El ultimo pecado de la burguesia
Autres titres:
Real: Enrique Guevara
Année: 1978
Origine: Espagne
Genre: Drame / Erotique
Durée: 91mn
Acteurs: Raquel Evans, David Rocha, Lynn Endersson, Myr Ferry , Nacho Santiagosa, Eva Llorca, Maria José Santiesteban...
Résumé: Nieves prend à bord de sa voiture une autostoppeuse, Esperanza, qui se lie de suite d'amitié pour la jeune femme, une bourgeoise lasse d'une routine de vie qui ne la satisfait plus. Libre et libérée, Esperanza l'invite à passer quelques jours avec elle dans une maison côtière. Nieves se désinhibe progressivement et reprend goût à la vie. Elles font alors la connaissance d'un jeune pêcheur qui va très vite partager leur existence. Se forme un triangle amoureux basé sur le partage et l'amour, nouveaux Adam et Eve dans un jardin d'Eden qu'ils se sont fabriqué. Considérés par certains comme l'incarnation du péché et de l'amoralité, leur merveilleuse relation est menacée. Tout bascule le jour où Nieves se fait violer...
Enrique Guevara s'est surtout fait connaitre en Espagne pour ses films érotiques qui composent la majorité de sa carrière. El ultimo pecado de la burguesia, littéralement L'ultime péché de la bourgeoisie, fait justement partie de ses oeuvres particulièrement salaces mais qui témoignent du désir de vouloir sortir des sentiers battus en narrant une histoire tout à fait singulière qui par instant s'approche de la fable érotisante.
Une autostoppeuse, Esperanza, attend au bord d'une route qu'une voiture la prenne à son bord lorsqu'une femme, Nieves, s'arrête enfin. Esperanza, jeune femme libre et libérée,
proche de la nature, altruiste, sympathise de suite avec elle. Bourgeoise lasse d'une vie dirigée par l'argent et un mari machiste, souffrant d'un passé tumultueux qui aujourd'hui encore la fait souffrir, prisonnière de valeurs sociales imposées, Nieves accepte de passer quelques jours en compagnie d'Esperanza dans une maison côtière qu'a loué la jeune femme spécialement pour elle. En compagnie d'Esperanza Nieves se ressource et retrouve sa joie de vivre, débarrassée de ses inhibitions et de ses carcans sociaux. Elles font alors la connaissance d'un jeune et séduisant pécheur, Pedro, qui très vite va partager leur existence, un véritable triangle amoureux exempt de toute jalousie que seul l'amour régit. Ensemble,
tels Adam et ses deux Eve, ils recréent le jardin d'Eden et vont jusqu'à organiser un mariage symbolique qui les unit à jamais lors duquel ils promettent de tout partager. Considérés par quelques villageois comme les représentants du péché et de l'immoralité, leur vie dérange et va provoquer un drame. Deux pécheurs vont sauvagement battre et violer Nieves dans un bois où elle se promenait nue, la considérant comme une vulgaire putain. Traumatisée, Nieves prend conscience des choses et rejette la faute sur Esperanza qu'elle finit par rejeter. La jeune femme ne supportera pas que Nieves s'éloigne. Alors que Pedro a décidé de tuer les deux bourreaux, Esperanza se suicide. Personne ne sortira indemne de ce drame.
L'idée d'un Paradis sur Terre a régulièrement été mis en scène au cinéma dans les années 70, décennie de la révolution sexuelle et de toutes les libertés aussi utopiques soient elles. El ultimo pecado de la burguesia traduit cette envie d'une part de se libérer des carcans imposés par la société pour vivre une vie exempte de toute contrainte, d'autre part de vivre sa sexualité de manière totalement libérée à l'encontre même de toute morale. Malgré sa réalisation tardive, c'est une fois de plus tout l'esprit "hippie" qui est ici illustré et l'incompréhension, la haine qu'il peut engendrer au coeur de villages ultra conservateurs, d'autant plus rigides que nous sommes dans l'Espagne de cette fin d'années 70, un joli pied
de nez aux valeurs et la morale d'alors. Les deux héroïnes de Guevara représentent deux des faces de la société. Nieves, femme d'un seul homme, dépucelée le jour de son mariage, incarne une certaine bourgeoisie engoncée dans ses valeurs traditionalistes, Esperanza, débarrassée de ses inhibitions tant morales que sexuelles, personnifie quant à elle la liberté à laquelle tout être aspire, C'est tout naturellement qu'elle prend Nieves sous son aile le temps de quelques jours de vacances pour l'aider à prendre conscience des choses et lui faire croire en une forme de partage et d'amour universel. L'arrivée de Pedro va consolider leurs liens et contribuer à libérer sexuellement Nieves.
