Carino mio que me has hecho?
Autres titres:
Real: Enrique Guevara
Année: 1979
Origine: Espagne
Genre: Erotique
Durée: 111mn
Acteurs: Emilio Alvares, Vicente Parra, Lynn Endersson, Raquel Evans, Mara Laso, Antonio Marono, Alicia Orozco...
Résumé: Javier, un tout jeune photographe, est accueilli pour quelques temps dans la villa côtière de Rosa et Jorge, son mari. Le jeune homme tombe vite sous le charme de l'exubérante Rosa qu'il observe chaque nuit et photographie entrain de faire l'amour. Petit à petit, elle l'envoute mais Javier ne parvient pas à la séduire. La venue d'un couple de lesbiennes n'arrange pas ses affaires mais elles lui permettent cependant d'imaginer un stratagème pour que Jorge quitte sa femme. Il s"arrange pour que Rosa surprenne son mari avec une des lesbiennes. malheureusement le plan échoue. Désespéré, Javier décide d'éliminer Jorge. En fin veuve, Rosa sera à lui. Il est loin d'imaginer l'incroyable secret de Rosa...
Si on pourrait penser que la sexy comédie est un style cinématographique typiquement italien le scénariste-acteur et metteur en scène Enrique Guevara, responsable d'un très osé El ultimo pecado de la burguesia et spécialisé dans le film érotique ibère nous apporte ici la preuve que l'Espagne a elle aussi ses comédies coquines copiées sur le modèle italien. Couple très libre, domestique peu farouche et effrontée et jeune homme au coeur de toutes les convoitises féminines qui n'a d'yeux que pour l'incandescente épouse, tous les ingrédients de base sont bel et bien là à la différence près que les quiproquos sont ici
absents au détriment d'une série de péripéties qui vont pousser le jeune garçon dans les bras des protagonistes féminines toutes plus affolées les unes que les autres par cette fringante chair fraiche venue passer quelques temps dans la belle villa du couple qui l'accueille. Et ce beau jeune homme c'est Javier, un photographe venu passer quelques jours dans la luxueuse maison d'un couple plutôt libre afin de faire des photos. Il occupe une petite dépendance où un laboratoire lui a été installé et tous les prétextes sont bons pour Rosa, la plantureuse et vulgaire épouse, de venir lui rendre visite, très peu vêtue, tout comme tous les moyens lui sont bons pour s'occuper de lui. Javier n'est pas insensible à ses charmes et,
frustré, l'espionne et la photographie le soir entrain de faire l'amour à son mari, Jorge. Il tapisse ensuite son laboratoire des clichés dérobés et se masturbe devant les photos de l'opulente Rosa. Le jeune homme devient au fil du temps de plus en plus jaloux et on peut le comprendre. Non seulement Rosa fait de l'oeil au petit ami de la bonne mais lorsqu'un couple d'amies lesbiennes débarque à la villa, elle semble se rapprocher de Laura, l'une d'entre elles. Javier va alors mettre en place un stratagème pour éloigner ces intrus. Il fait en sorte que Rosa surprenne son mari dans son bain avec Laura afin de jeter un froid dans leur couple. Si Laura et son amie quittent la villa Jorge parvient cependant à se faire pardonner.
Désespéré, Javier envisage alors de se débarrasser de l'époux encombrant en sabotant les freins de sa voiture. Il n'aura plus qu'à consoler la pauvre veuve qui lui appartiendra alors. Inconsolable depuis le décès de son mari Rosa tombe enfin dans les bras de Javier qui au moment de lui faire l'amour va faire une sidérante découverte. Rosa est en fait un transsexuel. Estomaqué, au bord de la nausée, il la repousse. Humiliée par une telle attitude, blessée au plus profond de son âme, Rosa ne supportera pas ce rejet. Alors qu'il prend une douche pour tenter d'oublier son dégout, Laura se faufile dans la salle de bain en compagnie de son chien qui n'a jamais aimé le jeune homme et le lâche sur lui. L'animal le
castre. Tous se retrouvent au Paradis
Carino mio que me has hecho? ne diffère donc guère des sexy comédies transalpines. Guevara adopte le même ton que ses confrères italiens. On ne pourrait y voir que du feu si ce n'était la lourdeur de certaines scènes, cette exagération dans le trait de certains personnages. Là où la comédie italienne savait être légère, toujours naturelle, dans ce qu'elle pouvait avoir de plus égrillard et indigeste, Guevara de son coté semble en faire des tonnes et donne dans l'excès tant dans le geste que dans le verbe. Le personnage de Rosa volubile et vulgaire devient vite irritant à force de cabotinage et d'excentricités sans jamais
être très crédible à l'instar de cette histoire à la chute des plus étonnantes.
