Grazie nonna
Autres titres: Ah! mon petit puceau / Ma tante d'Amérique / The lover boy
Real: Marino Girolami
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Sexy comédie
Durée: 90mn
Acteurs: Edwige Fenech, Giusva Fioravanti, Gianfranco D'Angelo, Enrico Simonetti, Valeria Fabrizi, Graziella Mossini, Fabrizio cardinali, Antonio Canterini, Andrea Petrucci, Alfredo Quadrelli, Loredana Bianchi...
Résumé: La seconde épouse d'un grand-père récemment décédé débarque à Pise. Venue du Venezuela afin de rendre visite à son beau-fils et ses deux petits enfants Marie Juana, tel est son nom, arrive à l'aéroport. Le plus jeune des petits enfants, Carletto, 15 ans, est chargé d'aller l'accueillir. Alors qu'il s'attend à voir une femme âgée et revêche, c'est une magnifique et sculpturale jeune femme qu'il découvre. Si elle va jeter le trouble dans la famille, C'est Carletto qui est totalement séduit par ses charmes. L'adolescent n'a plus qu'une idée en tête: perdre sa virginité dans les bras de sa tante...
Seconde comédie du prolifique Marino Girolami après après un début dans la sexy comédie particulièrement niais et raté l'année précédente (4 zizis au garde à vous) Grazie nonna s'apparente à l'intéressant Tourments de l'innocence / La jeune fille et le puceau de Massimo Dallamano tourné d'ailleurs la même année, L'intrigue est quasiment identique et reprend un sujet alors très en vogue dans le cinéma italien, les relations coupables entre un adolescent le plus souvent puceau et une adulte peu farouche. Le jeune Carletto, 15 ans, va en effet découvrir les joies de l'amour non pas dans les bras d'une séduisante belle-mère comme chez Dallamano mais dans ceux de sa plantureuse jeune et affriolante tante récemment rentrée d'Amérique du sud, Contrairement à Dallamano Girolami a malheureusement réduit son histoire à un seul et interminable vecteur: voir la tante du titre céder au désir masculin et surtout à celui de son neveu. Peu inspiré semble t-il il se contente de broder sur ce thème pour simplement atteindre les 90 minutes syndicales.
Si bien souvent les sexy comédies à l'italienne étiraient au maximum des sujets réduits à leur strict minimum, l'humour aussi grivois soit il, les situations plus ou moins cocasses, l'érotisme parfois pimenté et l'enthousiasme des comédiens faisaient souvent oublier la maigreur de scénarii convenus. Ce n'est malheureusement pas le cas ici si bien que l'ennui prend assez vite le dessus.
Faute en incombe à une réalisation paresseuse et au manque d'énergie de comédiens qui semblent tout autant s'ennuyer que le spectateur en offrant le minimum de leur talent.
Ainsi jamais n'aurons nous vu l'exubérant Gianfranco D'Angelo si terne mais surtout l'incontournable diva Edwige Fenech aussi pâle et peu mise en valeur si on excepte ses incessants changements de tenues et quelques plans de nu sous la douche fort fugaces cette fois. Girolami utilise sans imagination aucune les plus grosses ficelles du genre: trou de serrure, décolletés affriolants, moine paillard, scènes de bain... sans oublier les énormes allusions phalliques comme cette batte de base-ball qui simule une érection chez notre adolescent en chaleur.
Si cela pourrait fonctionner l'apathie de l'ensemble et l'absence de toute originalité dans la mise en place des gags empêchent ceux ci de faire mouche. L'ennui gagne alors lentement le spectateur qui n'attend plus qu'une seule chose: que le petit puceau du titre français soit enfin déniaisé ce qui arrivera une nuit d'orage.
Girolami, si coquin d'habitude dans ses friponneries, reste étonnamment sobre cette fois. L'érotisme n'y effraierait pas même une armée de prêtres conservateurs et le pauvre spectateur fera donc abstinence. Un comble pour ce genre de cinéma italien populaire qui la plupart du temps se veut léger et surtout paillard.
Remake du très bon Grazie zia / Merci ma tante de Salvatore Samperi qui en 1968 fit scandale lors de sa sortie, Grazie nonna ne tire malheureusement à aucun moment profit d'un scénario vénéneux fort prometteur puisqu'il reprend une fois de plus un des thèmes les plus prisés du cinéma italien d'alors, l'inceste. C'en est d'autant plus dommage que l'érotisme morbide qu'engendrait un tel sujet est réduit ici à quelques gaudrioles sans saveur.
Reste donc la présence d'Edwige qui ravira ses nombreux admirateurs malgré la sobriété de sa prestation, seul véritable atout de cette comédie tournée à Pise ni jamais drôle ni jamais vraiment scabreuse.
La curiosité viendra plutôt du jeune interprète qui incarne Carletto, le pataud Giusva Fioravanti. S'il avait 15 ans lors du tournage, ce n'est que quelques années plus tard qu'il fera la une des journaux italiens non pas pour ses talents d'acteur mais pour d'autres exploits bien plus effroyables. Néo-fasciste convaincu, il s'embrigada à 18 ans dans les tristement célèbres Brigade Nere. Terroriste actif il tua de sang froid un policier avant d'être impliqué dans l'inoubliable massacre de la gare de Bologne. Arrêté pour terrorisme et actes contre l'humanité, Giusva fut condamné à la réclusion à vie dans une prison romaine. L'Italie eut récemment de ses nouvelles puisque après avoir purgé 24 ans de peine, il fut libéré en 2004 sur parole. Ce dramatique et sanglant fait divers qui appartient désormais à l'Histoire italienne donne aujourd'hui une aura assez funeste à cette sexy comédie trop fade pour réellement combler les attentes d'un public coquin qui lui préférera d'autres bandes du même type bien plus polissonnes et surtout plus piquante niveau érotisme morbide.
Girolami retrouvera l'année suivante Edwige avec qui il tournera La moglie vergine / Marche pas sur ma virginité qui souffre là encore des mêmes symptômes que Ah! mon petit puceau. A croire qu'Edwige n'inspire guère le réalisateur.