Malizia 2000
Autres titres: Malicia 2000 / Malizia 2mila
Réal: Salvatore Samperi
Année: 1991
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 98mn
Acteurs: Laura Antonelli, Turi Ferro, Roberto Alpi, Luca Ceccarelli, Barbara Scoppa, Miko Magistro, Marcello Arnone, Josephine Scandi, Mico Cundari...
Résumé: Aujourd'hui sexagénaire Ignazio a finalement épousé sa séduisante bonne, Angela. Les années ont passé. Angela s'ennuie. leur union n'a rien apporté à sa vie. L'arrivée d'un architecte et de son fils de 15 ans va bouleverser cette routine. L'adolescent est de suite troublé par cette femme d'âge mûr sur laquelle il va faire une fixation. Il lui glisse des mots doux et une rose dans une poche mais Angela pense que leur auteur est en fait l'architecte. S'ensuit une série de quiproquos. L'adolescent est prêt à tout pour concrétiser l'mour qu'il ressent pour Angela...
Avant de parler du film lui même il faut le resituer pour mieux comprendre le désastre que ce fut tant à l'époque qu'aujourd'hui encore. Remarqué en 1968 par Grazie zia / Merci ma tante Salvatore Samperi va mettre en place avec ce film les thèmes qui définiront sa carrière, l'anticonformisme et la caricature anti-bourgeoise mis en scène à travers une série de drames à l'érotisme morbide. Il signe en 1973 ce qui sera son plus grand succès tant public que critique, Malizia, où les amours impossibles d'un adolescent et de son frère pour leur ravissante maitresse de maison, une femme terriblement séduisante mais plus âgée. Si les
codes étaient déjà connus Samperi signait une oeuvre bien différente de ce qui se faisait alors, un film à l'érotisme brulant, soigneusement photographié et mis en scène dans des décors luxueux, interprété par des acteurs de haut niveau dont une certaine Laura Antonelli. Jusqu'ici simple starlette à la foudroyante beauté Laura s'était illustrée dans une petite dizaine de films tous très sympathiques (La Vénus en fourrure, Ma femme est un violon, Sans mobile apparent, La révolution sexuelle...) mais aucun ne lui avait permis de réellement percer en Italie. Son nom devient plus bien familier en 1972 du moins sous nos cieux lorsque Jean-Paul Belmondo quitte Ursula Andress pour Laura, sa partenaire dans
Docteur Popaul, avec qui il vivra huit années de passion houleuse. L'année suivante Laura brille de mille feux dans Malizia qui lui ouvre les portes de la gloire. Elle devient une véritable star, adulée de tous, accède à la reconnaissance internationale. Les plus grands réalisateurs italiens s'arrachent sa beauté, de Scola à Comencini en passant par Risi et Bolognini. La fin des années 70 verront son succès s'étioler comme peau de chagrin. Laura a la quarantaine passée, elle n'est plus de toute fraicheur, les portes du cinéma se referment doucement sur elle comme c'était le cas très souvent à cette époque pour les actrices. Elle va dés lors se fourvoyer dans des productions érotiques de bas niveau où seule sa nudité
intéressent les metteurs en scène puis dans de vagues téléfilms. Sa rupture avec Belmondo et le retour des fantômes de son passé la plongent dans la détresse et l'instabilité. Elle fuit à travers la drogue, passe par la case prison. Lorsque Samperi dont la carrière est elle aussi au plus bas lui propose de reprendre le rôle qui fit d'elle une star elle accepte. Elle a 49 ans, elle n'est plus rien. Défraichie, sa beauté d'hier envolée, marquée par les affres de la douleur psychologique, Laura est contrainte d'accepter les exigences des producteurs du film: avoir recours à la chirurgie esthétique pour lisser les rides de son visage et redonner à son corps une seconde jeunesse. Les premiers tours de manivelle peuvent être donnés. Laura n'a plus
rien à perdre, Samperi non plus. L'entreprise tourne au cauchemar avant, pendant et après le tournage du film. Le corps de Laura ne supporte pas le traitement qu'on lui a fait subir. L'ex-star développe de graves allergies qui la laisseront défigurée à vie. Son visage boursouflée, monstrueux, son corps tout aussi massacré Laura perd le peu d'argent qui lui reste dans des procès qu'elle perdra. Ruinée, dépouillée de tous ses biens, elle finira les quinze dernières années de sa vie dans la misère la plus totale, vivant recluse dans son minuscule appartement, plongée dans une éternelle pénombre avec Dieu pour seul compagnon. La foi et la religion lui auront permis de tenir jusqu'à ce qu'elle rende son ultime souffle en 2015.
Quant à Samperi ce sera son dernier film. Il y aura laissé sa carrière. Il signera encore quelques séries et téléfilms avant de disparaitre en 2009. Quant au film ce sera un échec cuisant. Conspué par la critique, rejeté par le public qui avouait être écoeuré. La question est: Que vaut réellement Malizia 2000 et méritait il de tels sacrifices? La réponse est non tant il est mauvais et totalement inutile.