Le film prend dés cet instant une tournure plus mystique puisque débute un parfait triangle amoureux dans cet Eden des temps modernes où Eve ou plutôt deux Eve vont trouver leur équilibre et vivre avec leur bel Adam un amour pur et sans contrainte, une hérésie symbolisée par un mariage païen bucolique, une véritable communion des sens, du corps, de l'esprit et de la nature avant de se tourner dans sa dernière partie vers le rape and revenge avec le viol de Nieves, son rejet des idées que Esperanza a voulu lui inculquer qui conduira à la tragédie finale toute empreinte de coutumes locales. La différence fait peur et mène à la violence, il n'y a aucun Paradis sur terre, pour Guevara traditions et morale reprennent toujours le dessus.
L'idée est intéressante mais il faut reconnaitre que quelques soient les ambitions du cinéaste El ultimo pecado de la burguesia reste un bel exemple de cinéma d'exploitation à l'espagnol, une jolie fable mystique qui n'est jamais qu'un film de sexploitation dont l'intrigue sert surtout et avant tout à enchainer des scènes de nudité et de sexe très souvent aux limites du hardcore. L'aspect tant social que psychologique comme le discours restent donc superficiels, l'illustration de cette liberté tant rêvée est quant elle des plus basique puisqu'elle se borne semble t-il à ne plus fumer, ne porter aucun sous vêtement, passer son temps à table pour déguster de bons petits plats faits maison, aller pêcher, se promener nu et faire
l'amour. Rarement en effet avait-on autant mangé dans un film, les trois protagonistes passant une bonne partie du film à table en déblatérant de longs discours pseudo philosophiques saupoudrés d'un nuage d'écologie et de naturisme. Il faut pourtant admettre que cette hypocrisie hautement coquine malgré des passages à vide un peu trop bavards à de quoi séduire l'amateur ne serait ce que pour ses innombrables plans de nudité frontale tant masculine que féminine et ses longues séquences de sexe tant lesbiennes que hétérosexuelles à deux ou à trois particulièrement osées, filmées avec soin et esthétisme, jamais vulgaires aussi explicites soient elles, témoignage d'une Espagne qui se libérait
alors lentement d'une censure drastique. Toujours au crédit du film, quelques beaux moments, plutôt réussis, notamment le mariage symbolique aux limbes de l'onirisme des trois protagonistes au milieu d'un champ, nus, durant lequel ils communient puis s'unissent avant de revêtir une toge diaphane et de se mettre à courir et danser au milieu des fleurs, le viol forestier étonnamment sauvage de Nieves qui n'a rien à envier aux rape and revenge les plus brutaux et devrait ainsi ravir les amateurs de ce type d'agressions bestiales et le final, poignant, les funérailles maritimes rituelles de Esperanza. Ajoutons à ces quelques points forts, de beaux paysages côtiers, des décors naturels typiquement régionaux soigneusement
photographiés, une jolie partition musicale et une interprétation tout à fait acceptable, voilà quelques bonnes raisons de découvrir avec un plaisir coupable cette curieuse petite bande exploitative qui met en vedette la rousse Raquel Evans, une des stars de l'érotisme ibérique, vue dans d'innombrables films roses tous plus torrides les uns que les autres (les miséreux érotico-peplums Una virgen para Caligula et Messaline et Agrippine, La veuve infidèle de Siciliano, Orgasmo caliente, Jarretelles roses sur bas noirs pour les plus connus), la charnelle Lynn Endersson elle aussi habituée des productions coquines espagnoles et pour notre grand bonheur le jeune David Rocha, un accoutumé du cinéma subversif espagnol, découvert quelques années plus tôt dans l'étrange thriller El asesino de munecas en
psychopathe maniaque homosexuel tendance pédophile obsédé par les poupées. Si David avait déjà dévoilé son corps dans cet étrange thriller, c'est totalement impudique et désinhibé qu'il nous offre ici un concerto de scènes O combien croustillantes et d'insolents nus frontaux grâce auxquels on pourra enfin admirer dans toute sa splendeur l'objet de tous les désirs.
Sexploitation à l'espagnol ou sexploitation à l'italienne, il n'y a ici aucune différence, El ultimo pecado de la burguesia est un agréable plaisir voyeuriste, un prétexte idéal pour satisfaire les instincts coupables du spectateur. La rareté du film en fait de surcroit une incontournable pièce de collection pour amateurs de péchés de chair voluptueux et décomplexés.