Il bocconcino
Autres titres: Cours spéciaux pour collégiennes / The titbit / El bocadito / El jovencito / O matakias
Réal: Romano Scandariato
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 95mn
Acteurs: Lucio Flauto, Hélène Chanel, Flora Saggese, Antiniska Nemour, Claudio Gallone, Lucio Como, Fabio Conti, Italia Vaniglio...
Résumé: Le jeune Gigi passe ses vacances d'été chez son oncle afin de pouvoir réviser au calme. Ses révisions sont perturbées par sa cousine Gemma et Betty la jeune fille au pair qui ne pensent qu'à s'amuser. Gemma est loin d'être insensible au charme de son cousin qu'elle cherche à débaucher. Gigi reste imperturbable du moins en apparence car il est attirée non seulement par Gemma mais aussi par Betty. Malheureusement leurs tentatives pour se rapprocher sont toujours contrariées. Mais Gigi sous son apparence sérieuse est un petit vicieux qui n'a pas dit son dernier mot...
S'il débute comme scénariste en 1972 le nom de Romano Scandariato est surtout associé à une flopée de sexy comédies, films érotiques (Ah mon petit puceau, La liceale al mare con l'amica di papa, Chaleurs exotiques, Crema, cioccalata e pa...prika...) et films d'horreur des années 80 (La terreur des zombis, Emanuelle chez les cannibales...) en tant qu'assistant-réalisateur. En tant que metteur en scène il ne réalisa que cinq films entre 1973 et 1989 dont une décamérotique plutôt réussie, Fra' Tazio da Velletri, et trois comédies avec l'idole napolitaine Nino D'angelo, Quel ragazzo della curva B, L'ammiratrice et Quella
ragazza del metro . Tourné en 1976 Il bocconcino est son second film.
Le jeune Gigi passe ses vacances d'été chez son oncle Amedeo et sa tante Michela, un couple de bourgeois qui vit dans une somptueuse villa. Gigi pense bien consacrer son été à étudier et ne pas lever le nez de ses bouquins. La tâche s'avère vite difficile car sa cousine, Gemma, et Betty la jeune fille au pair qui aide Gemma pour ses leçons d'anglais, sont loin d'être aussi sérieuses. Même si elle a un petit ami, Guido, Gemma est bien décidée à débaucher Gigi qu'elle trouve plutôt attirant mais le bel étudiant reste insensible à ses charmes du moins en apparence. S'il passe son temps à se plaindre du bruit qu'elle et ses
amis font lorsqu'ils s'amusent il se laisse pourtant aller à rêver d'elle surtout depuis que son oncle et sa tante le réveillent chaque nuit en faisant l'amour. Le problème est que Gigi est attiré à la fois par Betty et Gemma et chacune de ses tentatives pour les draguer est malencontreusement soldé par un échec. Mais sous ses airs sages le garçon est du genre vicieux. Il a recours à un stratagème plutôt pervers et finit par coucher avec Gemma puis avec Betty. Chaque nuit il passe donc de lit en lit et finit par être exténué. Son oncle pensant qu'il travaille trop décide de lui offrir un peu de temps libre en l'emmenant aux putes. Il n'y a guère mieux que le sexe pour requinquer un homme fatigué! Malheureusement Gigi s'endort
au moment crucial et c'est son oncle qui profite de la catin. Quelques temps plus tard Gemma et Gigi découvrent qu'elles sont enceintes. Gigi se dénonce mais les deux jeunes filles lui sauvent la face. Gemma dit être enceinte de Guido, Betty de l'homme qu'elle aime resté en Angleterre.
Romano Scandariato n'a pas inventé la sexy comédie, il ne fait que reprendre les éléments propre au genre, ici la comédie coquine juvénile, sans grande imagination et surtout de manière souvent anarchique. Le scénario est ainsi ultra classique. Un jeune homme homme studieux qui passe son été chez son oncle voit sa tranquillité perturbé par sa
cousine et la belle jeune fille au pair, deux petites dévergondées qui comptent bien profiter de leurs vacances et surtout débaucher ce cousin trop sérieux mais tellement mignon. Sur cette intrigue pour la moins maigrichonne Scandariato n'a plus qu'à tisser et tenir ainsi 90 minutes. C'est un peu le gros problème du film. On a très souvent l'impression que le metteur en scène ne sait pas trop où il va. Certaines scènes sont parfois très longues comme étirées au maximum afin d'atteindre l'heure et demi réglementaire (la scène avec la putain, l'élection des plus beaux seins) ce qui leur fait perdre en potentiel comique, d'autres semblent bien inutiles et n'apportent rien à l'histoire tandis que certaines séquences n'ont
guère de rapport les unes avec les autres et donnent l'impression qu'elles ont été collées ça et là lors d'un montage hasardeux. On a cette même impression lors du final, abrupt. Gemma et Betty sont enceintes et... rien! Tout s'arrête là après une petite pirouette qui sent la facilité donc la frustration. C'est un peu comme si Scandariato venait de s'apercevoir qu'il venait d'atteindre les 90 minutes et devait donc vite boucler son film.
