La polizia ordina sparate a vista
Autres titres: Gördügün yerde vur / Special squads shoot on sight
Réal: Giuseppe Giulio Negri
Année: 1975
Origine: Italie / Turquie
Genre: Polar
Durée: 84mn
Acteurs: Irfan Atasoy, Beba Loncar, Gordon Mitchell, Jean Pierre Blanchard, Cesare Nizzica, Albertina Capuani, Salvatore Carrara, Michelle Leite Costa...
Résumé: Une bande de criminels menée par l'infâme David fait chanter Larry Foster, un journaliste qui pratique l'hypnose afin qu'il les aide dans un premier temps à dérober des joyaux puis à s'emparer de deux précieux petits Bouddhas dotés dit-on de pouvoirs maléfiques...
Avec un tel titre qui rappelle les meilleurs polizeschi italiens (littéralement La police ordonne: tirez à vue) on pouvait s'attendre à une pellicule joliment corsée. En fait il s'agit là d'une coproduction avec la Turquie comme l'Italie en fit de temps à autres dans les années 70. Et qui dit cinéma turc dit très souvent délire bêtifiant et ridicule assumé/assuré. Giuseppe Giulio Negri qui fut assistant réalisateur sur un des plus mauvais western-spaghetti, Django... ton tour viendra de Ferdinando Morighi, ne mit en scène que deux films, celui ci, son second, et un autre polar coproduit avec la Turquie Dört hergele. Ces deux bandes ont pour point
commun de rassembler l'acteur turc Irfan Atasoy et l'ineffable Gordon Mitchell. Un autre point commun les relie, la présence de Bruno Vani au scénario, Vani à qui on doit le polar Torino centrale del vizio (coréalisé avec Renato Polselli avec qui il travailla régulièrement), une catastrophe pelliculaire, et quelques films érotiques bas de gamme. Tous les éléments sont donc réunis pour faire de La polizia ordina sparate a vista un hilarant fiasco, volontaire ou non, comme en témoigne déjà le résumé de l'intrigue particulièrement confuse.
Le film s'ouvre sur un hold-up. Puis on fait la connaissance d'un journaliste, Larry Foster, qui a le don de pouvoir hypnotiser, et de sa secrétaire de soeur, Suzy. Tout deux sont chargés d'écrire un article sur deux petites statuettes de bouddha dotées dit-on de pouvoirs
maléfiques. Hypnose, statues diaboliques voilà qui aurait pu être intéressant mais nos bouddhas disparaissent ensuite de l'histoire après que l'un deux ait été volé. Voilà qu'entre ensuite en scène David, un dangereux chef de bande qui prépare son nouveau coup, voler les bijoux d'un important armateur. Pour se faire il veut s'octroyer l'aide de Foster. Il charge son bras droit, la ravissante Jane de séduire Foster et le convaincre d'intégrer le plan pour ses beaux yeux. Même s'il sort avec une poupée blonde, Sonia, Foster accepte, dérobe avec l'aide de deux hommes de main de David les bijoux de l'armateur qui l'a préalablement hypnotisé. Malheureusement un des malfrats tue sans raison l'armateur. Par la suite tout
devient encore plus confus. On apprend que les bijoux sont des faux puisque Foster et son patron les avaient fait remplacer quelques temps avant le vol. Un nouveau coup se prépare pendant que la police enquête mollement. Foster se fait attaquer par une bande motards qu'il hypnotise. On découvre que Sonia est une traitresse impossible à hypnotiser qui a doublé Foster. Finalement le petit bouddha est volé dans un musée lors de l'ultime partie du film où vont s'accumuler rebondissements sur rebondissements tous plus incongrus les uns que les autres (Suzy est elle aussi une traitresse) juste avant que tout le monde ne tue tout le monde de manière insensée.
Difficile de faire un résumé précis du film puisque tout part en vrille. On a même l'impression par moment que le scénario a été écrit juste avant le tournage, que Negri improvise selon l'humeur ou les idées du jour. La polizia ordina sparate a vista n'a tout simplement ni queue ni tête et ce n'est pas le montage qui aide à l'éclaircir encore les moins les dialogues d'une niaiserie abyssale. De ce polar italo-turc ou plus exactement de ce gangster-movie/noir on ne retiendra pas même l'interprétation à la limite parfois de l'amateurisme. Le moustachu Irfan Atasoy crédité sous le pseudonyme américain de Tony Tiger, acteur-producteur très populaire en Turquie dans les années 70, est totalement dénudé de charisme. Il n'a à son
jeu qu'une seule et unique expression qu'il traine du début à la fin du métrage même lorsqu'il hypnotise ses victimes. Une chose est sûre: ce n'est pas le spectateur qu'il risque d'hypnotiser par ses talents de comédien. Atasoy a tout de même une scène de nu intégral sur la plage (avec un boudin blond frisé comme un mouton) puisqu'il fallait ce zeste d'érotisme gratuit indispensable à tout bon Bis. Gordon Mitchell est égal à lui même, trainant sa dégaine comme il l'a si souvent fait dans une multitude d'autres séries Z. Et même s'il a le rôle du vilain il n'a que peu de présence à l'écran. Oublions la distribution turque qu'on pourrait penser non professionnelle tant elle est balourde. Reste pour nous
consoler la présence de Beba Loncar (Jane) qui fort heureusement illumine l'écran (même si aujourd'hui encore elle doit se demander pourquoi elle s'est fourvoyée dans un tel film), celle de l'actrice turque Birtane Güngör (Sonia) et la générique polsellinienne Albertina Capuani (Suzy). Voilà qui est bien peu et ne parvient pas à nous faire oublier notre stupeur à la découverte de cette pellicule qu'on pourrait croire parodique voire traiter de farce.
Hilarant, délirant, bête à pleurer, consternant... chacun qualifiera La polizia ordina sparate a vista de l'adjectif qu'il lui conviendra. Moment de détente entre amis amateurs de Z pur et dur
et de bières ou moment de grand désespoir c'est selon où le spectateur se place. Quoiqu'il en soit le second et ultime film de Giuseppe Giulio Negri, entièrement tourné à Istanbul dont Negri ne profite absolument pas, confirme que les coproductions italo-turques n'auront guère laissé de souvenir impérissable dans la mémoire des amoureux de cinéma Bis. A choisir mieux vaut peut être dans la catégorie polar revoir même s'il brille lui aussi par sa médiocrité Polizia selvaggia de Guido Zurli avec Karin Well et Georges Ardisson.