I porno amori di Eva
Autres titres: Les petites sauteuses en vacances
Réal: Giorgio Mille
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: X / Erotique
Durée: 76mn (version soft) / 80mn (version hard)
Acteurs: Claudio Perone, Guia Lauri Filzi, Eleonora Spinelli, Zaira Zoccheddu, Spartaco Battisti, Armando Di Marco, Eleonora Green, Rodolfo Licari, Carlo Perone, Sheila Ray...
Résumé: Après avoir été dépucelée par son cousin la jeune Eva part chez son oncle et sa tante, les propriétaires d'un village de vacances. Elle y retrouve sa cousine, une vraie petite délurée, qui va lui apprendre tous les secrets de l'amour. Après être passée de bras en bras Eva se laisse séduire par son oncle...
Avant de parler du film il est intéressant de revenir sur sa genèse puisque I porno amori di Eva est souvent considéré comme étant le tout premier film hardcore italien distribué en salles même s'il partage cette chance avec le Sesso nero de Joe D'Amato. C'est pour dire combien le film de Giorgio Mille est important dans l'histoire de la pornographie italienne. I porno amori di Eva est le fruit d'une collaboration à trois, celle de Lorenzo Onorati dont ce fut le tout premier film qu'il produisit, le réalisateur Giorgio Mille et l'acteur Claudio Perone qui eut l'idée du scénario et surtout de faire un film X alors qu'en Italie la pornographie était
encore tabou, interdite au cinéma. Perone connaissait le propriétaire d'un somptueux complexe touristique sur la Cassia, le Seven Hill, comportant villas, piscines et restaurants. Il lui demanda la permission d'y tourner un film lui promettant que cela lui apporterait de la clientèle. Il accepta et quelques jours plus tard s'y donnaient les premiers tours de manivelle au cours de l'été 1978. Le film devait être financé au départ par la Seven star qui avait déjà financé la précédente pellicule de Mille, La zia di Monica, mais le producteur se retira du projet et c'est Onorati qui prit le relais. Le film sortit dans les salles italiennes durant l'été
1979 et remporta un franc succès. Il fut distribué en France en 1981 sous le titre Les petites sauteuses en vacances agrémenté de nouvelles scènes X interprétées par Jean-Pierre Armand et Dominique Aveline.
L'histoire n'est guère originale mais il ne faut non plus s'attendre à quelque chose de très recherché de la part d'un simple porno. Eva, 17 ans, une jeune fille de bonne famille, est dépucelée par son cousin lors d'une partie de strip-cache-cache (!). Pour oublier ce malheureux évènement Eva décide de passer l'été chez son oncle Leone et sa tante Cecilia, une putain bourgeoise, dans leur magnifique village de vacances. Elle y retrouve sa cousine
Laetizia, une vraie petite délurée. Eva fait la connaissance de Carlo un ami de Laetizia, de Bobby son meilleur copain, de Cesare le domestique de son oncle, de Klaus Katz (un jeu de mots sur Cazzo) un vieil allemand lubrique et de sa pachydermique épouse. Laetizia va totalement désinhiber Eva qui passe de bras en bras y compris ceux de sa cousine. Elle ne laisse pas indifférente son oncle à qui elle finit par se donner. A la fin de l'été Eva sera devenue une vraie femme, une petite dévergondée dont le viol est désormais un bien lointain souvenir.
I porno amori di Eva est en fait un mélange de deux genres, celui de la sexy comédie
traditionnelle et du hardcore. La tentative n'est pas nouvelle, bien d'autres films tentèrent l'amalgame, mais il est clair que le film de Mille fait partie des plus faibles. On est donc face à une pochade familiale estivale à la Mariano Laurenti et autres Tarantini avec ce que tout cela comporte: une jeune fille sage qui ne le restera pas longtemps, une cousine délurée, un oncle et une tante lubriques, Cesare un domestique niais et voyeur et pour l'effet comique et une succession de gags, un touriste allemand quinquagénaire aussi débile que chaud du caleçon à qui il n'arrive que des malheurs. C'est peut-être là un des problèmes majeurs du film. Jamais drôles, les gags sont d'une telle stupidité, d'une telle puérilité qu'ils en
deviennent vite insupportables, d'autant plus insupportables que Klaus est omniprésent. C'est Rodolfo Licari, un acteur générique vu dans moult productions qui termina sa carrière dans ce type de productions, qui prête son corps décharné et sa moustache grise à ce personnage qu'on a juste envie de voir disparaitre, lui et son accent teuton forcé. Tout aussi peu drôle est le domestique bêta et ses répliques délirantes (Spartaco Battisti un autre générique vu notamment dans Fenomenal et Provincia violenta). Lorsque Cecilia lui demande de lui masser les épaules il lui masse les fesses, prétextant qu'il n'a jamais eu le sens de l'orientation! On reste coi devant une telle bêtise. Pour le reste on a une bande de
jeunes que les deux cousines s'échangent dans un décor de vacances sous un soleil éclatant. Piscine de luxe, villa superbe, campings, forêts et boite de nuit servent donc de toile de fond.
Et le sexe dans tout ça? Il existe en fait deux versions de I porno amori di Eva: une version soft de 76 minutes d'où sont absentes toutes les scènes à caractère X ce qui en fait une petite bande érotique d'une sagesse déconcertante (beaucoup de nudité féminine, quelques ébats hétéros et saphiques entre Eva et sa cousine, des scènes de douche, des gros plans sur des petites culottes et... rien d'autre) et la version hardcore (80 minutes) qui
comporte cette fois toutes les scènes porno (somme toute brèves et peu nombreuses) qu'on doit majoritairement à la papesse du genre Guia Lauri Filzi. Le très peu avenant Claudio Perone alias Claude Bélier (l'oncle d'Eva) comme pour tous les films X auxquels il participa (Dolce gola, Erotico blues) est doublé lors des scènes de sexe explicite et de pénétration. Autour du couple papillonnent Zaira Zoccheddu (Laetizia) toujours aussi libérée (subsiste le doute quant à savoir si elle fut doublée ou non) et la peu séduisante Eleonora Green (la Eva du titre) déjà vue dans La zia di Monica et Attenti... arrivano i collegiali.
Que ce soit en version soft ou en version hardcore le film de Giorgio Mille construit comme
une énième comédie sexy n'est jamais qu'un tout petit film érotico-porno sans grand intérêt si ce n'est celui de retrouver cette chère Guia et de se rincer l'oeil devant tant de nudité féminine. C'est surtout son importance historique qui lui donne aujourd'hui une certaine aura. Pour le reste mieux vaut se repasser une bonne vieille comédie de Mariano Laurenti ou Michele Massimo Tarantini, tout aussi sexy et osée mais surtout bien plus drôle.