Orgasmo caliente
Autres titres: Arabian sex story / Hot orgasm / Harem heat / Uwaga harem
Réal: Enrique Guevara
Année: 1981
Origine: Espagne
Genre: Erotique
Durée: 90mn
Acteurs: Raquel Evans, Lynn Endersson, José Antonio Ceinos, Ricardo Reguant, Marisol, Jazmine Venturini, Manolo Castan, Julia Caballero, Andrea Albani, Sianna Gori, José Gomez, Felix Perez, Jorge Luis Fuentes, José Guasch, Angels Gonyalons...
Résumé: Mary Simpson, une jeune et séduisante reporter, arrive en Tunisie. Deux hommes la repèrent, la suivent et la violent. Le lendemain elle fait la connaissance de Rick, un barman désenchanté. Alors qu'ils font une promenade dans le désert ils sont attaqués. Mary est enlevée et vendue à un harem. Elle est désormais prisonnière de la redoutable Madame Yvonne et du sheik Rabib...
Grand spécialiste de l'érotisme ibérique on doit à Enrique Guevara une petite dizaine de films souvent bouillants oscillant entre sexy comédies incandescentes et érotisme pur, ces fameux films classés "S". L'intérêt des films de Guevara, la plupart du temps hautement salaces, provient très souvent du fait qu'ils témoignent du désir de vouloir sortir des sentiers battus comme ce fut le cas avec une de ses premières oeuvres, El ultimo pecado de la burguesia, une histoire singulière proche de la fable érotisante particulièrement osée. Cette audace on la retrouve dans ses autres films qui régulièrement flirtent avec la pornographie
sans pour autant perdre ni de leur humour ni de leur coté décomplexé en mettant en avant des sujets sociaux tabous comme la transsexualité (Carino mio, que me has hecho?, En busca del polvo perdido). C'est d'ailleurs la petite différence entre le cinéma érotique italien des années 80 et le cinéma érotique espagnol. Si le premier s'assagissait de plus en plus le second avec ses films "S" explosait encore les limites tant dans ses thèmes que dans la frontière souvent mince qui sépare l'érotisme de la pornographie soft. Cet aspect caractérise une fois encore Orgasmo caliente, peut être un de ses films les moins travaillés au niveau du scénario mais si savoureux pour ses longues scènes de sexe débridé.
Mary Simpson, une jeune reporter italienne, se rend en Tunisie. Dés son arrivée elle est repérée par deux hommes qui la prennent en chasse alors qu'elle visite un souk. Elle se réfugie dans un cabaret glauque tenu par Yvonne, une maquerelle qui recrute des filles pour les vendre au Sheik Rabib. Elle drogue Mary qui se fait violer par les deux agresseurs. Le lendemain la séduisante reporter poursuit sa visite de la ville et fait la connaissance de Rick, un gérant de bar désillusionné qui tombe sous son charme. Lors d'une balade dans le désert ils sont attaqués par des nomades qui assomment Rick et kidnappent Mary. La jeune reporter est retenue prisonnière avec d'autres filles en plein milieu du désert dans une
l'immense demeure d'Yvonne. La maquerelle, une femme impitoyable, en fait sa nouvelle esclave et la prépare pour l'arrivée du Sheik. Mary participe aux orgies et devient amie avec sa compagne de chambre, Susan. Ce sont elles que choisira le Sheik pour son harem. Les deux femmes réussissent à s'échapper mais elles sont rattrapées et atrocement punies. Pendant ce temps Rick a retrouvé la trace de Mary. Il prévient les autorités qui prennent d'assaut la demeure d'Yvonne. Le Sheik est tué, Yvonne arrêtée après que les filles du harem se soient ruées sur elle pour la lyncher, les jeunes filles libérées. Malgré les sentiments qu'elle éprouve pour Rick Mary rejoint Susan dont elle est amoureuse.
Finalement elle rentre à Barcelone et retrouve son mari et ses enfants.
L'idée du film est née alors que l'acteur-scénariste Ricardo Reguant tournait en Tunisie un documentaire sur un spectacle musical inspiré des 1001 nuits qui se jouait alors à Barcelone. L'envie d'écrire un film exotique se précisa encore plus lorsque quelques temps plus tard alors qu'il était au marché du film de Cannes Reguant aperçut une affiche représentant des palmiers sur une plage de rêve. De retour en Tunisie il se mit en quête de lieux de tournage éventuels puis proposa l'idée à son ami Guevara. Ne leur restait plus qu'à écrire l'histoire. Orgasmo caliente venait de naitre.
