Maniaco Deprebis

Après le cuisant échec que fut l'étrange Macro: Giuda uccide il venerdi, son tout premier film réalisé en 1973, Stelvio Massi fortement échaudé par ce désaveu du public et de la critique se tourna par la suite définitivement vers le polar. Bien lui en fit puisqu'il fut un des piliers du genre jusqu'au milieu des années 80. C'est une petite vingtaine de polizeschi qu'il signa en l'espace d'une dizaine d'années. Squadra volante / Brigade volante est le premier de cette longue liste.
Un dangereux malfrat surnommé Le Marseillais et trois de ses hommes commettent unhold-up sanglant en pleine rue. Un policier est tué. Ils parviennent avec s'enfuir avec le butin, quelques deux cent douze millions de lires qu'ils se partageront. Un agent d'Interpol, le commissaire Ravelli dont la femme a été tuée cinq ans auparavant par le Marseillais demande à s'occuper de l'affaire. Ivre de vengeance il compte bien retrouver les coupables et faire enfin payer au Marseillais son crime. Il est secondé par l'inspecteur Lavagni proche de la retraite. Le Marseillais et ses hommes se sont réfugiés dans une ferme quelque part à la campagne où les attendait Marta la fiancée du Marseillais. Très vite la tension monte entre les voyous. L'un d'eux, Micheli, meurt accidentellement alors qu'il annonçait son retrait de la bande. Ils doivent fuir déguisés en prêtres. Pris en chasse ils parviennent une fois de plus à s'échapper même si l'un d'entre eux est tout de même abattu. Ils prennent alors en otages une famille qu'ils retiennent prisonnière. Le Marseillais a pour plan de s'enfuir avec l'argent et retrouver Marta. Découvert il abat froidement ses deux derniers complices et part rejoindre sa fiancée sur le bateau où elle l'attend. Ayant retrouvé sa piste Ravelli l'y attend de pied ferme. Il jette son insigne de policier. C'est désormais une affaire entre lui et le Marseillais.
Pour son premier polar Stelvio Massi choisit un des thèmes récurrents au genre, l'auto-justice ou la vengeance d'un flic taciturne aux manières peu orthodoxes bien décidé à vengerla mort de sa femme quitte à devenir hors la loi. Franco Nero, Maurizio Merli, Luc Merenda incarnèrent régulièrement ce type de flic borderline. C'est ici Tomas Milian qui s'y colle. C'est aussi le premier véritable polizesco que le fameux acteur cubain interpréta après un passage l'année précédente chez Alberto Di Martino pour Il consigliatore / Le conseiller. Pour ce premier essai dans l'univers du polar il faut reconnaitre que Massi s'en sort plutôt bien. Sur un scénario très classique, prévisible, qui n'apporte aucune véritable surprise il signe une pellicule efficace, sans temps mort, réalisée avec un certain professionnalisme. Plus qu'un polar, un film de gangsters serait plus juste Squadra volante est avant tout un

film qui fait la part belle à l'action. Le metteur en scène enchaine avec enthousiasme courses-poursuites, tueries, règlements de compte et fusillades sur fond de mélodrame, celui d'un flic prêt à tout pour abattre celui qui a tué sa femme. L'ensemble n'est pas dénué d'humour via le personnage qu'incarne avec douceur Mario Carotenuto (un commissaire proche de la retraite à la fois drôle et sensible aux répliques souvent comiques mais jamais idiotes). De quoi désamorcer la violence du récit et de son caïd sans foi ni loi. Contrairement à d'autres polizeschi du même type il ne faut pas chercher ici une certaine morale ou tout autre analyse.

Massi est là pour distraire, tenir son spectateur en haleine en faisant passer l'action avant toute chose. Pari réussi. Squadra volante remplit toutes les cases et nous offre même en prime quelques effets sanglants.
La distribution n'est pas étrangère à la réussite du film avec en tête Tomas Milian plus sombre que jamais, moustache, béret basque vissé sur la tête, blouson de cuir noir, demi cigare entre les dents (et slip rouge!). S'il n'est pas le plus présent à l'écran ses apparitions font cependant toutes mouche. Incapable de décrocher un sourire, impassible, vindicatif son interprétation du commissaire Ravelli reste une de ses belles compositions policières. Anoter que Tomas n'a pas été doublé par Ferruccio Amendola comme d'accoutumée, il parle pour la première fois (et une des dernières) avec sa propre voix d'où ce petit accent exotique. A ses cotés brille Gaston Moschin qu'on avait déjà vu en parfait salop chez Fernando Di Leo (Milan calibre 9). Moschin interprète à la perfection ce nouveau méchant qu'est Le Marseillais. Il est joliment entouré de véritables gueules du cinéma Bis d'alors: Guido Leontini, Marcello Venditti (l'acteur fétiche de Massi) et Ray Lovelock (qui la même année retrouvera Tomas Milian dans La rançon de la peur). La touche féminine est apportée par Stefania Casini, un peu lassante au bout d'un moment en poupée idiote, qui pour l'occasion
se transforme en Marylin Monroe. Ceux qui ont l'oeil reconnaitront la présence furtive et non créditée de Ilona Staler (une des junkies).Amené par une solide partition musicale signée Stelvio Cipriani Squadra volante fait certainement partie des meilleurs polars de son auteur. Sans être devenu une oeuvre culte le film s'est aujourd'hui hissé parmi les classiques du genre. Pour son premier polar Stelvio Massi a mis en boite un film d'action pure, précis, concis, qui va droit au but. On n'en demande pas plus!