efficace. Elle doit la vendre à un groupe anti castriste contre une grosse somme en diamants dissimulée avec les plans de l'engin dans une mallette. Celle ci doit être acheminée en France, le seul pays où la bombe peut être fabriquée. Le porteur de la mallette est assassiné sur le bateau qui l'emmène à destination. Deux agents français, Becker et Breuil, sont chargés de découvrir qui est le meurtrier et de retrouver la mallette que huit superbes femmes, témoins du meurtre, ont caché quelque part sur le bateau afin de s'emparer des diamants...
Tout le monde connait Le club Dorothée, l'émission jeunesse qui a bercé notre enfance et notre adolescence. Aux cotés de l'immense Dorothée il y avait notamment Ariane, Ariane Carletti de son nom complet, qui n'était autre que la fille de Raoul André, scénariste et metteur en scène à qui on doit une vingtaine de films réalisée entre le début des années 50 et le milieu des années 70. Parmi eux Mission spéciale à Caracas, un euro spy, une sous branche du cinéma de genre née du succès des aventures du plus célèbre des agents secrets britanniques crée par Ian Fleming. Coproduit avec l'Italie et l'Espagne ce sous
James Bond au rabais adapté du roman de Claude Rank "Treize femmes" nous entraine à Caracas où l'élégant agent Gil Becker et son assistant ont fort à faire pour retrouver une mallette qui pourrait changer la face du monde.
Un groupe d'exilés vénézuéliens mené par Vasson a mis au point une bombe à effets paralysant très efficace nommée Sarin qu'il souhaite vendre à une organisation anti castriste. Les membres de l'organisation l'achètent contre une importante somme en diamants qu'ils ont caché dans une mallette qui contient également les plans de la bombe. La mallette devra voyager jusqu'en France puisque Sarin ne peut être fabriquée que dans notre pays. Le porteur de la mallette monte à bord du bateau qui doit le conduire jusque
dans notre bel hexagone. A peine le bateau a t-il quitté le port de Caracas que l'homme est assassiné, une mystérieuse mini fléchette plantée dans le cou. La mallette est récupérée par un groupe de huit femmes bien décidé à garder les magnifiques diamants. Malheureusement pour elles d'autres personnes sont prêtes à tout pour retrouver la précieuse mallette. Le bateau se transforme alors en un lieu de crime où deux agents français, l'agent Becker et l'agent Breuil, mènent l'enquête. Ils doivent découvrir qui est l'assassin aux fléchettes, démasquer ceux qui veulent s'emparer de la mallette à tout prix et faire face à ces huit femmes plus belles et déterminées les unes que les autres qui
chacune soupçonne l'autre de posséder les diamants, aucune ne sachant qui a récupéré la mallette. Les deux agents découvriront finalement qui est le meurtrier, retrouveront la mallette mais arrivés en France ils sont attendus par les hommes de l'organisation qui veulent récupérer les plans de la bombe. Becker avait prévu le traquenard et mis en place un malin stratagème. Le chef de l'organisation et ses hommes sont tués et les plans remis à la police française. Becker peut désormais roucouler avec sa fiancée.
Mission spéciale à Caracas fait partie des tout premiers eurospy qui s'apprêtaient à déferler
sur nos écrans du milieu des années 60 jusqu'à la fin de la décennie qui marqua lentement la fin du genre. Autant le dire de suite, le film de Raoul André est un eurospy anodin qui risque de ne laisser que peu de souvenirs au spectateur embarqué à bord de ce bateau où se déroule presque toute l'intrigue. Ce n'est pas La croisière s'amuse mais plutôt la croisière enquête, le problème étant que les investigations maritimes de nos deux agents français ne sont guère palpitantes. En fait il ne se passe quasiment rien durant 80 minutes. Ceux qui s'attendaient à un certain suspens et de l'action seront déçus. Cette mission spéciale ressemble à un banal épisode d'un quelconque feuilleton policier où les deux principaux protagonistes, deux agents français, doivent trouver l'assassin aux fléchettes qui
se cache quelque part sur le bateau et mettre la main sur la fameuse mallette qu'une des huit femmes a soigneusement dissimulé. Aucune arme secrète ou gadget élaboré cette fois hormis cet appareil photo lanceur de mini fléchettes, pas de vilain ni de mégalomane qui menace le monde. L'action se résume à quelques bagarres bien molles, quelques cat-fights rigolos où nos filles s'en donnent à coeur joie et l'attaque par les forces de l'ordre, quelques jolis gendarmes en képi bien franchouillards, du hangar où se cachent le vilain et ses sbires en toute fin de film.
