Frühreifen-report: 14 and under
Autres titres: 14 and under / Early awakening report / Rapporti varhais-kypsistä titöstä
Real: Ernst Hofbauer
Année: 1973
Origine: Allemagne
Genre: Erotique
Durée: 83mn
Acteurs: Harald Baerrow, Hans Billian, Ulricke Butz, Elke Deringer, Sonja Jeanine, Marisa Feldy, Judith Fritsch, Enzi Fuchs, Heinz Kopitz, Ralph Martens, Rosl Mayr, Rinaldo Taramonti, Felix Rakosi, Nico Wolferstetter, Marlene Rahn, Elisabeth Welz, Manfred Spies, Christne Von Stratowa...
Résumé: A travers dix courtes histoires le réalisateur tente de mettre en lumière les problèmes liés à la sexualité adolescente et pré-adolescente ainsi que du problème de la pédophilie dans l'Allemagne très libre de ce début d'années 70...
Si la sexualité adolescente fut dans les années 70 un des thèmes privilégiés du cinéma d'exploitation italien qui pour l'occasion fit voler en éclats certaines limites morales, chez nos amis germaniques dés le début des années 70 vit le jour tout un filon de films érotiques pseudo documentaires sur la sexualité de nos chers enfants. C'était une sorte de réponse au sexy mondo transalpins et américains alors très en vogue. A une différence près: l'Allemagne déjà à l'origine d'un filon cinématographique dit "gynécologue" allait se montrer plus directe, plus permissive que ses confrères italiens. Naquirent ainsi plusieurs séries
dont les plus connues sont Schulmädchen-report de Walter Boos et Ernst Frauer qui se déclinèrent en pas moins de quatorze films, les Hausfrauen-report, les Lhermädchen-report, les Kankrenschwestern-report et autre Fruhreifen-report, Schlüsseloch-report, Sex-traüme-report... . Si ces films à succès se plaisent à visiter la sexualité des jeunes dans tous les milieux sociaux, avocat, médecin, ouvrier, enseignant... certains s'orientent vers des thèmes plus précis qui parfois frisent le scabreux. C'est le cas de Frühreifen-report également intitulé 14 and under du spécialiste Ernst Hofbauer (le futur réalisateur du fameux Les orgies de Raspoutine), un titre plus qu'explicite puisqu'il traite de sexualité adolescente
et pré-adolescente et de pédophilie en tant que déviance sexuelle dans le contexte très libre des moeurs des années 70.
Comme tous les films de ces séries polissonnes 14 and under se présente sous forme de segments plus ou moins longs, ici dix, commentés par un pseudo spécialiste, un docteur qui prodigue au spectateur ses bons conseils sur le problème traité sans oublier d'en donner une morale aussi drôle que bête. C'est bien entendu sur la difficulté d'être parents et la façon d'aborder la sexualité de sa progéniture qu'il va cette fois déblatérer.
Le premier sketch donne le ton. L'ami des parents d'une adolescente arrive chez elle alors
qu'elle est sur le point de prendre son bain. Ses parents étant absents il en profite pour l'aider à se laver puis se fait plus entreprenant afin d'éduquer la péronnelle. La jeune fille se laisse faire, heureuse. Quand la mère arrive à l'improviste et les découvre elle est certes troublée mais ne dit rien.
Le second segment s'intéresse à un adolescent de 14 ans dont la mère, toute pimpante, s'apprête à recevoir son jeune et bel amant, Kruger. Son fils l'observe d'abord sous la douche par le trou de la serrure puis lui demande de l'argent et la permission de sortir jouer mais il a bien l'intention de revenir par surprise interrompre leurs ébats. Ce qu'il fait plusieurs fois de
suite sous de fallacieux prétextes avant de finalement faire tomber la chaise qui bloquait la porte de la chambre et les admirer en pleine action.
La troisième histoire est celle de Klaus, un lycéen dont le carnet de notes est désastreux surtout en mathématiques. Inacceptable pour son père qui le gifle d'autant plus qu'il est insolent. Il l'envoie dans sa chambre mais au lieu de réviser Klaus préfère se masturber devant les photos d'un magazine pour adultes. Quelques temps plus tard il est surpris entrain de voler dans un magasin. Au lieu d'appeler la police la gérante, très chaude, lui propose de faire son éducation sexuelle. Klaus devient son jeune amant, un amant fougueux
qu'elle voit régulièrement. Un jour son époux rentre plus tôt que prévu. Klaus se cache sur le toit mais le mari le surprend. Sa femme lui sauve la mise mais c'est l'homme qui reconduira l'adolescent chez ses parents. Une gifle, une fessée, Klaus, honteux, n'a plus que ses yeux pour pleurer.