Le scénario ne fait que reprendre celui de Malizia en le modifiant légèrement pour l'adapter à son époque. Nous sommes en 1990 non plus en 1973. Il réutilise également une partie de la distribution dont Turi Ferro mais cette fois il n'y a plus aucune originalité. On frôle même
l'absurdité et absurdité pourrait par moment rimer ici avec nullité tant certains comédiens sont d'une sidérante médiocrité.
Ignazio désormais sexagénaire a fini par épouser sa bonne, la superbe Angela qui aujourd'hui s'ennuie ferme dans un mariage qui ne lui a rien apporté. Ils font chambre à part. Ignazio est très attiré par sa jolie secrétaire. Les choses vont changer lorsque Ignazio accueille l'architecte Lance Bruni et son fils de 15 ans, Jimmy. Les sous sols de sa splendide villa abriterait la fosse du premier comte de Sicile. L'architecte doit vérifier qu'il s'agit bien de celle ci. L'adolescent est de suite troublé par la beauté d'Angela. Il dépose une
rose puis un mot doux très explicite dans sa poche. Angela pense immédiatement que l'architecte en est l'auteur avant de réaliser qu'il s'agit de Jimmy. L'adolescent lui fait comprendre qu'il est capable de blesser voire de tuer Ignazio pour pouvoir vivre avec elle. Pendant ce temps les fouilles continuent à la villa. Les malentendus se succèdent également entre Angela, Jimmy et son père également amoureux de Angela. Une nuit après avoir envoyé Ignazio dans les combes Jimmy les fait exploser. Le vieil homme se retrouve coincé. Pris de remord Jimmy l'aide à en sortir. L'arrivée des invités conviés à la découverte de la fosse, tous les évènements qui se sont enchainés et l'explosion auront finalement
rapproché Angela et Ignazio. Leur couple fonctionne de nouveau. Jimmy et son père quittent la villa.
Dés les premières images le ton est donné. Cette séquelle ressemble plus à un téléfilm qu'à un film tant la réalisation fait penser à celle d'un quelconque épisode d'un tout aussi quelconque soap opera. Si on pouvait excuser la banalité d'une intrigue vue et revue difficile de ne pas être consterné par une mise en scène d'une étonnante lenteur doublée d'une déconcertante fadeur qui très vite génère ennui puis agacement. Dire qu'il ne se passe pas grand chose est un doux euphémisme et lorsque enfin surgit un semblant d'action, un
quelconque petit rebondissement susceptible de faire surgir le spectateur de sa torpeur tout cela est si mal amené qu'on en sourirait presque. C'est bien entendu notre petit diable en plein éveil sexuel qui est à l'origine des quelques sursauts de l'intrigue puisque par sa faute et son pseudo machiavélisme son père va par sa faute perdre un doigt, un morceau de lobe d'oreille, Ignazio est pris au piège dans une explosion mais personne ne semble y faire attention. Aberrant oui. Hilarant également puisque Samperi ne semble guère s'être foulé pour que l'histoire soit un tant soit peu crédible. Entre comédie ratée (les frasques de Ignazio, ses répliques guignolesques), soap et érotisme au rabais le film ne trouve jamais vraiment
sa voie. Et ce ne sont ni la photographie (tristounette), ni les décors (peu mis en valeur), (où est le faste de Malicia?), encore moins l'érotisme qui relèveront l'ensemble. Et c'est bel et bien sur l'érotisme qu'on comptait ici. Malheureusement il brille par son absence, réduit à son plus strict minimum. Pas l'ombre d'un sein si ce n'est une fugace vision d'un téton à l'air, pas une seule scène de sexe ni même d'une séquence érotique aussi soft soit-elle. On se contentera de quelques pans de lingerie faciles. Un comble pour un film qui se voulait la suite d'une des bandes qui par son érotisme brulant, luxueux, enflamma jadis les écrans.
Quant à l'interprétation elle frise la médiocrité. Turi Ferro fait ce qu'il a à faire de manière professionnelle sans rien apporter au film. Venu de la télévision Roberto Alpi (l'architecte) est un piètre acteur. Quant à l'insupportable Luca Ceccarelli (son fils) son jeu avoisine le degré zéro. Point surprenant qu'il n'ait à son actif que ce film, l'adolescent ayant préféré par la suite s'adonner à la production. Et Laura Antonelli me direz-vous? Le visage blême, fatiguée, cernée elle n'est plus que l'ombre d'elle même. Marquée par la douleur d'une vie qui lui échappait elle fait d'autant plus peine à voir qu'elle ne semble pas jouer un rôle mais tout simplement jouer sa propre vie. Malizia 2000 n'en devient que plus gênant.
En fait le seul et unique intérêt du film est le coté malsain que lui trouveront ceux qui aiment se vautrer dans le voyeurisme et le misérabilisme, ces plaisirs morbides qui consistent à se repaitre de la chute d'une star en pleine déchéance, dans le cas de Laura celle d'une étoile qui une fois le clap de fin donné ne sera plus qu'une créature monstrueuse condamnée à une vie monastérique. Clap de fin pour un film franchement inutile. Clap de fin pour une vie dans laquelle l'intéressée avouait quelques mois avant sa mort n'avoir jamais été une seule fois heureuse.