Delirio di sangue
Autres titres: Blood delirium / Delirio sangrento / Delirio aimatos
Real: Sergio Bergonzelli
Année: 1988
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 88mn
Acteurs: John Phillip Law, Gordon Mitchell, Brigitte Christensen, Marco Di Stefano, Olinka Hardiman, Lucia Prato, Ezio Prosperi...
Résumé: San Simone, peintre visionnaire, ne se remet pas de la mort de sa femme et muse, la belle Christine. Afin de retrouver l'inspiration, il exhume son cadavre qu'il installe dans son salon mais sa créativité n'en revient pas pour autant. C'est alors qu'il fait la connaissance de Sybille, une jeune pianiste, véritable sosie de Christine. Persuadé qu'il s'agit de sa femme, San Simone l'invite dans son lugubre château où elle rencontre son inséparable majordome, Hermann, un maniaque sexuel psychopathe nécrophile et cannibale. Lors de son séjour au manoir, Sybille est témoin d'une tentative de viol puis d'un meurtre commis par Hermann. Il est trop tard pour s'enfuir. San Simone a pour elle d'autres projets plus macabres. Elle sera le sujet de sa prochaine toile et son sang en sera la peinture...
Un film de Sergio Bergonzelli est très souvent un évènement, une sorte de Graal convoité par tout amateur de Bis tant ses oeuvres sont la majeure partie du temps empreintes d'un nuage de mystère tant autour de la réalisation que du tournage en lui même. Autant dire que le visionnage d'un film de Bergonzelli, qui tout au long de sa carrière toucha à moult genres, de l'érotisme à la pornographie en passant par le giallo, la comédie et le western, est souvent excitant. Après une longue période passée à tourner toute une série de hardcore aujourd'hui culte, le cinéaste alors en fin de carrière s'offre une parenthèse distractive avec Delirio di sangue / Blood delirium, un retour à l'horreur qui trente ans après sa réalisation
laisse encore perplexe. Bergonzelli s'est-il rendu compte de ce qu'il faisait? Quel fut son objectif exact en donnant vie à cette farce hilarante? Alors que le cinéma d'exploitation italien est depuis des années à l'agonie, cet ultime sursaut laisse loin derrière lui les tentatives de résurrection ratées souvent risibles dans lesquels bon nombre de metteurs en scène s'étaient fourvoyés, de Lenzi à Fulci en passant par Bava Jr pour ne citer que les plus fameux. Blood delirium bat en effet des records de n'importe quoi.
Christine, épouse et muse d'un peintre visionnaire obsédé par Van Gogh, le bien nommé Saint Simon, meurt d'une longue maladie. Désespéré, privé de sa muse, Saint Simon est
désormais incapable de peindre. Ne pouvant se résoudre à vivre sans elle, il finit par exhumer le corps quelques mois plus tard. Il installe le squelette habillé en robe virginale dans le salon mais ce tas d'os ridicule rongé par le temps ne l'aide pas à retrouver sa verve créative. Il doit absolument trouver une nouvelle muse. Lors d'une exposition il remarque Sybille, une jeune pianiste française, parfait sosie de Christine. Ebloui par la jeune femme qu'il pense être son épouse, Saint Simon l'invite dans son lugubre manoir où elle fait vite la connaissance de son inquiétant serviteur, Hermann. Sybille est alors témoin des abominations que commet le majordome. Violeur nécrophile, il tue les femmes qu'il invite
au château. Saint Simon se sert alors de leur sang pour peindre ses toiles, trouvant là une source d'inspiration formidable. Sybille est alors victime de la folie de Hermann qui tente de la tuer. Tombée dans un coma provoqué, elle va être à l'origine de ce que Saint Simon pense être l'oeuvre de sa vie, une ultime toile peinte avec le sang de cette femme qu'il chérit plus que tout. Fort heureusement, avant son agression, Sybille a pu prévenir son fiancé et impresario, Gérard Defraisse, qui va tenter de la retrouver. Après avoir pris l'identité d'un livreur, il s'introduit au château mais il est fait prisonnier par Hermann. Cet évènement inattendu suggère à l'artiste fou une nouvelle et brillante idée de tableau intitulé "Les mariés
sanglants". Par chance Gérard parvient à se libérer à temps. Il va faire tout son possible pour mettre un terme à la folie des deux hommes.
A la lecture du scénario il est évident que Bergonzelli a tenté une relecture du fameux Color me blood red de H. Gordon Lewis tout en s'inspirant du Rebecca de Hitchcock mais dés les premières secondes, malheureusement oui si vite, le cinéaste s'avère incapable de diriger son film qui en un temps record sombre définitivement dans les abysses du Z. Rarement titre n'aura été aussi bien trouvé. Delirio di sangue est un véritable délire au sens récréatif du terme, une sorte de farce indescriptible et hilarante à regarder entre amis un soir
de fête, une bière à la main, quelques cacahuètes dans l'autre et beaucoup de générosité pour pardonner à Bergonzelli une telle idiotie.
