Maniaco Deprebis

Que serait donc la sexy comédie italienne sans ses désormais célèbres lycéennes, collégiennes, flics, profs et autres toubibs? Cette longue, très longue série aura connu ses hauts et ses bas au rythme des réalisateurs qui s'y sont collés, des actrices qui ont interprété ces rôles et bien sûr de l'époque où les films furent tournés. Cet énième épisode de notre pétulante lycéenne créée au départ en 1974 par Mario Imperoli, à jamais personnifiée par une candide Gloria Guida encore mineure accuse non seulement le choc de son époque mais également l'essoufflement d'un genre qui ne parvient malheureusement plus à se renouveler.

Afin de donner un second souffle à leur sexualité en berne Massimo et sa femme Violante ont recours à des jeux de rôle. Violante adore faire l'amour au cinéma devant un film coquin tandis que son mari se fait passer pour un inconnu. Ce que Violante ignore c'est que Massimo a une jeune maitresse, Laura. Lorsque sa fille Sonia échoue à ses examens Massimo a une merveilleuse idée. Afin que Laura puisse partir en vacances à la mer avec eux incognito il la fait passer pour Soeur Placida, la nonne qui doit donner des cours particuliers à Sonia durant tout l'été. Le stratagème fonctionne jusqu'au jour où deux petits voyous, Terenzio et Fulgenzio, se mettent en tête de kidnapper Sonia pour obtenir une jolie

rançon. Si la plastique parfaite de la fausse soeur ne laisse pas indifférent un groupe de bidasses les plans de rapt du tandem échouent à chaque tentative. C'est alors que la véritable soeur Placida débarque chez Massimo. Sonia découvre les tromperies de son père et décide de l'aider. Finalement tout se terminera bien. Massimo peut vivre sa relation ouvertement avec Laura, Sonia a un petit ami et Violante vivra ses fantasmes sexuels avec les deux voyous.
De Marino Girolami on pouvait s'attendre à nettement mieux. Certes la comédie n'a jamais été vraiment son fort. On se rappelle du piètre 4 zizis au garde à vous et malgré leurs

qualités Marche pas sur ma virginité et Le trou aux folles n'auront guère marqué les annales du genre. La liceale al mare con l'amica di papa ne vient que confirmer cette constatation. Il faut bien admettre que les nouvelles aventures de notre lycéenne ne brillent guère par leur originalité faute avant tout à un scénario désastreux, mal articulé, d'une indigence totale. Très difficile de croire à ce couple de bourgeois qui pour donner un coup de nerf à sa libido s'invente des jeux interdits dans les salles de cinéma érotique, encore plus à ce duo de benêts qui envisagent de kidnapper leur fille à qui une soeur doit des donner des cours à domicile. Rien ne fonctionne vraiment d'autant plus que les comédiens à aucun

moment ne donnent l'impression de croire une seule minute à cette intrigue idiote. se contentant simplement de faire gentiment ce qu'on leur dit de faire, c'est à dire d'enchainer une suite de mésaventures qui se veulent drôles mais ne le sont jamais vraiment et toute une série de gags éculés vus et revus, tous téléphonés et filmés sans créativité. Difficile dans ces conditions de rire voire de sourire. Girolami reprend et mélange sans grande imagination ni dynamisme la plupart des éléments propre au genre, le couple de bourgeois tout feu tout flamme, une lycéenne légère, une nonne à la plastique parfaite, un groupe de bidasses niais et libidineux, et un duo de parfaits idiots, le tout au bord d'une plage dans un

petit climat érotique qui consiste simplement à montrer la culotte de notre étudiante et les séances de masturbation sous jupe du couple dans les salles obscures. L'érotisme, base de toute sexy comédie, s'arrête cette fois ici.
Girolami n'est pas connu pour sa légèreté puisqu'il lui a toujours préféré la lourdeur et la vulgarité. La liceale al mare... n'échappe pas à la règle. Le plus triste est peut être de voir combien bas est tombée la toujours aussi splendide Marisa Mell dont la carrière était sur la pente déclinante depuis déjà quelques temps. Peu douée pour la comédie comme elle nous l'avait déjà prouvé auparavant elle traverse le film à jouer les bourgeoises austères

dont le rôle consiste à prendre un air méprisant et froid et surtout se faire prendre dans les cinémas de manière vulgaire. Marisa méritait mieux, beaucoup mieux même si son partenaire est le toujours sémillant Renzo Montagnani qui aligne les pirouettes avec professionnalisme mais de façon si répétitive qu'il devient lassant et peu crédible. Quant à notre lycéenne c'est Sabrina Siani la future égérie de l'Héroic fantasy à l'italienne qui se substitue à Gloria Guida et tente de nous la faire oublier... en vain! Sabrina est tout simplement transparente et se contente de faire la moue, une habitude qu'elle ne perdra pas tout au long de sa carrière, et de se faire filmer l'arrière-train fort peu dissimulé par sa

petite culotte blanche. L'élément érotique reste donc Cinzia De Ponti sous le voile de Soeur Placida, son tout premier rôle au cinéma, qui met en avant sa plastique irréprochable lors de quelques scènes de déshabillage somme toute assez pudiques. Le plus catastrophique est sans nul doute ici le tandem Alvaro Vitali-Gianni Ciardo dont c'était la première collaboration. Le duo dans le rôle des deux voyous ne fonctionne pas du tout et se révèle un désastre. Seuls les fans de Vitali pourront s'amuser devant ses éternelles pitreries même si là encore on a connu le comique fellinien bien plus inspiré.
Inédit en France La liceale al mare con l'amica di papa n'est pas un échec. Le genre

connaitra bien pire par la suite. Le film de Girolami marque tout simplement la fin d'un genre, de toute une époque, celui d'un cinéma populaire qui a tout donné et n'arrive plus à faire peau neuve ou tout simplement preuve d'originalité. Cette Lycéenne à la mer arrachera quelques sourires peut être quelques rires, donne l'occasion de se délecter du corps de Cinzia De Ponti qui ose un sein à l'air lors d'une partie de ski nautique topless mais cette pochade qui jamais ne profite de son cadre maritime, elle aurait pu se passer n'importe où ailleurs, reste au final maussade et si conventionnelle.