Maniaco Deprebis

C'est d'Allemagne que nous viennent ces Orgies, revisitation du mythe du célèbre moine Raspoutine qui en amusera cette fois plus d'un. Cet étonnant produit bâtard réalisé en 1984 par Ernst Haufbauer, fameux pour avoir été un des réalisateurs de la série des Schulmadchen Report, le 11 très exactement, dans les années 70, nous invite à suivre les exploits de Raspoutine qui ayant acquis toute la confiance des hauts dignitaires russes peut donc entre deux guérisons divines laisser libre cours à ses instincts sexuels sauvages et bestiaux.
Lorgnant plus vers le cinéma d'exploitation que vers le véritable X, Les orgies de Raspoutine oscille sans cesse entre un humour de boulevard plutôt franchouillard et l'exploitation pure avec notamment ces séquences de torture et autres petits massacres raffinés. On est ici face à un film hybride qui étonnera, séduira et apitoiera selon l'instant. Les scènes de tortures et de massacre égalent un certain cinéma de genre transalpin. Elles sont surtout les plus abouties et les plus intéressantes. On retiendra entre autres le massacre de paysans dans les campagnes russes et le raffinement des tortures comme l'acide versée sur des plaies béantes ou la froide exécution d'une balle dans la tête d'un officier.
Malheureusement, les séquences de sexe viennent gâcher le plaisir pris devant ce film. Tournées sans imagination et plutôt vulgaires, elle transforment ces Orgies en une sorte de chevauchée charnelle digne d'une quelconque polissonnerie signée Pallardy. Les inserts curieusement placés- les fellations et éjaculations faciales sont tournées par les comédiens alors que les pénétrations semblent toutes être des inserts- renforcent ce sentiment de gâchis. On relèvera l'aspect franchement misogyne de Raspoutine particulièrement méprisant envers la gente féminine qu'il passe son temps à gifler, battre, insulter et traiter comme du simple bétail ou objet sexuel destiné à satisfaire ses instincts bestiaux. Cette brutalité ne semble pourtant pas déplaire aux coquines qui y trouvent apparemment leur bonheur.
La version française franchement hilarante se compose essentiellement d'une série d'insultes et de joyeusetés paillardes à laquelle donc on préférera la version originale beaucoup plus agréable.
Pour le reste, Les orgies de Raspoutine se partage entre un certain sérieux et une symphonie de gags éculés, une galerie de personnages ridicules tout droit sortis d'une série Z dont l'inévitable folle de service qui évoluent sous la partition musicale de La folie des grandeurs allégrement pillée.
Sorti sous deux versions différentes, une soft et une hard, Les orgies de Raspoutine distraira certes l'amateur de cinéma polisson mais il est regrettable qu'au vu de la qualité de certaines séquences et un certain soin apporté tant aux décors qu'à la photographie, ce sérieux n'ait pas été gardé tout au long du film. Il en aurait gagné en teneur et en intérêt.