La scène d'ouverture donne le ton. Une célèbre pianiste uniquement vêtue d'un porte jarretelle attend son petit ami lorsqu'une voix qui se dit venue du futur (!) se met à lui parler au beau milieu du salon soudainement enfumé. Elle lui prédit un bien sombre destin. Surnommée le fantôme du futur par la pianiste, la voix se tait soudainement. Surgit alors son petit ami et impresario qui ni surpris ni apeuré ne pense qu'à faire du charme à la pianiste et lui demander de commencer les répétitions de son prochain concert. On nage en pleine bêtise. Le reste est à l'avenant. Il ne faut chercher aucune logique, aucune cohérence
scénaristique encore moins une once de sérieux de la part des comédiens qui semblent s'être mis à l'unisson pour remporter la palme du pire acteur de la décennie. En totale roue libre, ils semblent être livrés à eux mêmes, cabotinent, surjouent, donnent l'impression parfois d'improviser leurs scènes. On croirait assister à une pièce de fin d'année scolaire qui se voudrait trash à l'excès. Sur ce point Bergonzelli use et abuse de toutes les ficelles de l'exploitation d'antan et d'un certain cinéma d'épouvante gothique. Squelette exhumé du cimetière et exhibé dans le salon, tête rongée par les vers (on pense à Dans les replis de la chair), folie, majordome qui additionne toutes les déviances imaginables (nécrophile,
cannibalisme, psychopathe, maniaque sexuel...), voix étranges, visions terrifiantes sans oublier l'inévitable pléthore de scènes de nudité totalement gratuites même si, époque oblige, Bergonzelli reste désormais soft. Certes l'imagerie est plaisante mais noyée au beau milieu d'une telle cour de récréation, elle fait beaucoup rire d'autant plus que les effets spéciaux sont plutôt précaires et ramènent à des dizaines d'années en arrière. Voilà qui trahit un budget microscopique qui n'est cependant pas une excuse. On ne s'attardera pas sur les dialogues afin de ne pas faire honte à ceux qui les écrivirent mais point de doute qu'ils font partie des pires jamais imaginés, une véritable crise de rire assurée, à faire se
tordre le plus austère des ronds de cuir! Le final dantesque est là encore un grand moment de cinéma Bis puisqu'il faut voir nos deux héros en tenue d'Eve se sauver du château en flammes, monter dans l'hélicoptère que le fiancé avait soigneusement garé au bord de la route, comme une simple voiture, et s'envoler maladroitement mais hilares, nus, dans le ciel.
On ne trouvera guère de charme à la malingre Brigitte Christensen (Christine / Sybille), une étoile de David tatouée sur le biceps, mais on restera bouche-bée face à l'interprétation infantile et amateur de Marco Di Stefano, queue de cheval et mocassins de rigueur, dans la
peau du fiancé pataud. Mais la présence de Gordon Mitchell, incontournable gueule du Bis transalpin synonyme de Z assuré, et du pauvre John Philip Law valent à eux seuls la vision du film. Respectivement le majordome déviant qui se nomme lui même fils de Satan et le peintre fou réincarnation de Van Gogh, ils forment un duo inénarrable qui en font des tonnes, explosent tout azimut, s'en donnent à coeur joie à jouer l'absolu ridicule avec un sérieux qui défie les règles de l'art! John Philip Law affirmait quelques années avant sa mort avoir toujours voulu tout donner dans son jeu d'acteur et interpréter au mieux ses rôles, Blood delirium est à ce niveau effarant. S'il s'était déjà auparavant retrouvé à l'affiche de quelques Z, notamment Thunder 3, Striker de Castellari ou encore Space mutiny, était-il si
désespéré pour avoir accepté un tel film? Ses admirateurs verseront une larme amère en constatant combien bas l'ex-star américaine alors en plein déclin est tombée.
Agrémenté d'une abominable partition musicale très années 80, Blood delirium, resté inédit tant en Italie, en France qu'aux USA (mais est-ce si étonnant) est le film qui a du faire se retourner Van Gogh dans sa tombe (et non pour la présence de la hardeuse française Olinka) et lui faire se couper la deuxième oreille afin de ne plus subir cette blague pelliculaire niveau école élémentaire. Ultime tentative d'un cinéma d'exploitation moribond tout aussi rongé par les asticots que les têtes de Bergonzelli Blood delirium est un total échec qu'il faut voir comme une pure folie distractive à réserver uniquement pour une soirée fêtarde entre joyeux drilles alcoolisés ou... non.