L'intrigue n'est pas très originale, elle est même simpliste, une banale histoire de femmes enlevées pour être vendues à un harem à laquelle Guevara n'apporte absolument rien de neuf. On pourrait même dire que le récit est franchement stupide tant il accumule les incohérences et les invraisemblances. Difficile de croire qu'une femme droguée puis victime d'un triple viol reparte dés lendemain visiter la ville comme si de rien n'était, simplement vêtue d'un mini short moulant, d'un joli décolleté et de cuissardes. Rappelons que nous sommes dans les souks tunisiens où il est très dur d'imaginer une touriste se promener habillée de manière aussi provocante. Que penser du ridicule de certaines scènes comme
celle où Susan et Mary s'évadent du harem, traversent le désert et arrivent finalement sur une immense plage où elles pensent être sauvées et ne trouvent rien de mieux que de faire l'amour. Cinq minutes plus tard elles sont capturées! Le spectateur constatera d'ailleurs que quelques soient les circonstances, aussi dramatiques soient-elles, Mary ne pense qu'au sexe. L'histoire n'est jamais très crédible, souvent absurde mais l'intérêt de Orgasmo caliente se situe ailleurs, plus précisément dans ses scènes de sexe très bien résumées par le titre.
Caliente, mucho caliente, le film l'est. Orgasmo caliente est une succession de scènes
torrides souvent très explicites, le scénario n'est finalement qu'un joli prétexte pour dénuder ses protagonistes aussi souvent que possible et les entrainer au coeur d'ébats volcaniques lesbiens et hétérosexuels, à deux, à trois, à plusieurs dans une ambiance très orientale, autre atout du film. On est de suite séduit par les magnifiques décors naturels tunisiens, ceux de Djerba mais également ses environs, ses plages, son immense désert de sable blanc, ses couchers de soleil sauvages, ses souks, son ambiance particulière, l'ensemble sublimé par une superbe photographie. C'est également le charme des harems, des danses du ventre endiablées et des costumes précieux. De quoi chauffer les sens du
spectateur pour mieux l'exciter lors des scènes de sexe qui flirtent gentiment avec le porno soft, toutes joliment mises en scène, filmées de façon professionnelle, avec art et savoir-faire. De quoi caresser encore plus notre oeil déjà très brillant. Outre le triple viol de Mary c'est évidemment la vie sexuelle au harem qui ici intéresse le plus, supervisée par Madame Yvonne, une cruelle maquerelle qui avec sa cravache semble droite sortie d'un WIP auquel le film fait par instant penser notamment Sadomania de Jess Franco. Certes elle n'est pas très impressionnante (n'est pas Ilsa qui veut) à l'instar du lubrique Rabib mais elle réserve certaines petites surprises qui raviront les amateurs de supplices raffinés, le clou du film restant le sort qu'elle réserve à Mary et Susan après leur évasion, un must de perversion et de cruauté. Guevara s'est souvenu des tortures finales de Salo lorsque Aldo Valletti brûle le pénis du pauvre Antonio Orlando avec la flamme d'une bougie. Ici c'est le sexe de Mary et de Susan que Yvonne et ses sbires brûle lentement à la bougie. La cire tombe sur leur vagin, leurs poils pubiens prennent feu. Un peu d'eau pour éteindre le feu de broussaille et la torture recommence de plus belle sous les cris de souffrance des deux suppliciées. Une longue séquence particulièrement réussie au niveau des effets spéciaux qui éblouira et fera sauter de bonheur les amateurs de gore et frissonner, détourner les yeux des plus faibles.
En tête d'affiche on retrouve les deux stars incontournables de l'érotisme espagnol, les pulpeuses et totalement désinhibées Raquel Evans (Mary, un rôle que Reguant rêvait en secret de voir attribué à Edwige Fenech) et Lynn Endersson (Yvonne) entourées de quelques starlettes du cinéma rose des années 80 pour la plupart issues de l'écurie de Guevara et Ignacio Iquino dont la regrettée Andrea Albani (de son vrai nom Laly Espinet), Julia Caballero et Jazmine Venturini (Susan, un personnage qui au départ devait être joué par une toute jeune Marta Valverde). Les virils et très velus José Antonio Ceicos et bien sûr
l'acteur-producteur-scénariste Ricardo Reguant sont respectivement Rick et Ful, le fourbe ami de Rick, responsable des kidnappings. Le reste de la distribution est essentiellement composée d'amis et de proches de Reguant et de Guevara comme le danseur chorégraphe Manolo Castan (Rabib) et Juan Guasch, le fondateur du célèbre théâtre Guasch de Barcelone. Ce sont d'ailleurs ses deux enfants, Ruth et Joshue Guasch, qui jouent le fils et la fille de Mary en toute fin de bande.
Tourné en seulement douze jours (cinq à Djerba pour les extérieurs et sept à Barcelone pour les scènes intérieures) Orgasmo caliente doucettement retitré Arabian sex story à l'occasion du marché du film à Cannes 1981 est un petit film "S" peu travaillé quant à l'intrigue mais particulièrement savoureux pour son érotisme torride. Ses scènes de sexe explicite réalisées avec grand soin et une certaine sensualité, son esthétisme ultra léché et son zeste de sadisme feront le bonheur des amateurs de salacités croustillantes. Délicieusement orgasmique! Le cinéma érotique espagnol des années 80 n'en finit plus d'étonner et de séduire.