Sexo cannibal
Autres titres: Chasseur de l'enfer / Chasseurs d'hommes / The devil hunter / The Mandingo man under / The manhunter / Il cacciatore di uomini / El canibal
Real: Jesus Franco
Année: 1980
Origine: Espagne / France / Allemagne
Genre: Aventures
Durée: 102mn
Acteurs: Al Cliver, Werner Pochath, Gisela Hahn, Ursula Buchfellner, Burt Altman, Antonio Mayans, Antonio De Cabo, Melo Costa, Aline Mess, Muriel Montossé, Claude Boisson...
Résumé: Un vétéran du Vietnam se rend sur une île maudite habitée par des cannibales pour tenter de délivrer une jeune top modèle qui a été kidnappée. Ses ravisseurs veulent en échange une forte rançon. Mais l'île est aussi hantée par un monstre-zombi cannibale que les indigènes vénèrent...
S'il fut tourné dans la mouvance des films de cannibales qui envahirent l'horizon du cinéma d'exploitation transalpin dés le début des années 80, Chasseurs de l'enfer est plus un film d'aventures exotiques qu'un film de cannibales à proprement parler.
Si au départ le film devait être réalisé par Franco Prosperi puis par Armando De Ossorio , c'est à l'infatigable Jesus Franco que la réalisation en incomba finalement. Et le film porte irrémédiablement la griffe du bien triste metteur en scène... pour le meilleur et surtout le pire.
Si on est fort heureusement bien au dessus du niveau de son tristement fameux Mondo cannibale cela n'empêche pas que Chasseurs de l'enfer contienne une fois de plus tout ce qui peut irriter chez Franco. S'il était encore à prouver qu'il n'a quasiment jamais eu le sens de l'esthétique et l'habileté à manier une caméra, Chasseurs de l'enfer en serait l'évidence. Zoom excessif, mouvement de caméra à donner la migraine, totale incohérence du scénario et du jeu des acteurs qui lorsqu'ils ne jouent pas cabotinent à l'excès, dialogues ineptes, Il cacciatore di uomini est un monument de parfaite ringardise.
Pourtant et contrairement à Mondo Cannibale de sinistre mémoire, cette nouvelle aventure exotique se laisse voir sans réel déplaisir. A quoi doit-on ce miracle? A plusieurs raisons peut être. Tout d'abord à cette île tropicale qui sert de jungle, en fait une station balnéaire au large des côtes espagnoles, qui donne au film un air de vacances comme au bon vieux temps des films exotico-tropicaux de Date et consorts. Puis et surtout à la présence de ce monstre mi-homme mi-mutant qui n'est autre qu'un indigène affublé d'une paire d'énormes yeux rouges exorbités collée sur le visage et portant décemment un slip rouge. Chacune de ses apparitions marquée par son souffle rauque et une caméra suggestive hasardeuse quand Franco ne choisit pas de nous faire voir ses victimes à travers ses yeux grâce à d'étourdissants flous est un grand moment de rire. Guère imaginatif, le cinéaste répète l'effet à ne plus en finir ce qui finit par devenir insupportable au bout d'un moment. D'autant plus insupportable que ces passages semblent interminables. Cela donne l'impression que le réalisateur comble par les déambulations de son monstre un scénario qui n'arrive plus à avancer. Le rire fait place alors à l'agacement tandis que la musique entêtante jouée à l'orgue martèle le cerveau du malheureux spectateur. On notera toutefois une ouverture intéressante qui met en parallèle deux séquences: celle de la starlette qui se fait kidnappée par ses ravisseurs dans cette jungle urbaine que sont nos métropoles et une pauvre victime pourchassée par les indigènes dans la jungle.
Franco ménage à sa façon quelques scènes de suspens agrémentées de quelques légères touches de gore (une poignée de corps mutilés, une décapitation et de très rapides scènes de cannibalisme), le tout baignant dans un climat, volontaire ou non, d'hilarité quasi constante appuyée par une musique disco affreuse qui alterne avec le son des tam-tam et des dialogues ridicules au possible.
Il ne faut pas chercher ici une quelconque logique, les protagonistes agissent sans cesse contre tout bon sens et le film finit par devenir un énorme pourquoi. Pourquoi les terroristes se réfugient ils sur une île réputée maudite? Pourquoi la tribu cannibale est un énorme melting-pot ethnique qui va du Noir au Métis en passant par le pur Blanc? Pourquoi vénèrent ils un affreux totem en carton censé représenter ce monstre dont les narines laissent échapper de la fumée? Pourquoi les personnages sont si ahuris? Qui est ce monstre et d'où vient il? Pourquoi le film existe? A cette question on pourra peut être répondre: pour le plus grand plaisir de l'amateur de pur cinéma Bis!
Ce plaisir est accru par la présence au générique de l'ineffable Al Cliver qui incarne cet aventurier stoïque qui débarque sur l'île en hélicoptère, du filiforme Werner Pochath qui comme d'accoutumée semble être le seul à croire à son personnage ou le puissant acteur de couleur Burt Altman déjà vu dans Le lac des morts vivants et Terreur cannibale qui cette fois endosse la peau du monstre. L'allemande Ursula Buchfeller et Gisela Hahn si elles illuminent l'écran de leur blondeur respective ne brillent guère par contre par leurs talents d'actrice mais apportent la dose d'érotisme nécessaire au film. On notera aussi l'apparition de la fort pulmonée Muriel Montossé qui se fera violée et dévorée sur le yacht par le monstre-zombi, un des rares moments gore du film.
Toute cette course à la rançon se terminera par un homérique combat au sommet d'une falaise, en fait trois pirouettes d'Al Cliver, avant que le monstre qui pour l'occasion a perdu son slip, ne s'écrase quelques mètres plus bas, mettant fin par la même à notre joie d'avoir assisté à une petite perle de culture Bis.
Petit film d'aventures de jungle mâtiné d'érotisme de bon aloi, Chasseurs de l'enfer est une typique petite série B qui embrasse la plupart du temps la série Z. Pas désagréable en soi, juste répétitif et guère imaginatif mais bien au delà de Mondo cannibale. Voilà son atout majeur!