Pour le reste Il bocconcino accumule une série de gags et de situations maintes fois vus, les basiques du genre dirons nous (les meubles qui tremblent quand l'oncle et la tante font
l'amour, l'espionnage par les trous de serrure, le coup du bouche à bouche, les pieds et les mains baladeuses sous la table, une érection malencontreuse lors d'un slow...), cela fonctionne ou... pas! Il faut dire que les acteurs tous autant qu'ils sont font simplement leur travail, rien de plus. A aucun moment on ne ressent le plaisir qu'ils ont à jouer, on ne les sent pas réellement s'amuser. Il manque à ce Bocconcino ce petit bonheur communicatif qui fait toute la différence, cette bonne humeur qui fait la joie du spectateur de l'autre coté de son écran. Il y a de bons moments bien entendu comme le strip-tease de l'oncle Amedeo, la découverte du jock-strap par la bonne dans le linge sale du jeune cousin, la scène du diner
au restaurant et celles de manière générale où la vieille domestique vénitienne apparait mais l'ensemble est trop routinier pour faire de véritables étincelles et faire rire à gorge déployée.
Et l'érotisme, essence même de toute bonne sexy comédie? Voilà un autre ingrédient que Scandariato semble avoir un peu trop délaissé. Trop peu présent il sera donc difficile de pouvoir se rincer l'oeil, une des principales raisons pour laquelle le spectateur choisit de visionner ce type de pellicule. En fait si on excepte quelques plans de poitrines dénudées (et l'élection des plus beaux seins) c'est à Gemma qu'on doit les quelques plans de nudité
intégrale (ou non) disséminés tout au long du film, plus particulièrement lors de la dernière partie. Fort malheureusement c'est la pasolinienne Antineska Nemour qui se glisse dans les robes affreuses de la désinhibée cousine et Antineska n'est pas particulièrement affriolante ici. Tout juste sortie de Salo et les 120 journées de Sodome elle arbore une des plus atroce coiffure de sa carrière sans parler de sa garde robe qui souvent la fait ressembler à une petite paysanne. Difficile d'imaginer qu'elle puisse faire tourner la tête aux garçons ainsi arrangée. Antineska n'est pas non plus une grande comédienne et son potentiel comique laisse ici à désirer. On est loin de sa prestation (et de sa beauté candide)
dans Une petite femme brulante de Bergonzelli quelques années plus tard. On ne pourra cependant pas lui reprocher de ne pas se déshabiller. Flora Saggese, la jeune anglaise, est belle, blonde et pulpeuse mais ne se dévêt pas et semble surtout faire la tête durant tout le film. Flora avait déjà été la partenaire d'Antineska dans Il giudice e la minorenne deux ans auparavant. Hélène Chanel est superbe, son regard est toujours aussi hypnotisant mais elle à l'air d'être un peu à coté de la plaque et se demander ce qu'elle est venue faire là. Seul Lucio Flauto tire son épingle du jeu, survitaminé dans le rôle de l'oncle tonique aux cotés de
Itala Vaniglio (la fringante domestique), dans la vie la tante de l'acteur Fabio Conti qui joue Guido, le petit ami de Gemma. Quant à Gigi il est interprété par le fort séduisant Claudio Gallone dont la beauté est inversement proportionnelle à son talent d'acteur quasi inexistant. Il est un Gigi inexpressif au possible jamais drôle mais à défaut de bous faire rire on pourra plonger dans le bleu de ses yeux et profiter d'un furtif plan de son petit derrière nu et de quelques plans en slip blanc. Ce fut son unique film puisque Claudio n'a jamais ambitionné de devenir acteur. Il s'est tourné par la suite vers le journalisme et le reportage avant de devenir un analyste philosophe de renom, auteur de nombreux ouvrages de réflexion.
Rythmé par une partition musicale particulièrement insipide signée Carlo Maria Angera Il bocconcino n'est pas une mauvaise comédie à proprement parler. Outre son coté anarchique elle manque simplement de peps, de tonus, de ce petit grain de folie et de bonheur qui en aurait fait une très agréable sexy comédie adolescente malgré son peu d'originalité scénaristique. En l'état Il bocconcino se laisse visionner avec un certain plaisir, ni plus ni moins. Cette comédie légère reste également une sorte de Graal pour le collectionneur puisqu'elle fait partie de cette catégorie de films aujourd'hui rares, difficilement visibles, oubliés jadis des éditeurs vidéos et bien entendu de DVD.