La quatrième, la plus courte, raconte les déboires d'un père et d'un mère qui tentent grâce à un spécialiste de résoudre le problème de leurs deux jeunes enfants d'une dizaine d'années tout juste. Ils sont particulièrement grossiers et ne parlent que de sexe. Ils ignorent en fait que les deux gosses les observent chaque fois qu'ils font l'amour et ne comprennent rien à
cette pornographie qui défile sous leurs yeux. Une gifle chacun et leur père les envoie dans leur chambre. Pour lui le problème se règle ainsi. Dialoguer pour mieux cerner le souci est indispensable dans une famille leur conseillera le spécialiste.
Le cinquième sketch tourne autour d'un jeune macho italien qui désire ardemment faire l'amour à une de ses jolies collègues de travail dans la réserve. Ils sont surpris par la vieille directrice qui pour punir le freluquet de son manque d'éducation va avec la jeune fille mettre au point un plan machiavélique. Le jour du rendez-vous la directrice prend la place de la jeune femme. Horrifié le garçon tente de fuir mais sa collègue lui a volé tous ses vêtements
et déclenché l'alarme incendie avant d'appeler les pompiers. C'est nu comme un ver que le garçon se retrouve face aux hommes du feu qui avec leur lance-incendie vont refroidir ses ardeurs.
La sixième saynète est très certainement la plus audacieuse, la plus osée et la plus dérangeante du moins aux yeux de ceux qui ont la morale facile et sont facilement choqués. Âmes prudes s'abstenir. Birgit est une adolescente d'environ 14 ans en plein éveil sexuel. Elle observe sa mère, une mégère aux moeurs légères, et son amant entrain de faire l'amour. Une fois seule dans son lit l'adolescente se masturbe, son nounours contre elle. Sa
mère la surprend. Scandalisée elle s'apprête à lui donner une fessée cul nu mais c'est finalement son amant qui va la corriger. Voir sa fille se faire fesser par son amant éveille chez elle mais également chez l'homme une forme d'excitation inattendue. Le couple qui traversait une grosse crise sexuelle a ainsi trouvé le moyen de réveiller sa libido. Désormais Birgit sera régulièrement fessée et ceinturée. Au bout d'un moment la gamine n'est plus contre l'idée des punitions corporelles puisqu'elle commence aussi à y prendre gout jusqu'au jour où la mère réalise que son amant est sexuellement attirée par Birgit. Elle le surprend sur le point de lui faire l'amour. Elle lui pose alors un ultimatum: soit il l'épouse soit elle le dénonce
à la police. L'amant accepte d'épouser la mère. Tout rentre ainsi dans l'ordre ou un parfait ménage à trois: la mère, le beau père et l'enfant.
Les deux segments suivants sont parmi les plus courts et les plus inoffensifs. Un couple de lesbiennes épient deux jeunes puceaux se préparer à faire l'amour au milieu d'un bois. Le garçon est timide et maladroit, la fille est plus entreprenante. Ils se mettent nus et commencent à faire l'amour lorsqu'ils s'aperçoivent qu'ils sont allongés sur une fourmilière. Couverts de fourmis ils se sauvent nus à travers bois.
Carlo a 16 ans et n'a qu'une envie: faire l'amour à Erna, la pulpeuse domestique. Elle ne se
doute de rien. Un soir il tente d'abuser d'elle. Elle se défend mais finalement se laisse faire. Dés lors ils font régulièrement l'amour comme des fous et chacun est heureux.
La dernière histoire, la plus longue, met en scène une jeune et affriolante fermière qui aimerait faire autre chose que traire des vaches. Elle commence par faire l'amour dans l'étable au rustre Kalli, un tyrolien. Puis elle va s'acheter une jolie robe chez le tailleur qu'elle essaie de dévergonder. Toute pimpante elle décide de se prostituer. Elle finit dans un lupanar de luxe dans une villa bourgeoise entre les mains expertes de vieux vicieux masqués. Alertée par Kalli, la police débarque. Tout le monde réussit à fuir sauf notre pauvre jeune fille qui se fait embarquer.
Frühreifen-report se conclut avec la suite de la première histoire. La mère de la jeune fille avertit son père de ce qu'elle a vu dans la salle de bain. Ils en parlent ensemble et s'aperçoivent que leur enfant n'est plus une petite fille mais qu'elle devient une femme. Sa mère l'a même surprise entrain de se masturber sur son lit. Il suffit de dialoguer et d'oser parler sexualité pour que tout se passe bien au sein d'une famille. Il n'y a rien de honteux ni de tabou. Tous trois partent ensemble se promener dans un joli parc main dans la main après avoir mangé une glace. C'est sur cette belle morale et cette image d'Epinal que se clôt 14 and under.