Il n'y a pas donc pas grand chose à se mettre sous la dent ce qui ne signifie pas qu'on
s'ennuie. Aussi mou et peu original soit-il, Mission spéciale à Caracas se laisse néanmoins gentiment regarder. Certes on n'est pas vraiment captivé mais on se laisse porter par son coté joliment désuet et tellement français, par ses incessants traits d'humour qui en font plus une comédie d'espionnage qu'un véritable euro spy et une distribution féminine qui a de quoi flatter l'oeil, huit femmes françaises et espagnoles, parmi lesquelles on reconnaitra Louise Carletti, l'épouse du réalisateur, Janine Reynaud (vue dans bon nombre de gialli et d'euro spy), Jany Clair (une habituée des péplums), Christa Lang, Mireille Granelli (la Beatrice Cenci du Château des amants maudits), Dominique Page ou
encore Sonia Bruno ex-Miss Barcelone et Miss Espagne. Petite curiosité, c'est le suisse Roland Carey (crédité ici Rob Carter), ex-vedette du péplum, qui se glisse dans le costume du séduisant et viril agent Becker et doit sauver nos divines créatures des griffes du vilain. Carey a certes la stature et l'élégance du personnage mais il se trouve être un acteur assez fade qui a un peu de mal à rivaliser avec ses confrères italiens qui endossèrent eux aussi le rôle d'agent secret. On le retrouvera bien des années plus tard, en fin de parcours, dans une poignée de hardcore transalpins signés Joe D'Amato. Bien loin est le bon temps d'Hercule et de l'agent Becker!
On notera également une certaine audace pour l'époque (nous sommes en 1965) dans la manière dont Raoul André maltraite les femmes, une brutalité franchement misogyne qui n'est pas pour nous déplaire. On ne compte plus les gifles, les coups de poings au visage voire des coups de pied, les coups de ceinture que se prennent ses séduisantes protagonistes. L'une d'entre elles est même sur le point de se faire frapper au visage avec un gant garni de pointes. Comme quoi il n'y avait pas que Lenzi qui se faisait un plaisir de maltraiter ses actrices. Mentionnons aussi la mort du vilain, écrasé dans un étau, après qu'il ait déchiré son pantalon jusqu'au slip. Voila qui est assez humiliant lorsqu'on joue au grand
méchant mais cette petite pointe de violence n'est là encore pas faite pour nous déplaire.
Cette coproduction rythmée par une bande originale très jazzy n'est pas un grand euro spy. Mission spéciale à Caracas est une petite pellicule discrète, anodine, peu palpitante, qui n'a pas bénéficié de grands moyens et souffre d'une mise en scène un peu trop molle et lente. Elle reste cependant un divertissement sympathique, guilleret, ludique, ne serait-ce que pour son casting féminin trois étoiles, son ton sans cesse humoristique et ses quelques séquences joyeusement misogynes.
Pour la petite histoire la partie finale se déroulant en France fut tournée au Havre, dix jours de tournage dont la ville est aujourd'hui toujours aussi fière. Si Mission spéciale à Caracas s'ouvre sur les plages paradisiaques de la capitale vénézuélienne il se referme sur le port et les docks havrais bien moins clinquants c'est évident. Deux visions opposées du monde, on choisira celle qui nous fait le plus rêver.