Toujours un cran plus audacieuse que l'Italie, l'Espagne a toujours su aller au devant d'un érotisme sulfureux en osant montrer ce que nos amis transalpins suggéraient ou montraient de manière plus détournée. Mio carino que me has hecho? en est une preuve de plus. D'une part, si les plans de nus frontaux somme toute plutôt sages sont assez nombreux comme les scènes d'amour aussi bien hétérosexuelles que lesbiennes, on retiendra avant tout comme exemple deux séquences aussi drôles que ridicules, celle où la bonne fait
l'amour avec la peluche grandeur nature de la Panthère rose, sachant très bien utiliser la queue de l'animal pour se donner du plaisir, et celle où Laura, frustrée, se sert de son oreiller comme partenaire sexuel. D'autre part si la comédie italienne a toujours été très frileuse lorsqu'il s'agissait de montrer la nudité masculine frontale, l'Espagne, plus libre, ne s'en ait jamais vraiment privé. Cela se confirme ici puisqu'on pourra admirer le séduisant Javier dans le plus simple appareil mais surtout lors de la découverte de la transsexualité de Rosa, un thème quasiment jamais utilisé dans le cinéma populaire italien, où Guevara filme explicitement deux fois de suite l'appareil génital de la jeune femme afin de satisfaire le coté
voyeur du spectateur ravi.
C'est dans ce final morbide et cruel qui se conclura tout de même sur une note humoristique que réside tout l'intérêt de cette petite sexy comédie à classer dans la catégorie aigre-douce, une surprise décidément inattendue qui change la donne et oriente l'ensemble dans une toute autre direction, particulièrement appréciable. Il est simplement regrettable que le sujet n'ait pas été plus développé et ne reste qu'en fin de compte qu'un élément exploitatif peu crédible.
En tête de distribution on retrouvera la rousse et toujours aussi désinhibée Lynn Endersson,
une des diva de l'érotisme ibère, dans un numéro un peu trop exubérant. A trop en faire, son personnage devient vite irritant et farfelu. A ses cotés on reconnaitra, une des autres reines de la scène coquine espagnole la brune Raquel Evans avec laquelle elle a partagé bon nombre de films érotiques. Elle aussi venue du cinéma érotique Alicia Orozco interprète la bonne effrontée. L'époux de Laura est interprété par le regretté Vicente Parra, l'inoubliable héros de Cannibal man de Eloy de la Iglesia qui prolonge un peu l'ambiguïté qu'il y développait en étant ici marié à un transsexuel. La découverte du film est le jeune Emilio Alvares dont c'était le premier rôle au cinéma. Sa petite frimousse d'ange, son casque de
cheveux bouclés, son corps d'éphèbe imberbe devrait en séduire plus d'un d'autant plus que Emilio nous dévoile son charmant petit fessier et quelques plans furtifs de son intimité. Après quelques tout petits rôles dans diverses productions anecdotiques, il faudra attendre 1982 pour que Emilio retrouve une toute dernière fois un personnage de premier plan de nouveau aux cotés de Raquel Evans et Lynn Endersson dans Pasion proibida, sorte de roman-photo érotique signé Amando de Ossorio dans lequel il nous apparaitra une fois de plus en tenue d'Adam sans rien dissimulé du moins dans la version intégrale.
Filmé dans les très beaux décors maritimes de Lloret del mar en Catalogne, Carino mio que me has hecho? est une comédie érotique qui sous ses airs paillards tente de traiter avec humour et acidité le thème souvent tabou de la transsexualité, trop absent voire inexistant dans le cinéma transalpin. On reconnait là l'audace légendaire de nos amis espagnols même si Guevara s'y prend de manière un peu maladroite. et pas toujours convaincante. La bonne humeur est au rendez-vous, l'effort et la volonté sont louables. Voilà une petite curiosité ibère à découvrir beaucoup moins anecdotique qu'elle pourrait paraitre au premier abord, une polissonnerie douce-amère qui de surcroit ravira le voyeur qui sommeille en nous.