Cette merveilleuse morale comme pour tous les films de ce très prolifique filon cache en fait une hypocrisie phénoménale puisque Frühreifen-report n'est jamais qu'un softcore prétexte à enchainer les plans de nu les plus gratuits et les scènes de sexe qui par instant frisent la pornographie douce, un bon moyen ainsi de satisfaire d'une part l'amateur de X, d'autre part les inconditionnels de sexploitation qui trouvent là de quoi grandement nourrir leurs désirs de voyeurisme et apaiser leur soif de perversions en tout genre. Bien entendu ces films ne sont jamais que des comédies érotiques plus ou moins hard. On rit beaucoup, les situations sont exagérées, versent dans le comique et l'humour parfois noir, graveleux. Comme pour la
plupart des mondo l'aspect documentaire fait passer la pilule et fait oublier qu'on est devant un softcore. Les commentaires des pseudo spécialistes sont d'une bêtise faramineuse. Cette psychologie de troquet est à mourir de rire mais finalement qui s'en soucie? Le spectateur est là pour se rincer l'oeil, exciter sa libido et avoir sa ration de scènes "trashouille". Et lorsqu'on touche aux bonnes moeurs, à la sexualité adolescente et pré-adolescente on tombe vite dans l'immoralité. Et quoi de plus bon que de jouer avec et d'être immoral!
Bien entendu nos adolescent(e)s sont (la plupart du temps du moins) tous majeurs mais 14 and under déroge cependant à la règle lors de trois segments, honorant ainsi son titre: le second avec un jeune acteur non crédité ne dépassant guère les 15 ans, le quatrième avec ses deux enfants d'une dizaine d'années positionnés comme voyeurs et surtout le sixième plutôt subversif et si osé qui risque réellement de surprendre, la jeune actrice interprétant Birgit, elle aussi non créditée, ayant visiblement l'âge de son personnage. Entre fessées déculottées, attirance sexuelle quasi incestueuse et consentement tant des parents que de la gamine cette liberté de ton certes incroyable, dérangeant pour certains, témoigne avant tout de la permissivité du cinéma d'alors, reflet même de la révolution des moeurs et de la
liberté sexuelle qui sévissaient en ce début d'années 70. Un tel film, du moins traité de manière aussi explicite, serait aujourd'hui impensable ce qui le rend aussi précieux. Si l'Italie eut en son temps le sublimissime et inégalé La maladolescenza, La gamine et autres L'immoralità l'Allemagne, connue pour ses moeurs légères, ne fut pas en reste, loin de là. Mais Frühreifen-report est néanmoins loin des excès des films cités puisqu'il s'agit avant tout d'une comédie érotique certes poussée mais cela reste drôle et ne se veut pas forcément sérieux malgré son coté faussement didactique.
Outre le plaisir ressenti devant tant de nudité et d'audace sur fond de jerk et de musique rock
toujours très agréable il y aussi celui pris face à une belle brochette d'acteurs juvéniles à la beauté typiquement années 70, un véritable régal pour les amoureux de cheveux longs, rouflaquettes, jeans moule-poutre, petits blousons de cuir, cols pelle à tarte et slips blancs pour les garçons, mini-jupes et petites culottes coton pour les filles. Au générique quelques noms connus du cinéma teuton prêtent leur visage et leur corps aux parents de nos galopins et aux divers protagonistes adultes (Harald Baerow, Hans Bilian, Marlene Rahn et l'incroyable et pétillante Rosl Mayr) et toute une ribambelle de jeunes comédiens dont une partie non créditée malheureusement. On citera notamment Nico Wolfersetter (un habitué de ce type
de production qui nous offre le coté pile et le coté face de son anatomie) dans le petit slip jaune du beau Kruger et l'italien Rinaldo Talamonti (le petit macho rital), un autre habitué de ces films, qui fit sa carrière essentiellement en Allemagne. Au milieu de tout ça une myriade d'actrices érotiques germaniques récurrentes de ces bobines friponnes dont Ulrike Butz, Marina Feldy, Heinz Kopitz ou encore Judith Fritsch sans oublier Sonja Jeanine bien connue des fans d'exploitation transalpine (La verginella, Mannaja, Le corsaire noir).
Particulièrement représentatif de cet interminable filon coquin qui s'étendit jusqu'à la fin de la décennie 14 and under est un petit régal d'érotisme "trashouillet", une gentille pellicule au goût de soufre qui ravira l'amateur propulsé au coeur de l'univers adolescent en plein éveil sexuel et de ses abus ou un certain cinéma érotique tel qu'on l'adore.
Les lolita et lolito avaient encore de beaux jours devant eux. Vive les années 70! Vive la liberté sexuelle! Vive les cheveux longs! Vive l'époque où la fessée déculottée était encore d'actualité, mère de toute bonne discipline.