Colpo doppio del camaleonte d'oro
Autres titres: Le gros coup du Caméléon / Hold-up story / Golden Chameleon
Real: Giorgio Stegani
Année: 1967
Origine: Italie
Genre: Euro spy
Durée: 99mn
Acteurs: Mark Damon, Luisa Baratto, Magda Konopka, Luciano Pigozzi, Daniele Vargas, Poldo Bendandi, Umberto D'Orsi, Ugo Fangareggi, Giampiero Littera, Mino Doro, Giovanni Cianfriglia, Giulio Farnese, Stefano Ceccarelli, Stefano Pescarelli, Giulio Battiferri...
Résumé: Vittorio, un garçon tout ordinaire, est témoin d'un accident de la route. Le conducteur n'est autre que le fameux bandit surnommé le Caméléon. Avant de mourir il fait promettre à Vittorio d'emporter avec lui sa mallette et d'en lire son contenu. Elle contient les plans détaillés de l'attaque d'une grosse banque et tous les secrets du bandit. Vittorio va usurper son identité, suivre à la lettre les plans et organiser le braquage...
Essentiellement connu pour ses quelques westerns le solide Giorgio Stegani fut également l'auteur d'une série d'euro spy fort sympathiques, un genre né du succès des James Bond que l'Italie reprit à sa sauce. C'est ainsi que tout un tas d'agents secrets plus ou moins spéciaux firent les beaux jours des salles noires dés le milieu des années 60. Parmi eux le Caméléon d'or que personnifia Mark Damon le temps d'un seul et unique film. Et quel film!
Vittorio, un élégant jeune homme simple petit employé d'une agence d'assurances, habite toujours chez sa mère. Il est fiancé à la brune Micaela, la fille d'un riche banquier que sa
mère aimerait le voir épouser. Vittorio est un jour témoin d'un accident de la route. Il vient en aide au conducteur agonisant qui n'est autre que le Caméléon d'or, un célèbre bandit aux mille visages. Ce dernier supplie Vittorio de prendre sa petite valise noire qui selon lui contient de précieux documents qu'il devra garder et surtout honorer. Vittorio accepte et découvre que la mallette contient les plans détaillés pour pouvoir attaquer et piller certaines grandes banques. Vittorio a bien l'intention d'honorer sa parole et de poursuivre le travail du Caméléon. Il se rend chez le fameux bandit, prend son identité et apprend le secret de ses déguisements. Caché sous différents visages, il entreprend de dévaliser la grande Banque
internationale. Il doit simplement ne pas éveiller les soupçons de Micaela, jalouse et suspicieuse qui a sans cesse des doutes sur sa fidélité. Les absences de Vittorio lui font penser qu'il pourrait la tromper avec une blonde. Elle tente donc d'en savoir plus. De son coté Vittorio par l'intermédiaire d'un homme surnommé Guglielmo le suisse recrute chez le Chinois cinq spécialistes du braquage. Accompagnés de la jolie nièce de Guglielmo ils commencent par repérer les lieux, mettent au point le braquage puis exécutent le plan. Mais le Caméléon avait tout prévu et avait bien l'intention de garder le butin pour lui. Vittorio n'a plus qu'à suivre à la lettre les plans de son digne héritier mais l'arrivée de Micaela les bouleverse.
Vittorio se fait voler le fourgon où l'argent était caché. Il part à sa poursuite avec sa fiancée qui lui annonce qu'elle savait ce qu'il manigançait. Ils sont poursuivis par les cinq hommes de main du Caméléon eux mêmes poursuivis par les hommes de Guglielmo, tous voulant récupérer le butin. Ils ignorent que le bandit avait imprégné les billets d'une substance gazeuse soporifique. Tous autant qu'ils sont s'endorment en s'emparant de l'argent. Un ultime rebondissement attend Vittorio redevenu lui même.
Quelle bonne surprise nous réserve là Giorgio Stegani au sommet de son art. Plus une comédie teintée de film noir qu'un véritable euro spy Le gros coup du Caméléon nous
dispense de toute invention et gadget étonnant, d'espion au double jeu se livrant bataille entre eux pour le compte d'un vilain qui très souvent souhaite posséder le monde. Aucune scène d'action pure non plus pour ceux qui pensaient que notre Caméléon allait jouer du poing ou avoir la pédale facile lors de courses-poursuites faramineuses. Stegani joue la carte dés les premières minutes de la comédie et abat son jeu. Le vrai bandit meurt au bout de deux minutes et laisse la place à son digne héritier, l'improbable Vittorio, un blondinet aux énormes lunettes, un peu niais, simple employé, mais qui va s'avérer un redoutable et très convaincant nouveau Caméléon lorsqu'il découvre les plans et les secrets que lui a légué
bien involontairement le bandit. Stegani peut ainsi préparer son héros au braquage du siècle, une préparation qui prend une bonne partie du film suivie du vol lui même puis de l'entourloupe du Caméléon qui va entrainer une série de rebondissements inattendus, un peu farfelus mais tellement drôles qu'ils en deviennent presque jouissifs.
C'est bien là toute la maestria de Stegani, faire un film somme toute très simple, sans effets spéciaux, sans réelle action, mais terriblement amusant, si amusant qu'il en devient prenant. Le gros coup du Caméléon est un jeu qui se veut parodique, baigné d'humour et de clins d'oeil parfaitement mené par Mark Damon, qu'il soit blond un peu niais ou brun très élégant,
maitre de cette cérémonie filmée avec rigueur par son auteur. Pour parfaire l'ensemble un soin tout particulier a été apporté aux décors, splendides, aux couleurs chaudes très belles et à la photographie vraiment magnifique. Quant à l'interprétation elle est tout bonnement excellente et contribue à la réussite du film. Luciano Pigozzi et sa main de fer façon Capitaine crochet, le visage vérolé de Poldo Bendandi, Umberto D'Orsi, le visage en galoche de Ugo Fangareggi, Giampero Littera forment une solide équipe de truands à laquelle s'ajoutent notamment le générique Giovanni Cianfriglia, Stefano Ceccarelli et Daniele Vargas en directeur de banque. L'atout charme est cette fois Magda Konopka, splendide et
enjouée secondée par la brune Luisa Baratto, figure récurrente du western 60's découverte dans Le bourreau écarlate, en fiancée jalouse semeuse de trouble.
Et même si le final devient délirant enchainant rebondissement sur rebondissement plus foufous les uns que les autres on prend un vrai plaisir à suivre cette aventure menée sans temps mort et dirigée avec professionnalisme jusqu'à l'ultime retournement de situation, inattendu, surprenant car rien n'aurait pu y faire penser bouclant ainsi la boucle de manière originale. On appréciera ou non cette fin "rêvée" mais elle est finalement dans le même ton que le film lui même: .
Discrètement sorti en 1970 sur les écrans français Le gros coup du Caméléon, accompagné d'une partition musicale enthousiaste, est un vrai petit plaisir estampillé années 60, un très agréable euro spy au ton allègre, une réussite ludique qui devrait ravir les amateurs du genre et les autres.
Et surtout on gardera en tête cette remarque fort pertinente de Micaela: lorsqu'un homme cache quelque chose à sa fiancée brune c'est toujours une... blonde! Méditez messieurs!